La majorité des Italiens en a eu assez de sa « classe politique », identifiée à la trahison des intérêts nationaux, des droits des travailleurs, à la corruption, aux compromissions avec telle ou telle mafia. Ils ont cru pratiquer le « dégagisme » en élisant, d’un côté, Salvini, de l’autre, les 5 étoiles. Le « souveranisme » proclamé des uns et des autres est vite devenu très étroit, dans la pratique réelle du gouvernement. Face à l’UE, l’imprécateur permanent Salvini tempête, mais dès qu’il faut en venir aux choses sérieuses, il revient à la « bonhomie » politique classique. Pour le reste, les femmes, les enfants et les hommes qui « migrent » sont sa proie avec laquelle ils jouent, en faisant semblant d’être en colère. Ils sont son fonds de commerce. Ces « nomades », ainsi que les femmes et hommes qui les aident, sont traités comme des « criminels ». Le sujet des « papiers », des documents légaux à une circulation, est devenue centrale. Des milliers d’Italiens, notamment pour le travail, obtiennent des papiers. Ils sont citoyens d’un Etat puissant, et l’autre Etat concerné par une telle venue les traite avec respect. Dans le passé, beaucoup ont circulé sans papiers, et ont été heureux de ne pas être rejetés – et ces Italiens-là furent des millions. L’époque est devenue, avec les progrès de l’écrit et de l’informatique, une époque de contrôle. Des papiers justifient de beaucoup, l’absence de papiers en fait de même. Les migrants proviennent de pays, de territoires, qui n’ont, soit pas la capacité, soit la capacité et la volonté, d’émettre de tels papiers, en liaison avec les pays concernés par un déplacement. Ce sont donc des Etats de droit qui créent ainsi des zones de non-droit. Ce « vide » devrait être internationalement pris en charge par l’ONU. Des papiers, officiels, provisoires, devraient être pouvoir attribués à tout être humain, grâce auxquels il, elle, serait protégé. En attendant qu’une telle perspective soit, enfin, étudiée, discutée, mise en place, il appartient aux Italiens d’agir. Ils pourraient le faire en s’inspirant de deux parties de leur Histoire : la République romaine devenue l’Empire romain, et le Christianisme. L’Italie est une émanation, en réduction, de ce que fut l’ancien et disparu Empire Romain. Comment les Romains agissaient-ils envers les « étrangers », les non-Romains, qui circulaient ? Aucune hystérie : les Romains, sûrs de leur force, et de leur Droit comme partie de leur force, échangeaient, commerçaient, avec, accueillaient nombre d’étrangers, sans le moindre problème. Evidemment, il serait tentant de réduire les étrangers aux esclaves, et si ceux-ci en étaient, et étaient, de fait, insérés à la vie sociale et économique, nombre d’étrangers n’étaient pas des esclaves. Les Romains n’avaient ni peur de leur existence, de leurs Dieux, etc. S’ils ont fini par se méfier de quelques étrangers, ce furent ces « Chrétiens » dont la « foi » zélée menaçait les fondements de l’Empire, mais, malgré les persécutions, il n’y eut aucun plan pour interdire le Christianisme, pour éliminer ou expulser totalement et définitivement celui-ci, et on sait que l’Empire a fini par devenir chrétien. L’autre partie est ce Christianisme lui-même : Jésus est un nomade, pauvre, et il est « comme » un migrant. Les Chrétiens, italiens, devraient traiter tous ces migrants comme si Jésus en personne venait frapper à leur porte. Et c’est ainsi que nombre d’Italiens, croyants, pratiquants, interprètent les choses. Mais ceux-ci, ou ne se font pas entendre, ou ne sont pas assez nombreux, face à celles et ceux qui pensent une Italie-citadelle. De ce point de vue, le souverain pontife romain a une grande responsabilité. Sa parole pourrait être autrement plus claire, forte, son action, également, puisqu’il pourrait menacer Salvini et ses amis d’une… excommunication ! Pour l’heure, il est bien « modéré », « tempéré », face à des individus qui incarnent la négation des principes, des valeurs, de l’Histoire chrétienne… Sauf si cette Histoire est celle d’un mensonge, d’une escroquerie…
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