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Deux remarques sur cette « guerre culturelle » de l’extrême droite-chrétienne américaine. Un, la CRT n’est pas une doctrine officielle de l’Etat fédéral ni des Etats américains. Elle n’est donc pas officiellement enseignée (ce que les écoles concernées indiquent, mais que des groupes de parents conservateurs continuent d’affirmer, à leur habitude d’affirmer que des choses qui n’existent pas existent). Deux, cette théorie comprend des faits et des évidences, comme ce que fut l’esclavage aux Etats-Unis, qui ne lui appartiennent pas, qu’elle ne cherche pas à s’approprier non plus, mais dont l’enseignement est visé par ces « conservateurs » qui entendent donc trier, jusqu’à effacer, dans les faits historiques, entre ce qui leur convient et ce qui ne leur convient pas, au motif que les ancêtres furent en cause dans ET qu’eux-memes aujourd’hui prolongent cette Histoire, par le racisme, et, éventuellement, des actes délictueux, criminels, par l’exploitation économique, qui se trouvait au principe de l’esclavage. Ce sont ces réactionnaires qui voudraient que l’on cesse d’enseigner la véritable Histoire des Etats-Unis, avec des pères fondateurs et des présidents, esclavagistes, d’autres racistes et tueurs de Native People (comme Lincoln).
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« De New York à la Californie en passant par le Texas, une vague de candidats conservateurs sont en campagne pour remplir ces conseils obscurs, chargés de la gestion (vote du budget et des programmes, objectifs, fermeture et ouverture d’établissements…) de leur district scolaire. Pourquoi cet engouement soudain ? La raison tient en trois mots : « Critical Race Theory » ou « CRT ». Développée dans le sillage du mouvement des droits civiques des années 1960, la « théorie critique de la race » est une discipline académique qui énonce que les institutions sociales américaines (justice, marché de l’emploi, logement, santé) sont forgées par des lois et des règlements racistes, préservant le suprémacisme blanc et rendant impossible toute égalité entre Blancs et non-Blancs. Inquiète de voir cette théorie peu patriotique enseignée aux Américains dès le primaire, la droite conservatrice s’est lancée corps et âme dans cette nouvelle « guerre culturelle ». Selon une analyse de la chaîne NBC, au moins 165 groupes et associations diverses, engrenés par une galaxie de think tanks et les médias conservateurs, se battent aujourd’hui contre l’enseignement de la théorie critique de la race dans les écoles. Leurs moyens d’action sont variés : outre les élections aux « schools boards », les parents interrompent bruyamment les réunions de ces conseils et poursuivent en justice les autorités. Certains vont même jusqu’à demander que les enseignants soient équipés de caméras pour que les parents puissent suivre les cours et s’assurer qu’ils ne manipulent pas leurs rejetons. (…) Ce nouvel activisme s’invite aussi dans les chambres législatives. Au moins huit États ont adopté des lois visant à interdire toute discussion sur le racisme systémique ou les concepts associés à la théorie critique de la race, comme les préjugés raciaux conscients ou inconscients, le privilège ou l’oppression. (…) Le sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, décrit la CRT comme un concept « forgé dans le marxisme » et « non américain ». « Cette théorie a un sérieux problème avec les États-Unis, a-t-il lancé. Tous les enfants doivent apprendre l’histoire de l’esclavage, mais réécrire l’histoire de la fondation du pays et dire que l’esclavage est au cœur de notre histoire revient à déformer l’identité américaine. » (…) Les tensions actuelles autour de l’enseignement du racisme trouvent en partie racine dans la publication en 2019 du « 1619 Project », un ensemble d’essais publiés dans un numéro spécial du New York Times Magazine pour marquer le 400e anniversaire de l’arrivée des premiers esclaves africains en Virginie. (…) Face aux accusations qui montent, les districts scolaires paraissent parfois déconcertés. Même s’ils affirment que la CRT, un concept universitaire, n’est pas enseignée dans le primaire ou le secondaire, parents et élus assurent le contraire, car ils l’utilisent comme une sorte de slogan fourre-tout pour dénoncer tout ce qui touche à la race, l’inclusion et la promotion de la diversité. (…) « Nous devons promouvoir la vraie histoire, une histoire honnête sur les injustices mais qui les place dans le contexte de nos plus grands idéaux et du progrès que nous avons fait pour les réaliser. L’histoire américaine authentique est riche en exemples de réussites et de sacrifices qui toucheront les Américains. Cette démarche est aux antipodes du discours pessimiste offert par les théoriciens de la race. »