Actions populaires face à la contre-réforme sur les retraites/l’emploi : des victoires de principe, en attendant une victoire de fait, si et seulement si…

Les hospitalisations, les décès, imputés au Sars-Cov-2 ont été, pour le gouvernement, le prétexte de décréter un « état d’urgence sanitaire » dont il a retardé le plus possible le prononcé de la fin, puisque, pendant cette période, il a ainsi pu augmenter les entraves au droit et au fait de manifester. Sortis de cette nasse, nous ne sommes toujours pas sortis de celle de la prison de la 5ème République, avec sa Constitution anti-démocratique. Depuis janvier, l’opposition sociale au projet  » gouvernemenpatronal  » n’a cessé de progresser, de semaine en semaine, et la journée de mardi 7 mars a atteint un niveau jamais vu en France depuis mai 68. En face, le gouvernement, avec sa majorité, est un mur. Le fondé de pouvoir, résident de la République, continue, tel qu’en lui-même, de monologuer, pour imposer cette contre-réforme. La situation est donc paradoxale : d’un côté, la mobilisation populaire n’a jamais été aussi forte depuis très longtemps, et, de fait, il y a des victoires nombreuses, contre la résignation, contre l’acceptation de réformes néo-libérales, contre le patronat qui se situe derrière cette majorité, mais tant que la contre-réforme n’est pas retirée, il n’y a pas la victoire, la seule, attendue, nécessaire. Or, depuis le tournant du quinquennat sarkozyste, la majorité de droite au pouvoir refuse de reculer face à la majorité civique. François Hollande a été au sein du PS ce politicien qui s’est porté candidat pour que cette « logique » soit prolongée, coûte que coûte, et c’est ce qu’il a fait avec la loi sur le « mariage pour tous » dont nombre se sont réjouis du fait qu’il refusait de revenir sur son contenu, alors qu’il y avait en France une mobilisation catholique très puissante contre, bien que cette obstination politique ait été inquiétante à propos d’autres réformes ultérieures, et c’est ce qui s’est passé avec les gouvernements Valls, Philippe et Borne. Pour éviter toute erreur d’interprétation : il ne s’agit pas de dire que la loi concernant le mariage pour tous était une mauvaise loi, mais que son adoption, même confrontée à une mobilisation sociale conséquente, aurait dû inquiéter, parce que si un gouvernement PS, après celui de la droite sarkozyste, était capable de refuser de céder à une telle pression sociale, il y avait des risques qu’il en fasse de même avec des contre-réformes, anti populaires. Il ne faut jamais se réjouir qu’un gouvernement, dans les conditions légales, politiques, sociales, qui étaient celles de ce PS sous le quinquennat Hollande, fasse passer une loi, malgré une telle hostilité dans les rues, mais certains ont cru qu’il le faisait par « philanthropie ». Cela fait maintenant plus d’une décennie que les citoyens en France subissent des politiques actives de racisme social, décidées et imposées, sans que le gouvernement ne cède. Cette droite économique tient beaucoup à son système électoral et aux élections, seules susceptibles de lui donner une « légitimité », selon SES PROPRES CRITERES, et elle donne la démonstration désormais que ces élections sont une comédie, et qu’il serait possible de s’en passer pour aller plus vite encore : par exemple, en permettant à l’extrême droite d’être élue ? La croissance des mobilisations, l’amélioration du contenu de la conscience politique à propos de ce système, incitent à considérer que la France est en train de vivre un moment indécis et décisif : soit une volonté populaire parvient à contredire radicalement les principes systémiques de sa propre négation, à condition qu’elle parvienne à construire un rapport de force seul susceptible de faire perdre le pouvoir politique, soit elle cède, et sur une telle « victoire », la majorité de droite au pouvoir s’attaquera à tout ce qui reste à laminer. Les rares organisations politiques/syndicales qui ont les moyens d’organiser ce rapport de force ont donc une responsabilité comme jamais. Il leur appartient de faire le choix entre gagner ou perdre, faire gagner la majorité civique, même si cela va passer par des affrontements avec la minorité qui dirige et contrôle ce pays, ou la faire perdre, en se soumettant, une fois de plus. L’Histoire récente n’incite pas à l’optimisme.

Mais alors : comment faire pour être certain qu’il y ait un processus « constituant » qui impose sa force ? Quand un Etat, qui prétend être de « droit » ET « démocratique » en vient à nier et l’existence et la volonté, de la majorité, il faut que celle-ci comprenne qu’elle ne peut pas faire autrement que faire de même envers cet Etat. Et cela doit se dire, s’écrire : c’est la fin (terme) de la « reconnaissance ». Cette négation d’une légitimité doit alors être évaluée dans ses conséquences. Et pour que cela soit clair, il faut l’écrire : publiquement, clairement. « Logiquement », cela devrait s’accompagner d’exigences nécessaires : requérir le départ des principaux dirigeants, dénoncer leurs soutiens. Evidemment, pour qu’il y ait un poids à l’affirmation de ces principes, orientations, engagements, il faut qu’il y ait des actions concrètes : il faut agir de telle manière que l’on prive la force adverse de son énergie, de ses moyens. Le détail d’une telle, calme, insurrection, n’est pas à formuler ici.

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