Soutien confirmé et amplifié, à Assa Traoré et au Comité Adama Traoré, notamment contre la mise en examen pour diffamation*

La France de notre époque : un citoyen qui ne bénéficie pas des “privilèges Balkany” (pour choisir un nom par lequel il s’agit de signifier ces spécifiques protections accordées à des individus socialement et étatiquement identifiés comme “importants”, protections qui ont permis à celui qui est nommé ici d’être visé par des inculpations judiciaires multiples et sérieuses, sans jamais être emprisonné, par ce que l’on appelle “la préventive”), dont il est dit que, initialement, il était recherché par une gendarmerie pour une “extorsion de fonds avec violence” (mise en cause qui a précédé la mort d’Adama Traoré ou qui lui a succédé ?, mise en cause qui a disparu alors qu’elle était censée concerner Bagui, l’un des frères d’Adama Traoré), menacé d’être arrêté pour une raison fantaisiste, comme cela arrive souvent dans des quartiers populaires, n’étant pas en possession de ses papiers alors qu’il est connu pour être domicilié dans la commune, est poursuivi comme peut l’être un délinquant ou un criminel, et finit par être arrêté, à tous les sens du terme, par une immobilisation, par “plaquage ventrale”, par 3 gendarmes, qui ont joint les forces de leur corps pour écraser Adama Traoré. Si on obtient ce qu’était le poids de ces gendarmes à ce moment dramatique, la jonction de leur corps dans cette pression a constitué une force totale dont il faudrait connaître le chiffre. Cette arrestation a eu lieu dans une pièce fermée, dont Adama Traoré ne pouvait s’échapper, et cette “méthode” d’immobilisation n’était pas nécessaire. Un Balkany, autrement dit, un VIP de la République, aurait-il fait l’objet d’une telle arrestation ? Jamais. Dans les minutes qui suivent, l’effet du plaquage ventral se manifeste : Adama Traoré a de plus en plus de mal à respirer, il perd connaissance, son corps connaît une dégradation évidente, puisque les gendarmes constatent une fuite d’urine. L’état d’Adama Traoré est tel qu’il aurait dû être conduit à l’hôpital, puisqu’il faut rappeler qu’il n’était même pas l’auteur supposé d’un acte de délinquance ou d’un crime. Au contraire, il est sorti de la voiture de gendarmerie, conduit à l’intérieur de force, déposé sur le sol de la cour, comme aurait pu l’être un objet ou un animal, et quelques minutes plus tard (combien ?), la gendarmerie appelle les pompiers pour venir le secourir. On sait que quand les pompiers arrivent, Adama Traoré est trouvé “face contre terre” (aucun gendarme à ses côtés pour le surveiller, l’assister et donc le protéger ?), et que les 3 gendarmes en cause affirment qu’ils l’avaient placé en PLS à leur arrivée. Bref, du début à la fin, il faut les croire sur parole, alors que les faits… Nous le savons tous : Adama Traoré décède. Chacun connaît les suites, depuis trois ans. Mais, s’il n’y a pas pire que le décès par une violence injustifiée d’un homme (les cons-de-souche hurlent contre de tels décès quand ils sont causés par “un acte de terrorisme”, par tel ou tel délinquant/criminel, par un individu dès lors qu’il est musulman…), il faut constater que, pour protéger (pour les cons-de-souche, justifier) cet homicide involontaire (ou volontaire ?), des procédures judiciaires ont visé des frères d’Adama Traoré, Bagui, Yssoufou, Yacouba et Samba, que ce soit sur des bases réelles ET mineures (la détention/consommation de cannabis étant transformée en possession destinée à la vente et donc, trafic), ou des mises en cause gravissimes pour lesquelles il n’y a pas de preuves certaines (tentative d’assassinat, rien de moins, sur personne dépositaire de l’autorité publique, qui aurait visé des gendarmes), en conduisant à des emprisonnements immédiats (cette célérité/sévérité contre les uns, cette compréhension pour les turpitudes des autres…). Depuis quelques jours, c’est Assa Traoré, convoquée il y a peu, qui, pour le Comité Adama, a appris qu’elle va être mise en examen, pour diffamation, parce que le Comité a porté à la connaissance de toutes et tous les noms des gendarmes qui ont provoqué la mort d’Adama Traoré, dans la mesure où ceux-ci ont porté plainte pour diffamation. Donc, ils sont, au minimum, responsables de ce décès, et il faudrait qu’il le soit anonymement. Indiquer leur nom respectif et rappeler ce qu’ils ont fait ne peut constituer une diffamation. C’est un FAIT. Une mise en examen n’est pas une condamnation. Elle n’est pas ignominieuse pour Assa Traoré et le Comité Adama. Par contre… Ces gendarmes ont fait le choix d’avoir pour avocat celui de Mme Le Pen (Marine). Ont-ils fait ce choix ensemble ? Est-ce l’un d’eux qui a poussé à ce choix ? Est-ce à dire que cette mort pourrait avoir une inspiration raciste ? Dès le début, cette question s’est posée, mais est-ce que la “Justice” a étudié cette hypothèse ? Quoiqu’il en soit, l’incrimination sur un “homicide involontaire” paraît, par comparaison avec d’autres affaires, une nécessité. Sinon, il faudrait constater que, outre les agents très spéciaux, des agents des quartiers disposeraient d’un, spécial, “droit de tuer”, qu’il est hors de question de leur accorder. Et, pour conclure, il faut faire face au corporatisme le plus extrémiste qui voudrait que, dans toute affaire de ce type, les fonctionnaires mis en cause seraient, à priori et à postériori, innocents. Cette démarche de certaines organisations syndicales des forces de “l’ordre” est inacceptable, puisque, si nous la comparons à d’autres métiers de la fonction publique : aucun fonctionnaire, ni aucune organisation syndicale liée, n’irait défendre un chirurgien ou un infirmier dont on disposerait de preuves qu’il a volontairement causé des morts, idem pour un enseignant qui a volontairement agressé sexuellement des enfants ou des adolescents, etc. Par comparaison, aux Etats-Unis, des policiers mis en cause pour des décès sont parfois condamnés et emprisonnés. En France, le système judiciaire affirme que, à 99,99% du temps, de comparables mis en cause sont nécessairement innocents. On retrouve notre point de départ, avec les “privilèges Balkany” : un système qui prétend octroyer un droit à l’impunité, que ce soit par l’absence de poursuites judiciaires, ou par des enquêtes dont les conclusions négatives sont systématiques, connues à l’avance, est un système violent, dont la durée de vie est limitée, mais dont la fin peut aussi advenir dans un cadre de violences civiques dont l’ampleur peut être terrible.

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