Ci-dessous, vous trouvez la première partie d’une réponse à Edwy Plenel.
Dans ce que Médiapart appelle un « parti pris », la rédaction a publié ce texte du jeune retraité, Edwy Plenel, intitulé comme indiqué en titre de cette note, « Combattre l’antisémitisme en toute clarté« . A rebours de ce qu’il affirme dans son texte : « refuser ce poison relativiste de la concurrence des victimes et de la hiérarchie des oppressions où se ruinent l’espérance d’une humanité commune et la construction d’une universalité véritable« , mais aussi, « fonctionnant comme des poupées gigognes, les racismes s’emboîtent et s’entretiennent dans un engrenage« , Edwy Plenel fait de l’antisémitisme, un racisme, spécial, central, premier, et ne prend guère de précautions, concernant la responsabilité du gouvernement israélien, de l’extrême-droite juive, par l’appropriation de ses activistes et représentants sur le Judaïsme en tant que tel, incitant ainsi des personnes peu attentives à opérer des raccourcis entre Israël, Israéliens et Juifs, mais aussi en se taisant sur le racisme de ces Juifs d’extrême-droite contre, « les Goys », les Palestiniens, les Arabes.
Edwy Plenel commence son propos en rappelant que, à l’occasion du 92ème congrès de la LDH, Patrick Baudouin, président de, « s’est alarmé d’une « intolérable remontée de l’antisémitisme, qu’il convient de dissocier de l’antisionisme et de la dénonciation des autorités israéliennes ». » Mais OU EST cette intolérable remontée de ? La seule instance qui l’affirme SANS LA DEMONTRER est le Ministère de l’Intérieur. Est-ce que Patrick Baudouin et Edwy Plenel prennent pour argent comptant les affirmations de ce Ministère ? Et faut-il croire le même président lorsqu’il déclare que « « La LDH« , (…) « dont la création est liée à la réparation d’une injustice liée à l’antisémitisme, entend là aussi ne rien laisser passer », et qu’elle luttera « « le même engagement » face au « risque d’augmentation, déjà avérée, des actes islamophobes »« . Les actes permettront de vérifier si. Et ce n’est pas un mince sujet, celui de l’évaluation des actes/propos islamophobes, par comparaison avec les actes/propos antijuifs : les premiers paraissent bien plus nombreux que les seconds, or Edwy Plenel préfère que le titre de son texte soit « combattre l’antisémitisme… » et non pas, « combattre le racisme… ».
Une des pratiques préférées d’Edwy Plenel comme de la rédaction de Médiapart consiste à accuser la gauche, en toute circonstance : « Bienvenu, ce rappel doit cependant aller au-delà d’un discours de circonstance pour réussir à secouer en profondeur l’inertie d’une partie de la gauche face à ce retour de l’antisémitisme« , même si, là, il prend la précaution de réserver sa mise en cause à une « partie ». Il y a déjà un progrès : il y a peu encore, Edwy Plenel mettait en cause « la gauche », et désormais, « une partie ». Bien qu’il énonce un principe d’égalité entre tous les racismes, puisque « cette vigilance » doit être « sans exclusive face à toutes ces haines ordinaires, que décuple la percée médiatique et électorale de l’extrême droite« , Edwy Plenel ne peut s’empêcher de considérer qu’il y a une « dangerosité spécifique de l’antisémitisme. Car, loin d’être une variante du racisme parmi d’autres, il en est le point de cristallisation. Sur ce continent comme dans ce pays, on ne saurait l’oublier. C’est en Europe qu’eut lieu, au mitan du XXe siècle, l’extermination industrielle du peuple juif par l’Allemagne nazie. Et c’est en France qu’a surgi à la fin du XIXe siècle l’antisémitisme moderne, sur un fond de vieil antijudaïsme chrétien, qui en fut l’arme idéologique.« . Donc, pour faire de l’antisémitisme, un racisme spécifique, sa « cristallisation », Edwy Plenel convoque les millions de victimes du nazisme, et de l’antisémitisme français, alors que, DANS LE MEME TEMPS, le colonialisme occidental, dont le français, lié structurellement à du racisme, avait AUSSI COMME DEJA, pratiqué des exterminations, dans des holocaustes humains impressionnants, avec des millions de victimes. Génocides, racismes, esclavages, auxquels des millions d’Européens ont contribué, catholiques, athées, mais aussi des Juifs. DES Juifs. DES Juifs. DES, et pas LES. Mais la participation de ces Juifs-là à ces crimes ne peut ni être oubliée, ni minorée, ni pardonnée, pas plus que pour les autres. Et si l’islamophobie est le racisme français dominant actuel, le racisme le plus important en Europe, au cours de ces 10 derniers siècles, y compris aujourd’hui, paraît être la négrophobie – plus exactement la « haine contre les personnes noires« , puisque le terme de négrophobie paraît inadapté.
Aussi, le développement du propos d’Edwy Plenel est étrange : « On ne révoque pas un tel passé tant ses crimes sont incommensurables et, par conséquent, imprescriptibles. » Qui révoque ce passé ? A l’extrême extrême-droite, où se trouve même des négationnistes-révisionnistes, oui, mais sinon ? Pour justifier son propos, Edwy Plenel va chercher du côté de la Russie : « Dans sa volonté d’attiser les tensions françaises à des fins de déstabilisation géopolitique » (une assertion qu’un Ministère français doit apprécier), « le régime fascisant de Vladimir Poutine le sait parfaitement : en l’état des enquêtes, on ne peut exclure que ses services secrets, via des filières moldave et bulgare, aient monté les provocations antisémites des étoiles de David dans le XIVe arrondissement, puis des mains ensanglantées visant en particulier le Mémorial de la Shoah. S’inscrivant dans une longue tradition des services russes« , « ces manipulations destinées à jeter de l’huile sur le feu soulignent la nécessité d’une riposte qui n’ajoute pas à la confusion« . Mais puisque n’importe quelle identité peut faire l’objet d’un « racisme », les propos d’Edwy Plenel, EN L’ABSENCE DE TOUTE PREUVE CONTRE la Russie, n’attestent-ils pas d’un racisme… anti-russe ? Où est le sérieux du journalisme, dont Plenel s’est fait le prétendant et le chantre, quand on écrit « on ne peut exclure » ? Si « on ne peut exclure », on ne peut… conclure, de, et « on ne peut exclure » que cette manipulation soit le fait de purs imbéciles, mais aussi d’agents israéliens, de Soraliens, etc. Mais un texte d’Edwy Plenel sans évoquer la figure de Vladimir Poutine, ne serait pas un texte d’Edwy Plenel : il tient là son grand méchant, James Bondien, par lequel tout, le négatif, s’explique. Arc-bouté sur cette référence, Edwy Plenel campe, portant ses regards dans quelques directions seulement, en ignorant « superbement » les Etats-Unis, où se trouvent, pourtant, des antisémites connus et reconnus comme tels, notamment des nazis, et des faux amis des Juifs, dont le « philosémitisme » est un masque pour dissimuler leur racisme maintenu, puisqu’il est si pratique de constamment déclarer sa flamme pour « les Juifs » pour mieux dissimuler sa haine contre tant et tant. Convoquant la mémoire de l’antisémitisme dans le tsarisme, Edwy Plenel donne dans la contradiction, puisqu’il n’a pas oublié de faire référence à l’antisémitisme en France de la fin du 19ème siècle, en lien avec l’affaire Dreyfus, antisémitisme sans doute le plus massif et dangereux de son temps, comme si les Français avaient besoin de Russes pour réaliser de tels actes – mais aussi comme si une telle manipulation ne pouvait avoir pour source le gouvernement de Jérusalem, lui-même d’extrême-droite.
Le propos continue d’être étrange, dès lors qu’il s’adresse à « la jeunesse« , pour lui conseiller de ne pas « mésestimer, pire de déserter, la lutte contre l’antisémitisme au prétexte qu’elle est revendiquée par leurs adversaires conservateurs et réactionnaires, voire, dans un sinistre paradoxe, par l’extrême droite elle-même. Promue par les gouvernants israéliens et leurs soutiens inconditionnels, mais parfois épousée par quelques défenseurs égarés de la cause palestinienne, l’identification des juifs de France à l’État d’Israël transforme ce piège en traquenard.« . Mais la jeunesse qui manifeste ne mésestime pas, ne déserte pas, et n’est pas dans cette confusion entre les « juifs de France » et « l’État d’Israël ». MAIS cette jeunesse, elle, prend en compte TOUS les racismes, et, déterminée par les faits, constate que d’autres racismes sont présents, puissants, et « premiers », dans l’ordre d’influence. Les conseils d’Edwy Plenel à cette jeunesse sont-ils rigoureux et prometteurs, quand il l’incite à se référer à August Bebel, un des fondateurs de la « social-démocratie » en Europe, laquelle a tant trahi les populations, les prolétaires ? Qui a donné dans « le socialisme des imbéciles » ? La « judéophobie » de quelques-uns, évidemment stupide et lamentable, doit-elle encore servir à masquer la judéophobie d’autres, dès lors que des Juifs européens préfèrent être communistes que socialistes ? Est-ce que l’incitation à écouter et suivre, Arié Alimi, se justifie, alors que celui-ci a tant donné dans les confusions sur l’antisémitisme, notamment en tenant des propos de diffamation publique contre Jean-Luc Mélenchon ?
En outre, un texte d’Edwy Plenel ne serait pas aussi un texte de, sans une citation de Frantz Fanon : « « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. »« . On pourrait ajouter : quand vous entendez dire du bien des juifs, d’une manière vague, sans précision, on parle contre vous. Parce qu’il y a Juifs et Juifs : comme rappelé dans un podcast, pour une population mondiale très faible, en dessous des 20 millions de personnes, il y a, des racistes et des antiracistes, des personnes d’extrême-droite et d’extrême-gauche, etc. Or, les critiques publiques et politiques contre Israël concernent un gouvernement d’extrême-droite, et l’immense majorité de ceux et celles qui expriment ces critiques ont perçu, comprennent et disent cette identification, en faisant la distinction entre les Juifs qui soutiennent ce gouvernement, la colonisation, et les autres.
Alors, est-il donc exact qu’il y a une « place particulière de l’antisémitisme dans les idéologies qui théorisent le rejet et la haine de l’autre » ?