Retraites en France : pour récuser les fourches caudines néo-libérales ou capitalistes sur les conditions d’accès, le financement et le montant des pensions, il faut répondre par un paradigme novateur

En France, le sujet des conditions d’accès à la retraite, au financement et au montant des pensions, est récurrent depuis plusieurs années. La droite (y compris avec le PS) en a fait un sujet obsessionnel, et elle a déjà mené plusieurs « réformes », de régression. En raison des règles actuelles, clairement au désavantage des plus pauvres, des retraités perçoivent des pensions mensuelles minuscules, et sont contraints de survivre, soit par un retour à une activité, soit grâce à des dons, soit par une mendicité, complémentaire. Avant l’apparition de la crise Covid, la majorité LREM a décidé d’engager une nouvelle « réforme », sur des principes clairs et flous à la fois, et ce par la référence à des systèmes étrangers (la retraite à point). En 2016, l’ancien premier ministre, et ex ministre (de l’Education), François Fillon, vantait ce système, en éventant son intérêt principal pour l’Etat : la diminution sur une année de la valeur du point.

Autrement dit : une « réforme », présentée comme étant « de progrès », garantirait aux gestionnaires publics et privés, de pouvoir faire diminuer le montant des pensions payées, même si le nombre de bénéficiaires devait augmenter. Dans ce capitalisme-là, il y a bien des problèmes, mais il y a toujours des solutions pour arnaquer les citoyens. Des personnes, des organisations, ont, depuis plusieurs années, répondu à de telles intentions, y compris aux analyses « scientifiques » établies par des organismes non indépendants des Etats et des puissances financières, en déconstruisant leur pseudo rationalité/nécessité. Mais le problème de tels projets ne réside pas dans leur caractère pseudo « rationnel ». Il s’agit avant tout de s’attaquer aux droits et aux revenus du plus grand nombre, au profit du même petit nombre qui cumule les conditions d’existence sécurisées au maximum, avec des revenus annuels compris entre des millions et des milliards d’euros. Il faut donc répondre par un projet favorable à la majorité. Actuellement, la NUPES défend un droit au départ à la retraite à partir de 60 ans (à partir de, et donc pas nécessairement, pour faire partir à), avec 40 annuités de cotisation. De telles conditions sont plus favorables que celles préconisées par la droite économique, mais elles ne sont pas extraordinairement audacieuses – bien que, pour cette droite, le fait qu’elles divergent avec ses propres critères est intolérable. Il faut prendre en compte les faits économiques dans leur ensemble pour penser un nouveau paradigme.

Devoir travailler au moins 4 décennies pour obtenir une retraite n’a rien de naturel. Contrairement au discours omniprésent, il s’agit d’une durée exceptionnellement longue. Dans un pays comme la France, l’espérance de vie a, au 20ème siècle, augmenté, mais l’espérance de vie en bonne santé est bien plus réduite. Or si des retraités ne sont pas, ne sont plus, en « bonne santé », tout ou partie des activités réalisées pendant les années de travail est principalement en cause. Il n’est donc pas possible de généraliser sur les personnes susceptibles de partir à la retraite, puisque la vie professionnelle d’un ouvrier, en comparaison de celle d’un cadre, aura été spécifique – le premier étant plus fatigué physiquement que le second, et le second pouvant être, lui, plus fatigué nerveusement, en raison des exigences de durée et d’intensité du travail. De 20 à 60 ans, les individus concernés ne sont plus les mêmes. A 60 ans, les capacités physiques ont déjà diminué ou commencent à diminuer. Si les concernés n’ont pas un mauvais état de santé, ils et elles peuvent espérer avoir quelques « belles années » pour en profiter, mais, en général, ils n’ont pas 20 ou 30 ans devant eux. En outre, le calcul pour l’établissement d’une pension se fait à partir des revenus perçus, des cotisations payées. Or les travailleurs pauvres subissent une double peine : des salaires bas pendant leur vie active, et une retraite encore plus inférieure, puisque le fameux critère de « la retraite à taux plein », est une expression mensongère, dans la mesure où il y a, sauf pour les fonctionnaires, une immédiate décote. Ce sont ces travailleurs pauvres qui, en général, sont les plus fatigués. Autrement dit, le système actuel des retraites prolonge le système actuel des salaires et des revenus, en versant peu à ce qui ont gagné peu et inversement. En outre, il existe des exceptions à ces règles : les militaires et pompiers ont accès à une retraite après une durée variable de travail, mais inférieure à celle des autres travailleurs, et les députés ont également accès à une retraite dès leur premier mandat (pour 5 années de travail). Enfin, les plus fortunés n’ont aucun problème de retraite, en raison de leur fortune, et de leurs divers placements, immobiliers, financiers.

Les contradictions, les incohérences, les injustices, du système actuel méritent donc d’être identifiées, traitées, et de recevoir une réponse politique adaptée. Il faut tout examiner :

  • un âge légal de départ est-il nécessaire ?
  • l’absence d’augmentation régulière des salaires, y compris dans ce que prévoient des dispositions légales (conventions collectives), peut-elle continuer, alors qu’elle contribue à une sous cotisation pour la retraite ?
  • faut-il calculer une pension uniquement sur les sommes perçues ?
  • à quel niveau situer une pension à minima, et ne faut-il pas fixer une pension à maxima ?
  • la durée des études secondaires constitue t-elle un premier temps de travail, et comment peut-elle être évaluée ?
  • quelles mesures de pénibilité pour quelles déductions de durée à l’occasion d’un départ en retraite ?
  • quelles sources pour les financements ?

Un second texte viendra répondre à ces questions, après avoir eu des discussions avec différentes personnes pour avis.

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