“«AOC» face à Trump: républicains complices, démocrates hypocrites”

Ci-dessous, un extrait de l’article de Mathieu Magnaudeix, publié par Médiapart

Il faut rappeler que “la bande des 4” appellent leurs collègues, élus, du Congrès, à lancer la procédure de destitution de Trump, et ce même si le succès de cette démarche est incertain et improbable.

New York (États-Unis) de notre correspondant.– Lindsey Graham incarna un temps l’opposition républicaine à Donald Trump. Le sénateur de Caroline du Sud le qualifiait il y a quatre ans d’ « extrémiste religieux et xénophobe »Trump, disait-il, « incite au racisme ». Graham Lindsey mange désormais dans la main du Caligula d’opérette de la Maison Blanche. Il rampe. Il le flatte. Il susurre à son oreille. Graham est devenu un laquais. Comme son parti, le républicain n’a plus rien à dire quand le locataire de la Maison Blanche insulte quatre élues du Congrès. Bien fait pour elles, voilà sa seule réponse : elles ne sont qu’un ramassis « de communistes », d’« antisémites », des traîtresses « anti-américaines ». Lindsey Graham est l’avatar contemporain du sénateur McCarthy, de sinistre mémoire. Dimanche 14 juillet, le 45e président américain, Donald J. Trump, a insulté sur Twitter quatre représentantes américaines. Quatre femmes élues pour la première fois en novembre dernier, sommées de « rentrer dans leur pays ». Des figures de la gauche en plein réveil. Deux musulmanes (les deux seules du Congrès), une Noire, une Hispanique. Et pour plus de clarté, il a récidivé le lendemain. « Elles détestent notre pays. » « Elles veulent partir, elles peuvent partir. » Comme Graham, les républicains n’ont rien trouvé à déplorer. Seuls trois élus du parti (deux sont noirs) ont dénoncé la haine présidentielle. La boussole morale du parti républicain est égarée depuis longtemps. Trump dégurgite son racisme à longueur de journée (les Mexicains « violeurs », les migrants « criminels », des « animaux », les nazis de Charlottesville « des gens très bien », etc.). Et les républicains se taisent. Il faut les comprendre : Trump est leur divine surprise. Il est embarrassant, mais il nomme des juges fédéraux ultra conservateurs. Il a fait basculer la Cour suprême pour des années ou des décennies. Il nie le changement climatique, il dérégule. Il fait ce dont la droite américaine rêvait depuis des années. Il est un peu leur nouveau Reagan, en plus gênant. Tant pis pour les enfants du Guatemala qui meurent dans les camps de migrants où les détenus boivent l’eau des chiottes. Le sort des républicains est désormais arrimé au destin présidentiel du perruqué de la West Wing. Ils sont les complices d’une présidence déchaînée, corrompue, suprémaciste, d’extrême droite. L’histoire les jugera sévèrement. Ils s’en foutent. Heureusement qu’en face, il y a les démocrates ! Le parti s’est empressé de dénoncer le racisme présidentiel ! Une très officielle résolution de la Chambre des représentants condamnant les propos de Trump devrait bientôt être adoptée. Historique ! Mais plutôt hypocrite. Car la brèche dans laquelle Trump l’opportuniste s’est engouffré a été ouverte… par la direction du parti démocrate. C’est en effet justement contre ces quatre-là, contre les élues ciblées par Trump, que la cheffe de la nouvelle majorité de la Chambre des représentants, la puissante Nancy Pelosi, a lâché ses coups début juillet.« Ces gens ont leur public, et tout ça, et leur monde sur Twitter, a-t-elle dit à Maureen Dowd, chroniqueuse mondaine au New York TimesMais elles ne sont pas suivies. Ce sont quatre personnes, elles n’ont pas plus de votes que ça. »L’attaque a été abondamment relayée et commentée. À raison : elle n’est pas anodine. La presque octogénaire Pelosi, oligarque californienne du parti démocrate, a un temps profité de l’aura médiatique de ces quatre-là pour peaufiner son profil progressiste. Elle a tiré parti de leur nouveauté, de leur jeunesse, de leur radicalité. En mars, elle posait avec deux d’entre elles en une du magazine Rolling Stone. Quelques mois plus tard, cette photo ne serait plus possible. La bande des quatre, « The Squad » (« la brigade ») comme elles se nomment et se font nommer, ont en effet récemment commis un crime de lèse-majesté : elles sont restées fidèles à leurs convictions.

Ci-dessous, un extrait d’un meeting où les hystériques Trumpistes, ivres de haine, disent vouloir exclure/déporter hors des Etats-Unis, une citoyenne américaine… au motif qu’elle est radicale et musulmane.

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