Armes versus âmes, une contradiction désarmante ? Un livre gratuit – le début du premier chapitre, « Rapport au monde, rapporte le monde ».

Humains, nous ne naissons pas avec, « naturellement », un « rapport au monde », et le même. Ce rapport, nous le construisons, entre « évidences » et problèmes, voire, angoisses. Nous le construisons en tant que tel, en tant que rapport, parce que nous nous distinguons du monde, et, du monde, nous y considérons des distinctions. Le monde n’est pas, pour nous, « naturellement », dangereux, ou sans danger, prometteur ou vide de, et les autres êtres humains, en tant qu’ils sont eux-mêmes sujets et objets d’un tel rapport au monde, composent avec nous un « accord fondamental », le cadre et l’horizon de notre pensée. Longtemps, des peuples ont eu un rapport à la Nuit et aux étoiles de l’Univers, avant que, dans les espaces urbains de notre époque, ils en soient privés par les lumières humaines qui, physiquement, nous ont ainsi démontré, sous notre nez, qu’une lumière est aussi claire que noire, puisqu’elle révèle ET elle dissimule. La célèbre formule de Hölderlin, « Voll Verdienst, doch dichterisch, wohnet der Mensch auf dieser Erde »  « Riche en mérites, mais poétiquement toujours, Sur terre habite l’homme » ou. « Plein de mérite, mais poète, l’homme vit sur cette terre », est écrite au moment même où l’industrialisation européenne va effacer et la poésie, rendue à l’état de souffle de vent de la bouche humaine sans valeur ni sens, et « l’habitation poétique », avec des constructions déterminées par la pensée « utilitariste », fonctionnelle. Mais l’habitat, fut-il le plus fonctionnel, standard, imitatif à x milliers d’exemplaires, pour tout dire, « sans âme », ne peut empêcher que les humains continuent d’habiter « poétiquement » par la vie qu’ils essayent de donner à ces lieux sans vie, par leurs références intimes comme communes à ce qui les dépasse, à la Terre elle-même, à ses formes de vie, ces « animaux », regardés pour leurs particularités, leur propre rapport au monde, fini, là où le nôtre est… « indéfini », dans l’attente de nos définitions. De ce rapport, et de ses humanisations, ces rapports, comment sont-ils advenus ? Comment ont-ils disparu, et ont-ils, quand ils ont disparu, totalement disparu, partiellement disparu, ou sont-ils devenus « souterrains » ? Cet ouvrage n’a pas pour objet de traiter ces questions, mais celles-ci devaient être formulées ici, pour rappeler que, à l’instar de ce rapport, il n’y a rien qui va de soi, même si, en apparence, tout vient de « soi » ou du « soi » humain. Une des questions qui doit être énoncée et travaillée ici en est une adaptation : comment en sommes-nous venus à nous armer, à nous alarmer ?

Derrière cette question, il y en a une autre : pourquoi et comment des rapports humains ont pu devenir des rapports si conflictuels que des humains ont conçu des outils pour agresser, pour se protéger contre des agressions ? Est-ce que cet usage a dérivé, de la célèbre chasse des chasseurs-cueilleurs, à la chasse à l’homme ? Ces questions renvoient à des connaissances constituées dans différents champs, l’anthropologie, l’ethnologie, l’Histoire, et il ne s’agit pas de nous engager dans une étude de ces champs et de ces connaissances, parce que la technicité de ces questions dépasse le cadre de cette publication, nos propres compétences. Mais le maintien jusqu’à notre époque, « mondialisée », autrement dit unifiée par des uniformisations, des standardisations, de l’existence de « petits » peuples, chasseurs-cueilleurs, démontre que les bifurcations historiques prises par d’autres ne relevaient pas d’une nécessité, mais de perspectives et de décisions, y compris, collectives, dont le sens et les conséquences échappaient à celles et ceux qui les ont prises. Une telle bifurcation s’est manifestée avec le passage de la production d’armes individuelles pour des individus, et, ainsi, limitée à cet usage, personnel, à la production de telles armes, pour des individus additionnés les uns aux autres sous la forme des « armées », ces humains qui passent leur temps avec et pour des armes. Paléolithique, mésolithique, néolithique, âge du bronze : l’Histoire humaine, armée, est la plus récente et la plus courte. Antérieurement à cette période, avec la première armée considérée comme telle par les spécialistes, à savoir l’armée assyrienne, il n’y a pas une conception humaine du cumul des forces létales. Il faut donc se demander comment des êtres humains en sont venus à avoir « notre projet », pour… « la Puissance », conçue en tant que telle. Ses conditions de possibilités sont multiples : pour vouloir viser « la Puissance », il faut qu’il y ait une comptabilité des avoirs, une comparaison entre les variations, une conception qu’une force supérieure, élaborée par des additions, est susceptible de dominer des groupes humains, par toute une psychologie (les menaces, la peur, la terreur, la soumission, etc). Mais pourquoi penser à s’en prendre à d’autres êtres humains, par l’intermédiaire d’une cohorte de professionnels, dont l’activité quotidienne est de se préparer à ainsi attaquer ou défendre ? La « motivation » réside dans ce que ces autres êtres humains ONT. Le mot, allemand, de guerre, sonne comme le tonnerre, notamment des canons de notre époque, mais la réalité historique des guerres, et ce fait est bien connu, mais trop sous-estimé, le pillage, le vol à grande échelle. Les armées sont, avant tout, des forces constituées par et pour des voleurs, des vols, et quand les terres ont fini par acquérir une valeur supérieure à tout, comme nous le voyons à notre époque avec la spéculation sur les terres et les constructions sur les terres, le vol durable de ces terres est devenu une volonté dominante, ce qui est advenu tant par la colonisation, européenne, du monde, que par les guerres européennes, première comme deuxième : la première entendait procéder à un règlement de la concurrence colonialiste, et la seconde prolongeait cette concurrence sur les territoires de l’Europe, à propos desquels le projet hitlérien était de fonder des colonies allemandes de substitution, dans une violence physique comme politique jamais vue : pousse toi de là que je m’y mette, mais avec le projet de se mettre partout ! 

L’émission d’Arte ci-dessus est fondée sur la confusion entre échanges et commerces alors que ceux-ci s’en distinguent par le fait qu’il y a une proposition inégale d’échanges (comme dans le troc, sur l’égalité de valeur), mais par une demande d’un paiement financier, supposé être équivalent à la valeur du produit, auquel s’ajoute une part de « profit », un surplus destiné à faire naître une trésorerie spécifique.

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