Palestine et ONU : la constante référence, la constante impuissance, pourquoi ? Pourquoi les citoyens du monde sont, ensemble, les Juges de… ? 

Dès lors que des pays, des peuples, connaissent, subissent, une situation collective tragique, marquée par des morts, de mort violente (principalement tués par des armes), de nombreuses consciences invoquent, de manière sensée et légitime, l’autorité de l’ONU, cette « assemblée des peuples et des Etats », et, tout aussi fréquemment, la plupart de ces consciences disent constater une impuissance, qui ruinerait, avec la signification, l’existence. Mais l’ONU n’est pas une tutelle supérieure aux peuples et aux Etats : elle ne dispose, en propre, d’aucune force de « police » et de « justice », puisque l’ONU est seulement le cumul de ces peuples et Etats, par des représentants. Or, si dans la réalité, dès lors qu’un particulier est accusé, soupçonné, d’un crime, il peut être recherché, retrouvé, mis aux arrêts, selon un mandat légal, et, éventuellement, poursuivi par une instance judiciaire, l’ONU n’est pas l’Etat des Etats, avec des moyens propres. Au sein de l’ONU, les représentants parlent et se parlent, ni plus ni moins. Et c’est pourquoi le nom même de l’ONU est l’impuissance : bien que les Nations Unies, comme on les appelle, aient adopté moult résolutions, à propos de la Palestine, et souvent contre Israël, les autorités israëliennes font, comme si, ces résolutions n’existaient pas. Elles ne sont pas contraignantes. Si, au sein des pays, Etats, il en allait de même pour les personnes accusées de, il n’y aurait aucun processus judiciaire. Or la CPI n’est pas cette instance manquante. Son statut est problématique, et des Etats comme les Etats-Unis ne reconnaissent pas cette institution. Les Etats prétendent se situer au-dessus des lois internationales. Les particuliers peuvent difficilement échapper à une volonté judiciaire les concernant : les Etats le peuvent. Ce problème n’a toujours pas été résolu.

Les autres vidéos du Tribunal Russell se trouvent ici : https://www.youtube.com/@TribunalRussell/videos
Frank Barat, qui anime le Festival https://www.festivalpalestine.paris/fr/

Ce sont les peuples humains qui, ensemble, sont les seuls en situation de pouvoir et devoir juger les crimes, de guerre, contre l’Humanité. Il existe des tribunaux internationaux populaires, par exemple, le Tribunal Russell, ou Tribunal international des crimes de guerre, ou Tribunal Russell-Sartre (concernant la guerre américaine au Vietnam), le Tribunal Russell pour la Palestine, http://www.russelltribunalonpalestine.com/en/ celui sur le droit au logement et sur les expulsions https://fre.habitants.org/tribunal_international_des_expulsions, il y a eu le Tribunal international des crimes contre les femmes, le tribunal permanent des peuples https://permanentpeoplestribunal.org/?lang=en. Mais ces tribunaux, déliés de toute force contraignante, restent avant tout des tribunes pour une conscience collective – ce qu’il est important de faire exister et de faire entendre. Il faut donc se demander si, dans les relations internationales, la « Justice » est, de facto, impossible. Qu’entendons-nous par « Justice » ? Pour évaluer la différence entre le juste et l’injuste, il faut avoir, des principes, des faits à juger, des jugés et des juges. Les Etats incriminés refusent de comparaître et mettent en cause les juges et le tribunal et les principes – et il faut reconnaître qu’une telle non-reconnaissance peut être sensée, juste, si les principes sont mauvais, si les juges le sont aussi. Rien ne va de soi dans un tel processus. Il faut pouvoir, constamment, se… justifier. Or les victimes survivantes, les familles survivantes des victimes décédées, ne peuvent pas attendre des décennies, puisque, dans ce cas, chacun sera mort. D’ailleurs, pour certains, il ne faut rien attendre ici-bas, parce que la « Justice » sera rendue au-delà. Avec le développement démographique et la dissémination humaine sur l’ensemble de la planète, notre époque se caractérise par une proportion toujours plus grande de crimes et de criminels qui échappent à toute perception judiciaire, et, à fortiori, à toute poursuite. C’est pourquoi il est si important de travailler sur ce qui se situe en amont de ces crimes : leurs conditions de possibilité. Un monde juste connaîtra moins d’injustices et de crimes. Pour avoir perdu ou oublié cette orientation sur notre boussole, le devenir toujours plus injuste du monde par l’interaction de plusieurs, principes, facteurs, puissances, a permis de nouveaux malheurs, dont ceux des Palestiniens aujourd’hui sont parmi les plus emblématiques et terribles. En Israël, l’abandon de l’espace politique par une gauche fraternelle et ambitieuse a permis à une extrême droite sanguinaire de croître, jusqu’au point que nous lui connaissons. Des bellicistes dans l’âme ont favorisé une guerre, l’usage des forces matérielles pour atteindre les corps. Ils ont eu ce qu’ils voulaient. Il ne faut pas attendre qu’une « Justice » puisse juger ces crimes. Il relève déjà de la « Justice » d’agir contre, ces violences, leurs principes, et ce parce que la Justice relève d’une oeuvre collective permanente. Nul besoin d’attendre une instance spéciale pour pouvoir juger les crimes de guerre : la conscience est claire. Et sur les responsables et coupables, il faut donc faire peser tout ce qu’il est possible de faire peser : des mots et des forces. 

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