Colloque Wokisme/Décolonialisme : quand des Obscurantistes invoquent les Lumières pour célébrer la Déesse Folie, rejeter la construction du nouvel Humanisme réellement universel

Ci-dessous, vous trouvez des extraits de l’article publié par Médiapart : « Un vrai-faux colloque à la Sorbonne pour mener le procès du « wokisme » »

« Dans les travées, avant l’ouverture des travaux sur « la pensée décoloniale, aussi nommée woke ou cancel culture », les discussions donnent un peu le ton : « Maintenant, si tu as un fils qui veut mettre une jupe, tu vas devoir lui dire “oui, peut-être”, se plaint un participant. Alors qu’il y a 30 ans, ça ne se faisait pas, et puis c’est tout. Aujourd’hui, tu es homme hétérosexuel le lundi, femme le mardi et tu te fais opérer le mercredi… » Le député Les Républicains (LR) François-Xavier Bellamy tweete depuis la salle ses remerciements pour cette initiative « salutaire ». Élisabeth Lévy, éditorialiste vedette du magazine Causeur, distribue les saluts sonores, une journaliste prend des notes pour l’Incorrect. D’autres spectateurs ont tout annulé pour entendre en vrai de vrai Mathieu Bock-Côté, chroniqueur choisi par Europe 1 et CNews en remplacement de Zemmour. « Je l’adore, il est génial, non ? » Ils seront servis. Nombre des intervenants sont des chouchous de CNews et de FigaroVox, effrayés par la « dictature des minorités » : l’essayiste Pascal Bruckner, figure médiatique de ce courant néoconservateur qui a récemment publié Un coupable presque parfait. La construction du bouc émissaire blanc (Grasset, 2020) ; le dessinateur Xavier Gorce, récemment remercié par Le Monde en raison de ses dessins insultants ; Pierre-André Taguieff, qui a imposé le terme d’« islamo-gauchisme » dans le débat public et dont Nicolas Lebourg rappelait récemment dans Mediapart le rôle essentiel joué dans la dénonciation de l’antiracisme comme « nouveau totalitarisme » ; ou encore le linguiste François Rastier, connu pour ses croisades contre l’écriture inclusive et les recherches sur le genre. Mais pour l’heure, la star du jour s’appelle Jean-Michel Blanquer, présent à la tribune en ouverture des travaux. Le ministre de l’éducation nationale remercie les organisateurs pour ce colloque sur un thème « si essentiel », « pour avoir eu le courage et la persévérance de l’organiser », et s’excuse par avance de la brièveté de son passage, « en raison de la crise sanitaire », mais il « devait être là, en Sorbonne ». Le ministre a même financé l’événement sur un fonds réservé. « Quand l’université ne soutient pas les universitaires, il faut bien qu’ils aillent chercher du soutien ailleurs », nous a répondu la professeure de littérature Emmanuelle Hénin, cheville ouvrière de l’opération. Un tel patronage n’a rien d’évident. Co-organisé par deux associations extra-universitaires controversées, l’Observatoire du décolonialisme et le Collège de philosophie, l’événement ressemble plus à une discussion savante – mais très politique – qu’à un colloque selon les canons du genre. Contactée par Mediapart, Sorbonne-Université a d’ailleurs tenu à préciser qu’elle n’avait rien à voir avec l’organisation, nous renvoyant vers la chancellerie des universités. Celle-ci, sous le patronage du recteur de Paris, propose en effet différentes salles du prestigieux bâtiment à la location pour des entreprises, des associations, autonomie des universités oblige… L’Observatoire du décolonialisme, fondé l’an dernier pour « mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs » par « l’idéologie décoloniale », réunit des universitaires et des chercheurs, pour certains éminents dans leur spécialité, mais qui ont tous pour point commun de ne pas avoir de compétence particulière sur les sujets de sciences sociales dont ils parlent.(…) Enfin le Collège de philosophie, association loi 1901 pour le moins confidentielle, peut induire en erreur tant son nom est proche du Collège international de philosophie, une institution au rayonnement scientifique international, créée notamment par Jacques Derrida, le penseur de la déconstruction. Des intellectuels tels que Giorgio Agamben, Barbara Cassin, Jacques Rancière, Alain Badiou en ont assuré la renommée. (…) Parmi les intervenants, mêmes approximations et parfois tromperies sur l’étiquette. Sami Biasoni, présenté comme philosophe, est un ancien trader en matières premières à la Société générale, ancien candidat aux municipales sur une liste dissidente de LR dans le VIIIe arrondissement de Paris, actuellement inscrit en doctorat de philosophie. Mais on ne lui connaît aucune publication scientifique. Pierre Valentin, également présenté comme philosophe, est en réalité « journaliste en formation », salarié depuis un an par FigaroVox. Il est l’auteur d’une note sur le « phémonène woke » pour la Fondapol, « en deux volumes ». L’agrégé de lettres classiques et adjoint à l’urbanisme à la mairie de Pecq, Raphaël Doan, devient, dans cette présentation, « historien » et intervient sur la « cancel culture ». (…) Certains débats du colloque tentent de sortir de l’acrimonie, notamment sur la question de la place de l’étude de l’islam à l’université, avec les interventions moins directement polémistes du sociologue Bernard Rougier (lire ici son portrait dans Le Crieur) et du politologue Arnaud Lacheret, basé au Bahreïn. Mais les outrances l’emportent le plus souvent, dont celles de Pierre-André Taguieff, qui n’hésite pas à faire du « wokisme » un « ethnocide de grande ampleur », ou de la sociologue de l’art Nathalie Heinich, qui parle « d’abus sur enfant » en donnant les coordonnées d’une association luttant contre ce qu’elle nomme une « épidémie de transgenres » favorisée par les enseignants de l’Éducation nationale. »

https://www.mediapart.fr/journal/france/080122/un-vrai-faux-colloque-la-sorbonne-pour-mener-le-proces-du-wokisme

Sur Twitter, Olivier Compagnon, présent lors de cette réunion politique fallacieusement baptisée « colloque », a publié, pour les deux jours, de longs fils par lesquels il a cité des propos des uns et des autres.

Cet « A l’air libre » permet de comprendre pourquoi « Blanquer, le ministre que les profs détestent » fait corps avec ce discours d’extrême-droite « anti wokiste ».

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