1945 à aujourd’hui : ces Nazis qui ont réussi à survivre, à se cacher, à être protégés, à se reproduire et à prospérer à nouveau

En 1945, le National-Socialisme, si « national », et si anti-socialiste, est à terre. Les crimes dont il est devenu le synonyme ont été tels que beaucoup pensent que, par sa défaite, le nazisme, en tant que tel, est mort et enterré, avec Hitler, et les fanatiques qui le suivaient, et qui l’ont suivi dans la tombe. 77 ans plus tard, nous devons constater que cette croyance fut une illusion, et que, pour partie, cette croyance fut coupable – coupable d’avoir favorisé une insouciance. C’est que, immédiatement, le travail, en Europe, sur le nazisme/fascisme européen, fut d’une grande faiblesse, très limitée. Le « procès de Nuremberg » fut celui de 24 indignes « dignitaires » du régime nazi, la « crème de la crème », empoisonnée, mais seulement de ces 24, aux côtés desquels ne se trouvaient ni Hitler, ni d’autres dirigeants, disparus, en fuite (et pour certains, heureusement, décédés).

Mais il a été démontré depuis, par des ouvrages, dont « Les bourreaux volontaires de Hitler », comme par le remarquable film de S. Spielberg sur « La liste de Schindler », le seul film hollywoodien à représenter la violence des soldats nazis de manière réaliste, que cet empire du crime fut l’oeuvre de quelques millions de serviteurs, la plupart, zélés. Nombre moururent dans les combats. Mais nombre également survécurent à la guerre, pour la plupart, prisonniers des Alliés. Mais ils ne restèrent pas longtemps prisonniers – à l’exception des prisonniers allemands en URSS qui le restèrent pendant dix ans. Et même une décennie pour les crimes commis, ce ne fut pas long. Ces hommes, et ces femmes aussi, dont on a dit qu’ils ont seulement obéi, sont rentrés en Allemagne, de l’Ouest, pour la plupart, et y ont repris leur vie, ou ils ont pris la direction du continent américain, pour un pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale, ou pour les Etats-Unis, le Canada. Ils y rejoignaient les premiers exilés, qui ont fui l’Europe, par des filières d’exfiltration, sous la tutelle du Vatican, de la Croix-Rouge, ou de la diplomatie, des armées, américaines.

Certains pays en accueillirent des contingents non négligeables : au Chili, au Brésil, au Paraguay. D’autres encore y vinrent aussi : les collaborateurs du nazisme, dans les autres pays européens, français, hongrois, ukrainiens, lituaniens, estoniens, etc. Une fois installés, ils n’ont pas eu à suivre une « désintoxication », des « nazis anonymes », ni à rendre des comptes de leur participation à la plus grande entreprise criminelle de l’Histoire. Ils sont devenus des citoyens de. Certains ont même changé de nom. Aux Etats-Unis, ils trouvèrent des natifs américains, aussi nazis qu’eux, si ce n’est plus. En Europe, le principal filtre du nazisme fut la poursuite judiciaire, les « procès ». Des criminels, bien qu’identifiés, ne furent pas poursuivis, ni par les Alliés, ni par les nouvelles autorités allemandes, d’autant que nombre de Nazis retrouvèrent immédiatement ou presque, emplois, responsabilités, en RFA tout de moins, mais aussi en RDA, à un degré moindre. Les prisonniers qui furent libérés ne furent pas jugés. Dans les pays de l’Est, les collaborateurs qui ne furent pas identifiés firent le dos rond, en attendant… D’autres, jugés, condamnés, purent être libérés et retrouvèrent une vie sociale. Parmi eux, les Etats-Unis ont trouvé des soutiens, des agents de terrain, dans l’objectif de renverser ces Etats, ces régimes. Enfin, last but not least, il y eut l’action de réhabilitation du nazisme/fascisme, par des intellectuels, des « témoins », des partis politiques. Et, très vite, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces criminels et leurs soutiens sont montés au créneau, pour se défendre, se justifier, être défendus. Et, année après année, décennie après décennie, les, rares, faibles, digues, ont cédé. 77 ans plus tard, le nazisme est redevenu un FAIT social, politique, dans les pays occidentaux, un sujet de discussions et de « relativisme ». Le combat contre le nazisme n’a pas été mené jusqu’au bout, en profondeur. Les dirigeants des pays européens en portent une immense responsabilité, mais aussi tant d’intellectuels, de partis, qui se sont laissés à croire que la partie était définitivement gagnée. Nous devons constater aujourd’hui à quelle point cette croyance reposait sur une stupidité, tragique.

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