François Ruffin passe aux aveux : le fond(s) de sa pensée, la réalité de sa pratique, sont incompatibles avec… – en effet !

François Ruffin a, explicitement, cherché à faire le buzz, en usant du poids des mots et du choc des images. Intégré et vivement soutenu au sein de la LFI (comme d’autres, Corbière, Garrido, Autain, Guénolé…), il a tourné casaque, avec, dans un premier temps, une ligne ultra-minoritaire (sa-leur participation à la manifestation en faveur d’Israël, sous le couvert de la lutte contre l’antisémitisme), puis a mis un peu d’eau dans son vin, à l’occasion des élections législatives (il fallait bien être élu…), avant de, une fois réélu, tourner le dos clairement et définitivement (mais peut-on dire définitivement avec les opportunistes, faibles, qui ont toujours besoin des autres ?!) À la LFI, en tenant des propos violents, très accusateurs – par comparaison avec lui, le chevalier blanc social-démocrate… Afin de continuer à financer son aventure personnelle, il a donc fait paraître un énième ouvrage, destiné à le mettre en scène : François, ce héros… Justement, des « héros » et « héroïnes » ont eu le courage de lire ce livre et, ainsi, d’en parler et de le commenter : ci-après, est publié un texte rédigé par une personne qui n’est pas l’auteur du blog, lequel publie ce texte, avec plaisir, joie. Voici donc quelques passages gratinés, cités et commentés.

Page 25 : “Donc on a fait quoi, comme campagne, depuis l’automne ? «Gaza Gaza Gaza…» Et sur quel ton ? Quiconque ne s’alignait pas aussitôt sur la FI, sur nos positions, était qualifié de «génocidaire», de «colonialiste», de «complice du gouvernement fasciste de Nétanyahou», ect”. 

Le génocide en Palestine, un sujet secondaire ? Pas tellement urgent, on en parlerait trop ? Des enfants se font décapiter avec des armes que NOUS (« la France », l’Etat français) fabriquons et que NOUS envoyons en Israël. Plus de 40,000 morts (et bien plus selon The Lancet, une revue scientifique crédible) en seulement 10 mois, la situation est donc plus qu’urgente. De plus, alors que les élections européennes portent sur l’Europe/Union Européenne, le conflit israëlo/palestinien est un sujet central, en raison du nombre de citoyens ayant une double nationalité, une européenne et l’autre, israélienne, en raison des accords entre l’UE et Israël, en raison des flux financiers entre, majoritairement au profit d’Israël, une colonie qui ne peut pas vivre sans ces perfusions. Croire et dire, que ce n’est qu’un sujet pour faire campagne est absolument abject. La France insoumise dénonce les crimes de Tsahal depuis le 8 octobre. Ça ne date pas d’hier, ni du 8 octobre. En disant cela, il réduit la cause de Gaza à un simple sujet comme un autre, qui n’aurait servi qu’à rapporter des voix en plus pour les européennes. Autant dire que, par et pour lui, ce qui se passe en Palestine, à Gaza, n’a pas été un sujet principal de discussion. Les racistes antipalestiniens, les sionistes lui disent merci. 

Page 33 : “Les Gilets jaunes, c’est le détachement de la France des bourgs, de la France des ronds-points, les blancs des campagnes. Les révoltes après Nahel, c’est le détachement des quartiers, de la jeunesse des cités, des racisés”. 

Ce parallèle est particulièrement choquant, d’autant plus qu’il compare deux évènements qui n’ont rien à voir dans leurs origines, leurs revendications et leurs objectifs. Comme si les Gilets jaunes étaient surtout menés par les blancs. Mais l’augmentation du prix de l’essence ne concerne t-elle pas toute la population française ? La demande d’une hausse du SMIC n’est-elle que l’affaire des blancs des campagnes ? Il oppose cela aux révoltes concernant Nahel, comme si ces deux évènements étaient les deux faces d’une même pièce. Il nous dit que ces manifestations étaient principalement menées par des jeunes de cités, racisés. Et donc ? Le meurtre de Nahel soulève un problème qui concerne les personnes non-blanches et vivant dans les quartiers populaires, qui subissent un traitement différent par la police (contrôle au faciès, violences policières…). Ces personnes ont le droit de manifester leur mécontentement, sans que cela soit perçu comme une division de la France entre les blancs et les noirs/arabes ? Faudrait-il que les blancs des campagnes, comme il les appelle, rejoignent le mouvement pour que ce dernier devienne légitime ? Le but de ces révoltes est de mettre en lumière la colère des personnes vivant en cité. Les gens des quartiers populaires ont le droit d’avoir leurs propres mouvements sans que cela soit assimilé à une opposition entre la “France des tours et la France des bourgs”. 

Page 101, pour parler de la campagne législative 2022, durant laquelle il admet avoir fait campagne au faciès : “Dans les immeubles d’Amiens-Nord, quand je tombais sur un Noir ou un Arabe, je sortais la tête de Mélenchon, en bien gros sur les tracts […]. Son nom servait de passe-partout, l’étendard d’une dignité retrouvée. Mais dès qu’on tombait sur un Blanc, pas seulement dans les campagnes, même dans les quartiers, ça devenait un verrou […]. Du coup, je présentais un autre document, sans sa tronche ni son nom”. 

Ce passage a évidemment fait polémique, il dit en avoir honte, et il a de quoi, cette entreprise est ignominieuse. L’essentialisation des gens selon leur ethnie : c’est ce qu’on appelle du racisme, pur et dur. Le simple fait qu’il ait osé l’écrire et le dire en direct à la télévision est une honte. A t-il pensé aux répercussions, à l’impact que ce genre de propos peut avoir sur les personnes “racisées” dont il parle ? Les Noirs et les Arabes seraient des électeurs incapables de penser par eux-même et qui se laisseraient convaincre simplement en voyant le visage de Mélenchon ?! Il faudrait donc changer de discours, de ligne politique selon la couleur de peau de la personne à qui l’on s’adresse ? L’usage de deux tracts différents a été réitéré pendant la campagne de 2024, avec d’un côté un tract avec la photo de Mélenchon, disant qu’il faut “un Front Populaire avec Jean-Luc Mélenchon”, destiné aux quartiers populaires. Et de l’autre, un tract s’intitulant “François Ruffin n’a rien à voir avec Jean-Luc Mélenchon”. Sachant que tout le long de la campagne, il s’est employé à traiter Mélenchon de “boulet” qui risque fortement de le faire perdre, un poids pour la gauche. Il est opposé à la stratégie de Mélenchon mais il ne se dérange pas d’utiliser son image afin de s’assurer le vote des quartiers populaires. Non seulement cette stratégie est hypocrite et infâme, mais c’est considérer une nouvelle fois que les gens des cités, les “racisés” comme il les désigne, se laissent convaincre à la simple vue de Mélenchon. Quand l’on considère que Mélenchon est un “boulet”, qu’il est un obstacle à la victoire du Nouveau Front Populaire et que l’on s’oppose à sa stratégie pour convaincre les quartiers populaires, on évite d’utiliser son image sur ses tracts et on essaie de convaincre les “Noirs et les Arabes” avec ses propres arguments. Sans les quartiers populaires, il aurait perdu son poste de député à l’Assemblée nationale. Alors il remerciera la France insoumise d’avoir réussi à convaincre les “tours” d’aller voter en évoquant les sujets qui les concerne particulièrement (l’islamophobie, le racisme). Pour cela, il faut être honnête… Il a donc préféré donner dans le Mélenchon-bashing, et c’est en pratiquant cela, avec de telles agressions verbales, des phrases qui, la plupart du temps, ne sont pas argumentées, expliquées, que la presse qui protège les puissants, les puissants, l’Etat, le capitalisme, lui a donné et lui donnera des échos, ravie qu’elle est de tels services (sévices) rendus. Les courageux affrontent les problèmes et les difficultés, les autres font semblant. François Ruffin a choisi de ressembler à un célèbre social-démocrate de notre temps, avec son pistolet à bouchon – à une exception, quand il s’agit de tenter de tuer Jean-Luc Mélenchon, par exemple, en l’accusant de racisme social, contre les habitants, pauvres, de sa région. Des accusations qu’il ne peut démontrer et dont la crédibilité est nulle. 

Mais lui, ce chevalier blanc social-démocrate, quel est-il ? Un livre nous parle du François Ruffin, par-delà les images télévisuelles… – un livre dont il sera question dans une prochaine note.

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