“« Sans-abrisme » une expression pour cacher un génocide social et humain !”, par David Lerenard

Le partage de ce texte-synthèse se justifie par sa qualité, le fait qu’il propose une synthèse sur le sujet, qu’il entend motiver contre le consentement à ce crime collectif. Sur ce blog, plusieurs textes ont développé des parties de ce texte, et ses intentions. Il est temps d’être nombreux à être unis pour agir.

Sans-abrisme

Il est fréquent dans l’action sociale de changer de terme pour désigner une réalité, ainsi, je découvre le « sans-abrisme » qui nomme ainsi une population plus large que les « sans-abris » ; les SDF, les clochards. On inclut toutes les personnes hors et en hébergement de fortune, les « bricolés » du système : hôtels, CHU, CHRS, SHUDA ….. et d’autres. Derrière ce mot, je découvre que ce concept fourre-tout est de fait un paravent pour cacher des réalités cruelles…

On ne sait pas qui ils sont…

C’est une approche grossière, il s’agirait des personnes à la rue et des personnes en hébergement temporaire… Pour la population française, ils apparaissent tantôt sous les traits du clochard du quartier, un peu sympathique, libertaire, poète et surement ivrogne ; tantôt, ils apparaissent sous la forme de bandes de jeunes, agressives, inquiétantes, bruyantes, ce sont aussi ces petites bandes avec des chiens, souvent gentils, mais pas toujours, puis ce sont encore ces étrangers qui campent, qui créent des bidonvilles au bord du périph, et il y a aussi ces mendiants, parfois artistes ratés, parfois artistes réels.

On s’y perd, à y réfléchir, c’est une population polymorphe, indéfinissable. Dans le passé, on avait des noms précis. Il y avait les vagabonds, qui allaient d’une ville à l’autre, d’un lieu à l’autre. Ces vagabonds que l’on chassait, punissait au nom du délit de vagabondage. Il y avait les saltimbanques, plus tolérés, moins problématiques. Et surtout, on identifiait ce fameux clochard, qui avait plusieurs fonctions : il permettait de faire œuvre de charité, il servait à avertir nos enfants « voilà, ce qui t’arrivera, si tu ne travailles pas », et ils étaient des balises pour le commun des membres de la société… « Si tu perds ton travail, tu perds ta femme, tu perds ton logement et tu seras clochard ».

Cette vue de la clochardisation a marqué la population française. Dans son livre « La question SDF »(PUF) , Julien Damon ressort une étude réalisée en 2007, sur l’ensemble des pays européens.

À la question : « Pensez-vous pouvoir devenir un jour un sans-abri ? » 13 % des Français interrogés pensent qu’ils courent ce risque, plaçant ainsi notre pays au troisième rang, derrière la Lituanie et la Lettonie. Le Danemark , les Pays-Bas, la Suède restent à 1 %.

Toujours dans cette même étude, les Français interrogés emportent la palme avec la question : « Pensez-vous que les problèmes d’emploi constituent une des trois raisons principales du sans-abrisme ? » Le score est de 82 %.

À la question similaire, mais en remplaçant emploi par logement, les Français interrogés emportent de nouveau le record avec 40 %…
Et cerise sur le gâteau : à la question, «pensez-vous que les problèmes d’addiction (drogue, alcool) constituent une raison principale d’explication du sans-abrisme, les Français interrogés ne sont que 22% à répondre « oui » en tête avec la Roumanie, et très différents des suédois qui, eux, répondent à 82% « oui ».

Ces chiffres nous enseignent que le sans-abrisme n’est absolument pas connu par notre population. Les crises économiques n’ont jamais généré en France une recrudescence du sans-abrisme, le sans-abrisme n’est pas la seule expression de la pauvreté et de la misère. La crise du logement n’est pas non plus l’explication la plus importante de « la mise à la rue », enfin, et malheureusement, sans avoir de chiffres, juste le témoignage des travailleurs sociaux, les addictions font des ravages dans les populations « sans-abrisme ».

Étonnement, chacun a une perception du sans-abrisme mais, la connaissance est très confuse, imprécise. Demandons-nous si les personnes du sans-abrisme existent, combien sont-elles ?

On ne sait pas combien de personnes sont concernées !!!

Nous ne parvenons donc pas à concevoir clairement, mais le recensement est très compliqué :

« L’enquête 2001 de l’INSEE dénombrait 86 000 sans domicile en France. L’enquête l’Insee de 2012 comptabilisait 133 000 sans domicile, dont 10 % de sans-abri, en France14.

Selon un rapport de la Cour des comptes, il y aurait environ 150 000 personnes sans domicile à la fin des années 2000, nombre repris par l’Assemblée nationale dans son rapport de janvier 2012 sur l’évaluation de la politique de l’hébergement d’urgence, mais la FNARS évalue ce nombre entre 150 000 à 240 000 personnes.

Selon le rapport sur le mal-logement édité par la Fondation Abbé-Pierre, le nombre de sans domicile a augmenté de 50 % de 2011 à 2014 pour atteindre le chiffre de 141 500 personnes, dont 30 000 enfants début 2017. En outre, 25 000 personnes résidaient en chambres d’hôtel et 85 000 dans des habitations de fortune selon le recensement de la population de 2006.

En 2020, la Fondation Abbé-Pierre estime le nombre de sans domicile fixe à près de 300 000, soit deux fois plus qu’en 2012 et trois fois plus qu’en 2018. »

Source internet

Damon dans son ouvrage déjà cité apporte cette précision : « La Préfecture d’île-de- France organise des enquêtes « une nuit donnée » afin de mieux connaître le profil des personnes qui font appel aux dispositifs d’hébergement en hiver. De l’enquête menée une nuit de février 2015, il ressort 53% d’étrangers non-européens, en 2016, 65%, en 2017 74%, en 2018 76%. En 2019, 79 % sans abri franciliens, hébergés dans ce contexte sont étrangers extracommunautaires. »

Il est évident que le « profil » du SDF s’est progressivement modifié. Le sans-abrisme a plusieurs causes, notamment et de manière très importante actuellement, la migration. Nous trouvons donc des hommes, des femmes et des enfants !

Les femmes SDF ?

« On ne veut pas voir ces femmes. Elles représentent une réalité gênante, renvoient l’image d’une société qui va très mal », explique le docteur ¬Bernard ¬Guillon, gynécologue à Paris

Le journal Marie Claire titre :

« 40 % des sans-abri sont des femmes

En France, en 2012, le nombre de personnes sans domicile a été estimé à 141.500. Il a donc augmenté de 50 % en 11 ans. Les femmes sont de plus en plus nombreuses, elles représentent 2 sans domicile sur 5, mais bénéficient de centres d’accueil plus stables que pour les hommes.

En un peu plus dix ans, le nombre de sans domicile en France a augmenté de 50 %, révèle une enquête menée par l’INSEE, publiée mardi. Les sans domicile étaient, en début d’année, près de 141.500, parmi lesquels 81.000 sans-abri, 30.000 enfants, 8.000 sans domicile des communes rurales et 22.500 demandeurs d’asile. Et le nombre de femmes, de plus en plus croissant, inquiète : elles représentent 2 sur 5 des sans domicile, soit 38 % du nombre total des sans domicile »

Elles sont moins visibles, plus vulnérables, mais bien présentes.

SDF, par hasard ?

Pour certaines personnes, la rue est prédestinée. Elle n’a rien de l’accident, elle s’est imposée comme destinée ; c’est le cas de nombreux enfants issus de la protection de l’enfance. Ce sont des jeunes qui ont vécu des ruptures familiales, de réelles fractures affectives, et le système n’a pas apporté de solution, d’outils de résilience.

« Fondation Abbé Pierre : un SDF sur 4 né en France est un ancien enfant placé.
Le sort des anciens enfants placés en protection de l’enfance est au cœur d’un nouveau rapport de la Fondation Abbé Pierre. Témoignage de Priscilla, 25 ans, qui a eu beaucoup de mal à retrouver un logement après sa sortie à 20 ans.

Les sorties d’institutions (prisons, HP, ASE) – des « portes de la rue »- sont au cœur de ce rapport 2019. Selon l’enquête, 26 % des personnes sans domicile nées en France sont d’anciens « enfants placés en protection de l’enfance » (soit plus de 10.000 personnes.), alors même que ce public ne représente que 2 à 3 % de la population générale.

Ces jeunes sont livrés à eux-mêmes, souvent à 18 ans. Ils vivent la nouvelle situation en abandon, et ne trouvent ni les moyens matériels, ni les moyens psychologiques de d’insérer. »

Nous le trouvons également dans les nouveaux chiffres, le sans-abrisme est le résultat des politiques migratoires, de la fabrique des sans-papiers.
Nos institutions rejettent sans cesse des migrants, qui doivent alors se contententer de survivre sur le territoire .

« Victoire pour les travailleurs sans papiers qui occupaient les futurs locaux du «Monde»
Employés par un sous-traitant d’Eiffage, une quarantaine de travailleurs occupaient le bâtiment depuis jeudi matin, à une semaine de l’emménagement des premières équipes, pour protester contre leurs conditions de travail. Un accord a été trouvé dès jeudi soir.

Lamine Mohamed Touré, un Guinéen de 26 ans en France depuis quatre, ans est ballotté de chantiers en chantiers depuis huit mois. De temps en temps, il est présent sur celui du Monde. Il poursuit la liste des reproches adressés à son employeur : « On n’a pas de masques, pas de gants, pas de gilets de sécurité. On travaille parfois la nuit pour 40 euros et les heures supplémentaires sont payées 5 euros. Tout ça 7 jours sur 7 sans repos du dimanche au lundi. Et si on ne vient pas un jour, le patron menace de nous virer. On est au XXIe siècle, l’esclavage, c’est terminé !»
Le Monde

La souffrance…

Pour lire la suite : https://lejournalabrasif.fr/sans-abrisme-genocide-social-et-humain/

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