Une fois le choc de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale, encaissé, les partis officiels en place en ont accepté le principe, la durée et les moyens : l’accord avec le principe se comprend, celui sur la durée et les moyens étonne. Une durée réduite ne permet pas aux partis concernés de mener des campagnes sérieuses, dignes de ce nom, ne permet pas aux citoyens de prendre le temps de connaître les programmes, de réfléchir, tout simplement. Et les prétendus les plus déterminés opposants au locataire de l’Elysée ont tout accepté. Cette décision a été prise dans l’immédiate foulée des résultats des élections européennes, des élections en un tour, au terme desquelles le RN FN a été en tête de. Lancer de telles élections, avec une telle durée, à partir d’une telle situation, interroge : le RN n’est-il pas ainsi clairement avantagé ?
La campagne a donc duré 15 jours : autrement dit, elle est passée comme un éclair. Dans les conditions actuelles françaises (légales, politiques, médiatiques), elle a été marquée par un contraste entre ce que les « importants » et les officiels disent, et ce que les citoyens, là où ils peuvent s’exprimer, sur les réseaux, disent. Sous une pression civique, les dirigeants de partis rangés à gauche (à tort ET à raison) ont été incités à se rencontrer pour envisager une alliance, et celle-ci a succédé à la NUPES, avec « le nouveau front populaire« . Ils ont dû s’entendre pour déterminer un programme commun, des candidatures communes. Ils y sont parvenus, imparfaitement, avec des désaccords prolongés, des candidatures « dissidentes », la continuité de l’agression politique, quasi physique, contre la LFI, Jean-Luc Mélenchon, par l’accusation diffamatoire sur « l’antisémitisme », toujours répétée, jamais démontrée. Un ex locataire de l’Elysée, prédécesseur de l’actuel, s’est même invité dans cette liste des candidats, alors même que sa haine personnelle contre Jean-Luc Mélenchon est connue. L’Alliance est donc fragile, marquée par des problèmes non résolus, des contradictions. Le programme est clairement social-démocrate, et propose avant tout de modérer la ploutocratie en France, là où les autres partis entendent lui permettre de continuer dans ses violences, politiques, économiques, symboliques. PAR COMPARAISON avec les programmes et les REELLES intentions des autres partis, ce programme est donc mieux que rien – mais quid de son application ? Cette réponse dépend à la fois des futurs élu(e)s de cette Alliance à l’AN, des résultats généraux, des manoeuvres et décisions du locataire de l’Elysée, des éventuelles (ou non éventuelles) pressions étrangères. Tel que ce programme existe, il prévoit, nécessairement, des désaccords, confrontations avec l’UE : à minima ou plus ?
Les programmes ET les intentions/volontés réelles des autres partis en situation de pouvoir obtenir des élus à l’AN entendent prolonger la politique actuelle, en lui retirant tel ou tel aspect, ajoutant tel et tel aspect. Mais le programme du RN FN se distingue par son obsession identitaire/raciste, son ADhaine, manifestée par la discussion ces derniers jours sur les « bi-nationaux », auxquels le RN FN entendrait voudrait refuser l’accès à des emplois publics. Si beaucoup ont défendu ces citoyens disposant d’une double nationalité, nul n’a réellement répondu au RN FN qu’un citoyen SEULEMENT français peut AUSSI être un traître, vendu, et que l’ajout d’une autre nationalité n’induit pas plus, ni nécessairement, une telle disposition à. Lors d’un débat de fin de campagne, le représentant du PS, Olivier Faure, a pu dire au représentant du RN FN qu’il a des origines étrangères (Italie/Algérie), que, avec les dispositions qu’il soutient, ces ascendants auraient pu être privés d’un droit de résidence en France, mais ce qu’il a omis d’ajouter, c’est que la France a été bien accueillante envers la « misère » politique du monde, en permettant à tant de familles, fascistes, fascisantes, d’extrême-droite, de résider en France, quant tant de citoyens du monde qui ne sont pas tels ont connu, connaissent, des problèmes structurels et scandaleux. Un Manouchian a été officiellement rejeté par l’Etat français à deux reprises, les familles Sarkozy, Valls, Bardella, Ciotti, ont été accueillis sans difficulté. C’est dire à quel point le Ministère en charge des principes et des papiers concernant les personnes n’ayant pas la nationalité française est un Ministère politique, stratégique, dont l’importance est fondamentale, qu’il faut pouvoir contrôler pour que nous recevions plus de Manouchian et moins, beaucoup moins, de ces étrangers, d’extrême-droite…
En un temps aussi court, se trouve en jeu des perspectives radicalement différentes, jusqu’à être clairement opposées : il n’est plus possible de prétendre vouloir et réaliser un « en même temps », fraternel et anti fraternel. Il faut choisir. Et quand les choix sont si divers, différents, contraires, il y a déjà une situation de « crise » (le mot grec, krisis, signifie décision), et il y aura une crise française – disons, une aggravation d’une situation française qui se définit, EN PERMANENCE, par ce terme. La France EST une crise : les décisions sur les principes et les orientations sont constamment en jeu, en cause, en sursis.
Un des éléments déterminants de cette situation de crise, ce sont de faux « médias », véritables organes de propagande, qui servent clairement des maîtres connus : ces 15 derniers jours, ils ont continué leurs sales oeuvres, comme dans les mois, les années, antérieurs. Eux aussi ont aggravé leurs mauvaises pratiques, à rebours de leurs supposées obligations déontologiques, contractuelles (entre eux et l’Etat, via l’ARCOM). Ne parlons même pas de la Charte de Munich : elle est ignorée, bafouée. Mais nous en sommes parvenus à un tel niveau de contradictions entre les principes et les faits qu’il n’est plus possible de consentir à cette autre violence politique, représentée par de tels organes qui diffusent des fausses informations, des mensonges, des discours politiques déguisés en « analyses journalistiques », ou « éditoriaux ». Certains de ces organes, véritables Radios Mille Collines Paris, ont tellement chauffé la haine raciste, qu’il a été constaté, objectivement, un accroissement des propos et actes racistes, dans un pays qui en est déjà malade, depuis des années. LA ENCORE, la situation est devenue si intolérable, à un tel niveau de contradictions entre les principes et les faits qu’il n’est plus possible de consentir à cette autre violence politique. Après le second tour des élections législatives, il ne va plus être possible de continuer comme cela. L’Histoire va reprendre, activement, sa marche…