DRSEE : Ces derniers jours, il y a, dans le monde, une nouvelle prise de conscience de ce que la présence de l’extrême droite, à la racine du racisme, signifie réellement, dans ce rapport idées/mots/actes, et que, en partant de représentations, idées, de mots, on finit par aboutir à des actes, de violence, jusqu’aux crimes. Le meurtre de George Floyd aura été le dernier en date, mais le plus évident, le plus « original », entre l’attitude, le calme, du policier, Derek Chauvin, pendant plus de 8 minutes, alors qu’il était en train de tuer par étouffement George Floyd. Un meurtre calme – qui a provoqué une légitime colère, mondiale. En France, ces derniers jours, des médias indépendants ont pu démontrer qu’il existe un racisme omniprésent au sein des organisations professionnelles de la police. Les plus zélés dans ce racisme ont aussi dénoncé la tenue d’une manifestation parisienne (il y en a eu d’autres ailleurs), alors que l’une des causes de cette tenue résidait, réside, précisément, dans le fait que de tels agents tiennent de tels propos, souvent contraires à différentes lois. Jonathan, tu vis au Portugal, tu es portugais, tu as vécu en Suisse, et tu es engagé dans des luttes concrètes et difficiles au Portugal contre le racisme, notamment au sein de la police. Le Portugal est, sur le plan de la taille de son territoire, du nombre de sa population, un « petit » pays, mais on le sait, sans mesurer tout ce que cela représente, il a une colonie en Amérique du Sud, avec le Brésil. Historiquement, ce sont les Portugais qui ont été les premiers à penser et pratiquer l’esclavage, par l’organisation du pillage humain, les premiers camps de travail. Bolsonaro est un représentant de toute cette Histoire. Parallèlement à la dictature fasciste, franquiste, beaucoup de Portugais ont subi la dictature de Salazar, jusqu’à la révolution des Œillets, mais il y avait aussi, comme cela s’est passé partout en Europe, celles et ceux qui ont soutenu cette dictature, avec zèle, et notamment dans les forces de police. Or, de ce qu’on peut lire parfois, il n’y a pas eu d’épuration après la Révolution des œillets, pas d’arrestation, pas de procès. Des portugais anti fascistes doivent donc vivre aux côtés de Portugais fascistes. Il y a, au Portugal, des néo nazis, comme partout ailleurs. Récemment, et grâce à ton, votre, travail, la police portugaise a, et c’est exceptionnel, identifié une série d’actes violents ou criminels, en les reliant les uns aux autres, comme ils l’ont fait pour une partie de leurs auteurs. Qu’en est-il de cette affaire ? Où en sommes-nous ?
Jonathan Ferreira Da Costa : De fait, la pression exercée par le Front Unitaire Antifasciste, que ce soit à travers nos manifestations, concentrations ou encore une pétition lancée durant le mois d’Août 2019, ont permit un certain avancement dans ces affaires. Il y a de cela quelques jours, il a été annoncé dans un journal national, que 37 néo-nazis étaient constitués « accusés » dans une série de procès qui incluent des charges de tentatives d’homicide, agressions aggravées ou encore de crime politique. ( article accessible ici : https://www.dn.pt/edicao-do-dia/16-mai-2020/gays-negros-e-comunistas-espancados-37-skinheads-sao-alvo-do-mp-12200331.html). Comme mentionné dans le même article, les cas clôturés cette année et envoyés au tribunal pour commencer les accusations sont des cas qui durent depuis 2016 et qui ont donc nécessité selon la police, 4 ans d’investigation pour pouvoir être formalisées en dossiers pénaux. Incompréhensible quand on sait que plusieurs de ces cas, desquels la tentative d’homicide que j’ai souffert en 2018, sont amplement documentés et les agresseurs ont été identifiés dans les 3 mois suivants le dépôt de plainte. Après consultation de nos sources, il c’est révélé qu’aucun cas n’a demandé plus de 6 mois au maximum pour avoir les agresseurs identifiés et les preuves récoltées. Simplement, la justice n’a pas estimé prioritaire que de traiter ces cas, sachant pertinemment qu’il y avait des vies en danger et nous soupçonnons que ce soit également par intérêt politique de vouloir taire ces cas qui iraient, selon certains partis, donner de la visibilité à l’extrême-droite. Actuellement, toutes les victimes sont en attente de recevoir une convocation et de voir arriver les premiers jugements de ces cas, qui pour le moment, ont été formalisés auprès du tribunal mais n’ont encore vu aucune audience marquée.
DRSEE : Quelle est la situation, dans la police au Portugal, de la présence et de l’influence de l’extrême-droite et du racisme ?
JFDC : La police au Portugal, que ce soit via la PSP constituée de « civils » ou via la GNR constituée de militaires, est clairement infiltrée par l’extrême-droite. Preuve de cela, un mouvement né en 2018, appelé mouvement 0, qui menacent de ne plus patrouiller dans les quartiers difficiles (d’où le 0) et partagent abondamment tout type de discours haineux et incitant à la haine, à travers leurs réseaux sociaux. A noter que ce mouvement est né des suites de la condamnation d’agents de police accusés d’avoir torturé des jeunes afro-descendants vivant dans un de ces quartiers, dans une de leur centrale. Ce même mouvement, durant une manifestation face au Parlement, a sifflé chaque député sortant du Parlement, sauf le député d’extrême-droite André Ventura, a qui ils ont demandé de monter sur le podium monté face à la manifestation, pour faire un discours qui a eu droit aux applaudissements de tous ces manifestants. Un signal clair, qui s’assimile aussi au symbole qu’ils font avec la main pour indiquer leur adhésion a ce mouvement, qui se trouve être le même symbole qu’utilisent les suprémacistes blancs pour illustrer le « White Power ». ( plus d’infos: https://www.publico.pt/2019/11/21/politica/noticia/policia-usa-gestos-odio-conotados-extremadireita-durante-manifestacao-1894615) Il y a également d’autres pages Facebook et Twitter, qui sont clairement dirigées par des éléments de la PSP et de la GNR, avec des noms comme « papa charlie », « carro de patrulho » ou encore « grupo de apoio as forças policiais », qui sont de véritables antres a néo-nazis, plein de discours de haine et d’appels à la violence. On ne peut s’étonner que du coup, apparaissent de plus en plus de cas d’abus policiers sur des personnes racialisées et qu’une étude de cette année, produite par la faculté de Coimbra, analyse que plus de 80% des dépôts de plainte pour question de racisme ont été archivées sans même avoir été enquêtées.
DRSEE : Il y a quelques jours, le Président de l’AmeriKKA, Donald Trump, a annoncé vouloir intégrer les organisations « antifas » dans la liste de celles identifiées comme terroristes. Le FBI va avoir du mal à lui fournir des billes sur le sujet, alors que l’extrême-droite américaine commet des actes de terreur, régulièrement. Pour vous, quelle est votre définition du terrorisme ?
JFDC : Pour nous il est clair que les véritables terroristes ne sont pas l’Antifa, mais le gouvernement américain. On ne compte plus le nombre de civils morts sous leurs bombes et sous leurs tirs, pour des questions de pouvoir et de richesse. L’impérialisme américain dit combattre le terrorisme mais, la vérité est qu’il agît comme un groupe ou un État terroriste dans la majorité des pays oú ils interviennent sous prétexte « d’amener la démocratie » ou « d’aider la population locale ». Le fait de vouloir classifier l’Antifa comme un groupe terroriste n’est pas anodin, au contraire nous sommes convaincus que c’est un premier pas en direction de l’illégalisation de l’opposition politique, ouvrant la porte à la répression de groupes politiques et même plus tard, de partis, qui luttent contre les idées que Trump défend. Si, comme nous le pensons, le terrorisme est une méthode qui peut être utilisée pour essayer d’imposer une idéologie créant la crainte dans l’opposition, il paraît évident que Trump est un spécialiste et n’a que peu à envier a ces prédécesseurs, tous terroristes en puissance.
DRSEE : Après plusieurs années de militantisme, quel bilan faites-vous de vos actions ?
JFDC : Le bilan actuel est plutôt positif. De fait, l’extrême-droite gagne en puissance à travers le monde et il serait tentant de voir cela comme une défaite pour le mouvement antifasciste. Mais la vérité est que notre mouvement a permis de gagner du temps, limitante cette croissance et créant différentes barrières au développement de ces groupes et de ces partis mais, ce temps n’a pas été utilisé par les partis politiques et les gouvernements pour pouvoir se préparer et lutter de forme effective contre ce fléau qui renaît. Il nous semble donc qu’effectivement il y a un échec au niveau de la réponse globale mais que de notre part, nous avons fait ce que nous pouvions et le fait qu’aucune de nos groupes ait laissé tomber, est pour nous une victoire. Dernièrement, le mouvement a fortement grandi, gagnant plusieurs centaines d’activistes qui ont compris que de fait le gouvernement et les partis n’iraient pas se mobiliser et qu’il était temps que le peuple mette la main à la patte. Tout le travail que nous avons fait au Portugal pour démystifier l’idée de violence que la plupart des personnes assimilent à l’Antifa, porte aujourd’hui ces fruits et nous n’attirons plus seulement que des jeunes, mais également des personnes de plus de 40 ans qui se mobilisent et intègrent nos groupes. Et c’est là pour nous la véritable victoire, celle de réussir à faire comprendre à des personnes peu politisées, la gravité de la situation et la nécessité de s’organiser et de résister.
DRSEE : Il semblerait qu’il y ait des relations difficiles avec les principaux partis « de gauche », notamment avec le PC portugais. Pourquoi ?
JFDC : En effet, nos relations avec la gauche parlementaire est plutôt mauvaise. Le fait est qu’au Portugal, le Parti Communiste a toujours été vu comme étant le gardien de l’antifascisme, en partie grâce à l’histoire de ce parti durant la période fasciste portugaise et sa mobilisation contre Salazar et Caetano, les deux dictateurs qui ont gouverné durant la période de dictature. Cette vision hégémonique d’un mouvement antifasciste à peine présent dans le parti communiste a été fortement utilisé par ce parti pour promouvoir sa politique et sa présence au Parlement. Avec l’apparition de l’Antifa en 2016, cette hégémonie a été mise en cause et le Parti Communiste a très tôt essayé de détruire le mouvement qui se construisait et de mettre en place toute une série de mesure et stratégies pour limiter au maximum notre visibilité. A plusieurs reprises, nous avons tenté de les contacter, de proposer des collaborations, de participer dans nos actions et nous dans les leurs mais, nous n’avons jamais reçu la moindre réponse et ils ont toujours laissé clair qu’ils ignoraient notre présence et nos actions, même quand cela revenait a simplement se taire sur un thème fracassant l’actualité de forme a ne pas se retrouver dans un espace oú nous pourrions être. Preuve concrète de cette volonté politique de nous détruire et de nous isoler est apparue en 2017 avec la création du premier groupe antifasciste de notre réseau à Lisbonne, qui a de suite été envahi par divers activiste qui ne se sont pas identifiés comme étant militantes du PC et on réussi a paralyser le groupe, divergeant sans cesse sur toute question traitée par le groupe, refusant la moindre action et garantissant ainsi une majorité au sein de ce groupe pour l’empêcher de faire la moindre action. Ce qui nous a poussé a créer un nouveau groupe, dans lequel ont été interdits les militants de partis parlementaires. Plus tard, il nous a également été confirmé par des anciens militantes des jeunesses communistes, que le parti interdisait a ces militantes d’intégrer nos groupes ou de se relationner avec des activistes de nos groupes. Cette attitude a atteint son apogée cette année, quand ils ont décidé d’appeler a une mobilisation le même jour, à la même heure, défendant les mêmes sujets mais dans un local situé a 5 minutes a pied du notre. Évènement ensuite annulé à la dernière minute quand ils ont compris que nous étions en train de rassembler des centaines d’activiste pendant que leur manifestation ne rassemblait qu’une poignée de cadres du parti. Quand au Bloc de Gauche ( Bloc de Esquerda ), il a été clair dès le début que la lutte antifasciste n’était pas une priorité et que selon leurs propres dires, la meilleure solution était d’ignorer ces groupes afin qu’ils disparaissent d’eux-même. Ils n’ont jamais été aussi frontaux que le PC mais, sous une image d’appuis ponctuels à notre mouvement à travers quelques articles rédigés sur la cause, le fait est qu’il n’ont jamais participé à nos actions ou réunions, auxquels ils sont pourtant à chaque fois invités. Du moins, c’était une situation qui perdurait depuis 2016 mais, qui a récemment changé. En effet, avec les élections qui approchent, le Bloc de Gauche, qui s’est beaucoup embourgeoisé depuis son entrée au Parlement, c’est rappelé qu’il était important d’avoir une présence dans les mouvements sociaux afin d’avoir l’appui du peuple. Mouvements sociaux qu’ils ignoraient jusqu’à aujourd’hui, préférant disputer la direction du mouvement syndicale avec le PC et n’ayant que quelques cadres insérés dans les plus gros mouvements afin de pouvoir y inclure certains éléments de leur agenda politique de manière ponctuelle. Malheureusement pour eux, la tendance au Portugal est la création d’une multitude de mouvements sociaux indépendants, refusant toute appropriation de la part de partis et créant diverses alliances entre eux pour se renforcer et pouvoir résister aux tentatives désespérées de ce parti de reprendre le contrôle des mouvements sociaux. Nous en faisons également les frais, avec diverses accusations et diffamations lancées contre nos principaux dirigeants, pressions sur certains de nos collectifs antifascistes à travers de collectifs qu’ils contrôlent ou encore en tentant de créer des collectifs qui sont des claires copies des nôtre mais avec beaucoup plus de financement. Cette lute pour l’hégémonie au sein des mouvements sociaux est en train de se retourner contre eux, créant des réactions agressives contre ce parti de la part de divers mouvements et au final, créant de nouvelles alliances avec notre mouvement. En sommes, je dirait que plusieurs facteurs expliquent cette relation. Premièrement, le fait que ces deux partis aient décidé d’ignorer le problème du retour de forces fascisantes en espérant qu’elles disparaissent. Deuxièmement, le fait que ces partis nous voient comme un danger du fait que nous soyons indépendants et nous refusions à servir l’agenda d’un parti politique inséré dans le gouvernement. Et troisièmement, le fait que notre organisation soit en train de capter divers activistes parmi leurs bases militantes qui se refusent à ignorer le problème du fascisme et entre en scission avec leurs partis respectifs.
Autobiographie de JFDC :
Né en 1989 à Riaz, Suisse, de parents immigrés du Portugal. J’ai moi-même émigré dans mon pays d’origine, le Portugal, en 2016 et depuis, j’y vis en compagnie de ma fille et de ma compagne. J’ai également deux fils qui vivent avec leur mère actuellement en Suisse et avec qui je maintiens contact via skype et durant les vacances.
J’ai suivi ma scolarité obligatoire en Suisse ( 9 ans d’école primaire, 3 ans d’écoles secondaire), avec un passage de la 3°année à la 5° année. En effet, je montrais des problèmes de comportement et après suivi psychologique, j’ai été diagnostiqué comme étant une personne de Haut-Potentiel ( appelé surdoué a cette époque ) et avec un syndrome de TDA-H ( Difficultés d’attention ) qui m’amenait à m’ennuyer pendant les cours, ne pas réussir à me concentrer longtemps sur les tâches qui nous étaient données car je ne les trouvais pas assez difficile pour pouvoir me concentrer dessus. On m’a donc fait sauter une année d’école ce qui m’a stabilisé.
Au niveau professionnel, j’ai suivi une formation en tant que serrurier en construction métallique, que j’ai terminé avec succès et à la suite de laquelle j’ai suivi une nouvelle formation, de soudeur certifié internationalement. Depuis, j’alterne les emplois entre soudeur et serrurier, ayant aussi travaillé comme opérateur de Call-Center. J’ai eu la chance d’être élu comme représentant syndical de mon call-center et d’exercer cette fonction durant 2 ans.
Au niveau politique, j’ai intégré la Jeunesse Socialiste Suisse à mes 14 ans puis, j’ai intégré le parti politique d’extrême-gauche « Parti Ouvrier Populaire – POP », membre d’une coalition appelée « La Gauche » a laquelle appartient également le parti trotskyste « SolidaritéS ». Ma militance dans ce parti a débuté avec mon déménagement à Yverdon-Les-Bains, Suisse, en 2012, intégrant la coalition locale « Solidarité et Ecologie », formée des deux partis cités précédemment et d’indépendants issus du parti écologique « Les Verts ».
J’ai exercé mes fonctions de président de la Jeunesse de la coalition « Solidarités et Écologie » en 2013, lors de sa fondation. Nous avons effectué plusieurs actions, dont la plus médiatisée fût sans doute la convocation d’une contre-manifestation en réponse à la convocation d’une manifestation de l’UDC et de groupes ultra-nationalistes, contre le Musée des Civilisations de l’Islam (https://www.arcinfo.ch/articles/regions/montagnes/manif-annulee-puis-remise-en-jeu-540589?from_newsletter=1&utm_source=AI-Matinale&utm_campaign=AI-Mat-2016-06-01&utm_content=540589&utm_medium=email).
Au niveau de mon activisme, j’ai rejoins un collectif anti-raciste proche de SOS Racisme en Suisse en 2011, à la suite d’une conférence qu’ils ont organisé, sur le racisme que souffraient les communautés italiennes, espagnoles et portugaises en Suisse. En 2013, j’ai formé un premier groupe antifasciste à Fribourg puis, nous avons formé un réseau de contact en Suisse en 2014, duquel j’ai été le représentant et responsable jusqu’en 2016 pour la partie francophone.
Au Portugal:
Arrivé en 2016 et fruit de mon parcours politique en Suisse, j’ai été contacté par un responsable du Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche), dans lequel je me suis inscrit comme militant jusqu’au mois de février 2017. Date a laquelle je suis sorti du parti, en contradiction avec la ligne du parti qui souhaitait ignorer le problème du retour des forces fascistes dans le monde sous prétexte que en ignorant ce problème, il disparaitrait de lui-même. La ligne réformiste du parti a aussi participé à ma décision de sortir du parti, ne me sentant pas représenté par cette ligne politique.
Un mois plus tard, je rentrais au sein de la Jeunesse Communiste, ou je suis resté inscrit durant 1 année. J’y ai été militant mais, dans les faits, l’on ne m’appelait que pour servir de transport lors d’actions de collage ou pour déplacer des camarades. Je n’étais consulté pour aucune décision politique, je n’étais convié à aucune réunion, je ne servais que de pion. Jusqu’à me décider, en compagnie de ma compagne, de créer un groupe antifasciste, ce qui a déclenché plusieurs divergences au sein de mon parti et m’a décidé à sortir également. De fait, la ligne autoritaire et élitiste du parti ne convenait pas à mon besoin de liberté dans mes actions et d’auto-expérimentation, sur laquelle j’ai toujours misé pour définir ma ligne politique.
En 2017, à travers mon travail syndical dans le Call-Center, j’ai connu des militants du parti Movimento Alternativa Socialista (MAS). Ce contact s’est renforcé au fil des mois, ayant également plusieurs de leurs éléments entrant dans nos groupes antifascistes et nous soutenant. Après plusieurs mois à batailler et refuser leurs invitations de participer à une réunion de leur parti, j’ai cédé et j’ai participé à ma première réunion. Le fonctionement et la ligne politique du parti m’ont beaucoup plû, mais, fruit de ma déception avec les deux autres partis au Portugal, j’ai nécessité encore quelques mois avant de me convaincre de m’inscrire dans le parti et en Mars 2018, je me suis inscrit finalement comme militant. Aujourd’hui, je fais parti des cadres du parti.
Au niveau de l’activisme, quand je suis arrivé en 2016 il n’existait au Portugal que deux groupes antifascistes. L’un était situé à Viana Do Castelo mais était très peu actif., dirigé par des éléments ayant appartenu au Parti Communiste Portugais et maintenant une certaine liaison avec le parti à travers de leur discours et positionnement politique, propres du parti. L’autre groupe, dans lequel je me suis intégré lors de mon arrivée, était situé à Porto. J’y ai milité plusieurs mois, participant chaque week-end a des « patrouilles » antifascistes avec les autres éléments et aux manifestations qui avaient lieu dans notre ville.
En 2017, j’ai connu ma compagne et j’ai été m’installer avec elle, à Braga. Nous y avons crée un groupe antifasciste car, le seul groupe présent sur place, était dirigé par un élément de la Jeunesse Communiste et très passif, fruit des directives du parti qui ont adopté la ligne du « ignorant le problème, il disparaitra ». Ce qui nous a poussé a créer ce nouveau groupe, indépendant et qui fût dirigé et composé uniquement par ma compagne et moi jusqu’en 2018, année ou sont apparus les premiers éléments qui sont venus renforcer notre groupe. C’est également cette année là que, suite a une conférence que nous avons organisé sur l’extrême-droite, est né le Front Unitaire Antifasciste, fruit de la volonté des organisations présentes de s’unir face à cette problématique. Forte d’une 30ène d’organisation, le Front Unitaire Antifasciste continue à être l’unique structure nationale organisée et présente efectivement dans la lutte antifasciste quotidienne. La FUA – Frente Unitária Antifasciste s’est faite connaítre à travers de plusieurs actions de manifestations, contre-manifestations, organisation de débats, conférences et projections de documentaires dont une projection organisée avec un live en direct de Yannis Youlountas, sur la situation a Exarcheia, région grecque avec laquelle nous entretenons d’étroits liens. C’est également cette structure qui nous a permit de renforcer les liens entre les associations anti-racistes, féministes, LGBT, syndicales ou encore écologiques, qui travaillent aujourd’hui de forme unies dans cette organisation.
J’y ai milité et dirigé jusqu’en 2020, date a laquelle j’ai été attaqué par un groupe de 10 fascistes membres des Ultras de la ville de Braga et du groupe ultra-nationaliste Escudo Identitaire ( Bouclier Identitaire), qui s’est soldé avec une victime du coté des fascistes qui a souffert d’une perforation par une lâme de couteau durant l’attaque. Couteau que le propre assaillant avait sur lui et voulait utiliser contre moi. Cet évènement m’a poussé à sortir de cette cité, oú j’avais déjà souffert plusieurs tentatives d’attaques (dont une tentative d’homicide), afin de pouvoir mettre ma fille et ma compagne en sécurité.
Je suis donc reparti dans la région de Porto, ou je me suis réintégré dans le groupe antifasciste local. J’y suis depuis comme cadre du groupe, participant à son organisation et son évolution. Actuellement, notre groupe est le plus actif au niveau portugais et un des appuis essentiels pour le Front Unitaire Antifasciste.
De par mes contacts et les relations que moi et ma compagne avons crées entre divers activistes antifascistes qui n’étaient pas organisé jusqu’ici, nous avons réussi à créer des groupes antifascistes à Porto, Braga, Bragança, Coimbra, Santa Maria da Feira et Lisbonne (3 groupes dont un associé au Front Unitaire Antifasciste). De fait et comme le font souvent remarquer nos camarades, ma compagne et moi avons été la source du resurgissement du mouvement antifasciste au Portugal et de sa réorganisation, grâce à notre expérience venue de notre vécu à l’étranger et notre refus systématique du sectarisme et du divisionnisme qui sont très présentes au Portugal et fruit de luttes internes entre les différents partis de gauche. Ce qui fait de nous un choix privilégié lors d’attaques dirigées aux structures antifascistes au Portugal de la part de ces partis, qui tentent nous détruire à cause du fait qu’ils n’arrivent pas à nous contrôler. Attaque qui descendent parfois très bas, avec la propagation de rumeurs et de diffamations tentant salir notre image.
Mon projet pour le futur est la construction d’une plateforme antifasciste internationale, pour laquelle nous avons déjà commencé à faire de nombreux contact qui nous indiquent que de fait, il existe un grand potentiel pour la création de cette structure.
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Liens:
Groupe Antifasciste de Braga : https://www.facebook.com/BragaAntifa/
Groupe Antifasciste de Porto: https://www.facebook.com/AntifaPorto/
Front Unitaire Antifasciste: https://www.facebook.com/FU.ANTIFA – https://frenteunitariaantifa.wixsite.com/fuantifa
Mouvement Alternative Socialiste: https://www.facebook.com/MovimentoAlternativaSocialista/