Cédric Chouviat, Adama Traoré : racisme social/racisme expliquent le “désavantage non-blanc” mais aussi la différence entre les sans protection et les protégés

De cette formule du “privilège blanc”, certains font semblant de ne pas comprendre ou ne comprennent pas, vraiment, ce qui s’explique pourtant par un fait fondamental humain : étant donné ce qu’une personne est, il faut, pour la comprendre, se mettre à sa place. Ainsi, en changeant de couleur de peau, ou même de sexe, ou de sexe ET de couleur de peau, vous faites l’expérience, en devenant, en apparence, un autre, de ce que celui-ci, celle-ci, peut vivre dans l’espace public. Par exemple, quand un homme s’habille comme une femme, se maquille, etc, d’une manière crédible, et va se promener dans les rues des villes, il peut faire l’expérience de ce qu’est le regard masculin sur les femmes : un regard scrutateur, examinateur, qui, comme elles disent, entend “déshabiller”. En se mettant à la place d’un homme noir, d’une femme noire, et en circulant dans les rues de nos villes, vous pouvez faire une autre expérience : des regards, de peur, de mépris, de haine, ET d’être, au moins momentanément, arrêté, pour une requête policière, “vos papiers”. A l’inverse, des marcheurs blancs ne sont pas arrêtés, pour une même requête. C’est ce qui s’appelle “le privilège blanc” – qui est peut-être mal nommé, puisqu’il faudrait plutôt désigner le fait, à savoir le non-privilège non-blanc, le désavantage non-blanc. En outre, pour celles et ceux qui ne comprennent pas, parce qu’ils font semblant ou réellement, ce qui est arrivé à Cédric Chouviat est censé constituer un contre-exemple, qui annulerait le sens de ce principe : la mort d’un blanc prouverait l’inexistence de ce “privilège”. Or, celles et ceux qui mettent en cause ce “privilège” n’ont jamais dit qu’aucun blanc ne peut mourir à l’occasion d’une arrestation qui se passe mal. Mais, pour eux, et, avec raison (les chiffres), la différence est celle qui existe entre la règle et l’exception : Cédric Chouviat étant l’exception, Adama Traoré, la “règle” – la règle, quand une arrestation se passe mal, ce qui, heureusement, constitue une “exception” (une exception au regard du nombre des personnes interpellés, mais une exception dont le nombre n’est pas compris entre 1 et 10, d’autant qu’elle devrait être si exceptionnelle qu’elle ne devrait pas se produire, puisqu’il y a des formes pour “immobiliser” une personne, sans la tuer, ce que prouve l’immense majorité des arrestations réussies). Mais alors, si des hommes et des femmes, de toutes les couleurs, peuvent être, arrêtées, violemment arrêtées, et parfois, à de telles occasions, perdre la vie, comment expliquer et ce désavantage non-blanc, et les limites d’un tel privilège, comme pour Cédric Chouviat ? C’est que LE critère majeur d’une arrestation qui dégénère est le STATUT social de la personne arrêtée : quand il s’agit d’une personne des quartiers pauvres, et d’une personne d’une autre couleur de peau que blanche, la manière d’arrêter, de s’adresser à la personne, intègre une auto-autorisation de procéder, sans respect, voire pire; quand il s’agit d’une personne, blanche, qui ne fait pas partie, à l’évidence, des personnes importantes et aisées, il en va de même, et c’est ce qui s’est passé avec Cédric Chouviat. Si Cédric Chouviat avait été noir, son interpellation violente aurait commencé beaucoup plus tôt; si Cédric Chouviat avait été une personne VIP ou à l’évidence, fortunée, il n’y aurait eu aucune arrestation, mais seulement, et encore sans certitude, une convocation ultérieure dans un commissariat. C’est bien pourquoi ces faits constituent la preuve de l’existence de ce double principe, racisme social/racisme : racisme social, Cédric Chouviat a été perçu, SANS PRIVILEGE, comme Adama Traoré l’a été également, racisme, Cédric Chouviat n’a pas été perçu et mis en cause comme tel, mais on peut penser que, étant donné les propos tenus par un gendarme qui a évoqué ce qu’il savait et pensait d’Adama Traoré, avant son arrestation, Adama Traoré a, lui, été perçu avec ce prisme du racisme. La chaîne CNews vient d’en faire une démonstration inverse : en recevant, avec, sympathie, humour, ton potache et soutien, Patrick Balkany, pourtant condamné par la Justice pour des faits sérieux. Quand il a été conduit à la prison, après sa première condamnation, on se souvient (vous souvenez-vous ?), qu’il lui avait été accordé le privilège de ne pas être menotté. A l’inverse, une personne qui n’a commis aucun délit, ou réel, ou grave, peut être immobilisée ET menottée, et en plus, subir une force physique déséquilibrée.

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