Penser et agir, enfin, ensemble, clairement, fortement, vraiment, radicalement, contre le racisme – un appel publié par l’Humanité, reproduit ci-dessous…

Un appel à l’initiative de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine, Maitre Hosni Maati, Delphine Courtis Peiretti, l’équipe de l’Institut d’études et d’Actions citoyennes. Cet appel initialement publié ici est partagé ici, parce qu’il est approuvé, et il sera commenté ici dans les prochains jours.

« Le racisme est une injustice, et un délit reconnu par le droit français. Cette injustice n’est pas suffisamment reconnue. Chacune et chacun a le droit fondamental de vivre sans être menacé·e, insulté·e, discriminé·e ou agressé·e en raison de son origine, de sa religion, de sa couleur de peau ou de toute autre caractéristique perçue comme différente.

Si vous êtes victime de racisme – ou témoin d’un acte raciste, verbal, physique ou symbolique – vous avez le droit de parler, le droit de porter plainte, et le droit d’agir.  Votre parole est précieuse. Votre vécu a du poids. Vous n’êtes pas seul·e.

1,2 million de personnes âgées de 14 ans et plus estiment avoir été victimes chaque année d’au moins une atteinte à caractère raciste, antisémite ou xénophobe (Enquête VRS 2022). 97 % d’entre elles ne portent pas plainte. Nous assistons à une hausse de 11 % des crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux, soit une hausse par rapport à̀ 2023 (CNCDH 2025). Les jeunes hommes perçus comme noirs ont quatre fois plus de risques d’être contrôlés par la police, selon la Défenseure des droits.

Le racisme blesse, détruit, déshumanise

Les conséquences du racisme sont réelles, durables, et encore trop souvent sous-estimées. Il s’agit d’un vécu traumatique qui peut engendrer :

• une perte d’estime de soi, des troubles anxieux, des épisodes dépressifs, des douleurs chroniques, des troubles du sommeil, des troubles cardio-vasculaires et métaboliques, une colère rentrée, un isolement, des idées suicidaires et des suicides ;

• des effets délétères sur les enfants, les familles et les proches.

Ce que vous ressentez n’est ni exagéré, ni insignifiant. C’est légitime. Et il est urgent d’y répondre.

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Vers qui se tourner ?

En fonction de votre situation, il est possible de :

• consulter un·e professionnel·le de santé (médecin, psychologue, psychiatre) ;

• engager une démarche juridique ou administrative ;

• être orienté·e vers un service de médiation, de soutien ou de protection ;

• échanger avec un·e professionnel·le du droit, de la santé ou du travail social.

Ne restez pas isolé·e. Il existe des interlocuteur·rices compétent·es, disponibles et bienveillant·es, pour vous accompagner dans vos démarches et votre reconstruction.

Une histoire collective à faire vivre

Le racisme n’est pas né d’hier. De l’esclavage à la colonisation, des lois raciales du régime de Vichy aux « ratonnades » des années 1970, du racisme quotidien dans l’accès à l’emploi, au logement, dans le domaine de la santé ou dans les violences policières, jusqu’aux agressions racistes, antisémites ou islamophobes les plus virulentes, des années 1990 à nos jours, ce sont plus de cinq siècles de discriminations raciales dont la France porte, hélas, un héritage encore persistant. Il est nécessaire de regarder l’histoire de notre pays en face, de la connaître et de la faire connaître à toutes les générations pour mieux avancer ensemble et pour lutter efficacement contre les ramifications persistantes d’un racisme hérité de plusieurs siècles. En 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, initiée par des jeunes issu.es de l’immigration postcoloniale, a été un cri de dignité porté à travers le pays. C’est aussi l’histoire de celles et ceux qui ont résisté, marché, parlé. Ce cri ne s’est jamais éteint. Il continue de résonner, dans chaque voix qui refuse de se taire.

Faire reculer le silence, c’est avancer ensemble

Le racisme ne doit plus être une blessure que l’on tait. Il est temps d’en faire un sujet que l’on nomme, que l’on soigne, que l’on dénonce, que l’on combat. Vous avez le droit d’être entendu·e, le droit de vous défendre, le droit de vous reconstruire. Refuser la résignation, c’est déjà reprendre sa place. Faisons appliquer la loi parce que la peur doit changer de camp ! »

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