En Italie, des intellectuels ne peuvent pas faire autrement que de nommer et de faire face au “fascisme”, passé et présent…

Des publications de Pierre Vespérini et de Joëlle Stolz nous apprennent que deux intellectuels italiens, Luciano Canfora et Donatella Di Cesare, sont tous les deux attaqués en “diffamation” pour dire que des dirigeants néo-fascistes sont… fascistes. C’est que, même si l’extrême droite a eu l’habileté de se réhabiliter par les voies de la politique selon les règles des pseudo “démocraties” d’Europe de l’Ouest (qui leur étaient et sont encore si favorables) comme par la voie d’ouvrages multiples, notamment d’Histoire, il n’en reste pas moins que les vérités historiques et politiques les plus fondamentales restent ce qu’elles sont, et que l’extrême droite européenne a un lourd passif dans son passé, notamment avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dès lors qu’il existe, le fascisme, politique, intellectuel, combat tous et tout ce qui s’oppose à lui, et qu’il faut, le concernant, en faire de même, et pas seulement en revendiquant le minimum, le droit de pouvoir parler sur et contre lui, puisqu’il s’agit là du droit le plus élémentaire et, éventuellement, du dernier droit qu’il peut rester à celles et ceux qui veulent le combattre. C’est le fait que, depuis des années, le combat civique contre le fascisme a cessé ou en tout les cas est devenu faible, qui explique cette situation. Il y a trop peu d’engagement politique et intellectuel, du côté des citoyens non/anti fascistes. Trop d’intellectuels, par exemple, universitaires, ont pu faire le choix, font le choix, de s’en tenir à leur chaire, et sont inexistants sur les places publiques où ceux qui vocifèrent font, eux, en effet, beaucoup de bruit pour rien. Cette régression sur la sphère professionnelle, comme familiale, a offert un désert civique à ces chantres de la guerre civile généralisée. Et maintenant, les rares intellectuels qui s’expriment sont ciblés, visés. Il faut donc continuer à s’exprimer, sans même revendiquer un droit qui va de soi, et qui est aussi le même qui permet aux fascistes de dire tant et tant, et inviter les silencieux et les indifférents évoqués par Gramsci à cesser de croire qu’ils vont pouvoir s’en sortir en restant dans l’abstention verbale et civique/politique. Le présent en Palestine/Israël nous montre et démontre ce qu’il advient d’un territoire humain dès lors que l’extrême droite la plus raciste parvient au pouvoir. Comme un célèbre politicien anglais dont la réputation mondiale est inverse à ce que fut sa réalité historique, l’extrême droite promet toujours des larmes et du sang, et, évidemment, elle tient parole. Si des citoyens se soumettent à cette volonté de violence, alors… Pour faire face au fascisme, politique comme intellectuel, encore faut-il en avoir une analyse précise, totale, sans s’en tenir à des représentations réductrices… Tariq Ali a, de ce point de vue, produit un travail d’utilité universelle, concernant, précisément, Churchill qui, de l’Inde avant la seconde guerre mondiale à la Grèce après la seconde guerre mondiale, a un parcours à rebours de son “image” obtenue grâce à la seconde guerre mondiale et à ses responsabilités à la tête de l’Angleterre et du Royaume-Uni pendant cette période.

PS : en France, une coordination antifasciste pour l’affirmation des libertés académiques et pédagogiques, est constituée depuis peu http://caalap.franceserv.com

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