A l’attention des élus à l’Assemblée Nationale en France : cette invitation à rejoindre le mouvement mondial pour la libération de Julian Assange

Cette lettre émane des Collectifs Free Assange Wave France, Comité de Soutien Assange 

Mardi 27 Juin 2023

À l’attention de Mesdames et Messieurs les Députés français

Mesdames, Messieurs les députés, 

Nous, Free Assange Wave France et Comité de soutien Assange, collectifs cosignataires de l’Appel de Paris avec cinquante-deux autres organisations et médias, souhaitons par la présente vous sensibiliser à la cause du journaliste, fondateur de WikiLeaks et symbole de la liberté de la presse, Julian Assange. 

« La plus grande tragédie de la vie n’est pas la mort, mais ce qui meurt en nous tandis que nous vivons. »

En résonance à cette citation de Norman Cousins, Julian Assange subit une longue agonie depuis bientôt treize ans. Avec la persécution politico-judiciaire et le sort que lui infligent les États-Unis s’éteint tout espoir de démocratie forte, garante de liberté d’expression, de droit à l’information d’intérêt public, et d’une justice qui ne soit pas l’instrument des puissants pour couvrir leur crimes et turpitudes. 

Cette persécution, que de nombreux observateurs indépendants ont éclairée de leurs analyses et témoignages, a franchi une étape supplémentaire en avril 2019. A cette date Julian Assange a été expulsé manu militari de l’ambassade d’Équateur à Londres où il avait trouvé asile durant sept longues années, pour être transféré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh dans la banlieue de Londres. Depuis plus de quatre ans désormais, il croupit en prison, en détention provisoire, sans condamnation. Dans l’attente d’une probable extradition vers les États-Unis, il risque jusqu’à 175 années de prison pour « espionnage » (en fait, pour avoir exercé le métier de journaliste). C’est pour cela que nous disons, avec la famille de Julian Assange, que cette affaire est purement politique. Il s’agit de la persécution politique d’un journaliste très gênant, tout simplement. C’est cela que l’instrumentalisation de la justice permet. C’est cela que l’inaction et la complicité des gouvernements européens autorisent. Les États-Unis cherchent à faire passer pour un dangereux espion le rédacteur en chef australien et fondateur de WikiLeaks, celui-là même qui a porté à la connaissance du public des preuves irréfutables de crimes commis impunément par ses persécuteurs. Les criminels accusent de crimes imaginaires le messager qui a montré leur véritable visage, le transformant en personnage monstrueux et infréquentable à l’appui d’une vaste campagne de dénigrement relayée par de nombreux médias. Vérité et justice sont ainsi laissées à l’abandon, méprisées ; une histoire banale quand les principes démocratiques sont rejetés et quand, pour neutraliser un éveilleur de consciences, tous les moyens jusqu’aux plus extrêmes sont mobilisés. 

Rappelez-vous que WikiLeaks avait permis la révélation de l’espionnage de l’Élysée et de ministères par la NSA (agence gouvernementale de la sécurité des États-Unis) entre 2006 et 2012. Voilà comment se comporte cette Nation prétendument alliée de la France. Quelle raison d’État nous rend si peu regardants sur le respect des droits fondamentaux des individus et nous fait consentir au sacrifice d’un journaliste maintes fois primé pour les informations qu’il a rendues publiques et pour la qualité incontestable de son travail ? 

Nous en appelons à votre sens de la justice. Vous êtes élus de la Nation et, à ce titre, nous ne doutons pas de la volonté qui vous anime de faire vivre la démocratie et ses grands principes. Nous ne pouvons pas en si peu de temps vous apporter toutes les preuves de l’innocence de Julian Assange et de la machination judiciaire menée contre lui. Sachez néanmoins qu’elles existent et sont accessibles ; l’une des meilleures étant le livre L’Affaire Assange : Histoire d’une persécution politique de Nils Melzer (Éditions Critiques, 2022). Son auteur est professeur de droit international et ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ce livre est édifiant et conclut en synthèse : le Royaume-Uni et les États-Unis se sont concertés pour détruire publiquement le fondateur de WikiLeaks et dissuader les autres (journalistes, lanceurs d’alerte) de rendre compte de leurs crimes. Tous les moyens ont été utilisés contre Julian Assange, de l’espionnage de ses avocats et de ses visiteurs au sein de l’ambassade d’Équateur, aux plans échafaudés par la CIA pour le kidnapper, voire l’assassiner. L’acharnement a été ininterrompu et implacable, aboutissant à ce qu’il faut bien appeler une parodie de justice où tous les droits de la défense ont été restreints sans ménagement. Nils Melzer ne pouvait pas trouver meilleur titre pour son livre. L’affaire Assange est une persécution politique. Lors de la précédente mandature, en janvier 2022, cette évidence avait poussé une cinquantaine de députés français à proposer une résolution invitant le Gouvernement à accorder l’asile politique à Julian Assange. Hélas cette résolution n’a pas été adoptée et on le regrette bien sûr pour le premier intéressé mais également pour le rayonnement international de la France. Les occasions où la France s’oppose à l’inacceptable sont-elles si courantes ? Aussi nous nous félicitons que cette proposition de résolution soit relancée par des députés autour du 3 juillet prochain, date de l’anniversaire de Julian Assange. 

Au fil du temps, les soutiens de Julian Assange se font toujours plus nombreux, donnent de la voix et finissent par se faire entendre.

Il s’agit tout d’abord de mouvements populaires et citoyens qui à travers le monde s’organisent pour réclamer purement et simplement la fin des poursuites auxquelles Julian Assange doit faire face. Des rassemblements se tiennent régulièrement, parfois de façon hebdomadaire comme en Belgique, en Italie, en Australie, au Royaume-Uni ou en Allemagne pour n’en citer que quelques- uns, mais aussi de façon exceptionnelle lors d’événements internationaux coordonnés comme celui du 8 octobre 2022 avec une chaîne humaine de plus de 7000 personnes autour du Parlement britannique à Londres. 

Ces manifestations ont toutes une revendication commune : « Au travers de l’agression que vous faites subir à Julian Assange, vous menacez directement nos libertés fondamentales. Nous ne voulons pas vous laisser faire. Libérez Julian Assange maintenant et cessez toutes les poursuites à son encontre »

Rappelons aussi qu’en novembre 2022, cinq grands organes de presse internationaux (The New York Times, The Guardian, Le Monde, El Pais et Der Spiegel) publiaient une lettre ouverte estimant que le gouvernement des États-Unis devait cesser ses poursuites à l’encontre de Julian Assange. 

Mais les soutiens de Julian Assange ne s’arrêtent pas là et se manifestent également au travers d’élus, de membres de gouvernements, qui affichent officiellement leur position. Pour illustrer ce mouvement, on peut citer : 

– en Allemagne, trente-sept députés multipartites du Bundestag ont écrit à leurs homologues britanniques concernant leur vive préoccupation et les ont exhortés à s’opposer à l’extradition de Julian Assange.

– en Grèce, quatre-vingt-quinze députés ont appelé Joe Biden à abandonner les charges contre Julian Assange ; 

– en Belgique, quatre députés fédéraux de quatre partis différents ont envoyé en février 2021, une lettre à Boris Johnson et à Priti Patel pour réclamer la libération de Julian Assange ; lettre cosignée par de nombreuses associations et syndicats ; 

– en Italie, des députés se sont levés dans l’hémicycle pour appeler à s’engager, élever la voix et exiger la libération de Julian Assange ; 

– au Royaume-Uni : une lettre d’opposition à l’extradition, rédigée par Richard Burgon, député travailliste et membre du Socialist Campaign Group, a recueilli le soutien de trente-cinq députés et lords, du Parti travailliste, du Parti national écossais, de Plaid Cymru, des Démocrates libéraux, d’un député vert et d’un conservateur ; 

– en Australie, une initiative menée par le député indépendant Andrew Wilkie a recueilli quarantehuit signatures. Le Premier ministre australien Anthony Albanese et récemment le leader de l’opposition libérale Peter Dutton ont appelé le gouvernement américain à mettre fin à la poursuite d’Assange faisant savoir que cette affaire n’avait que trop duré : « Enough is Enough » ; 

– au Mexique, Citlalli Hernández, sénateur de Morena, et Manuel Vázquez, membre de la Chambre des députés de Morena, ont recueilli les signatures de quatre-vingt-dix-sept de leurs collègues législateurs ; 

– au Brésil, près d’une centaine de membres du Parlement et du Sénat ont envoyé une lettre à l’ambassade des États-Unis ; 

– en Irlande des députés se sont exprimés au parlement demandant à leur gouvernement de soulever le cas d’Assange auprès de l’ambassadeur britannique et demander sa libération ; 

– aux États-Unis, à l’initiative de la représentante Rashida Tlaib (démocrate, Michigan), des membres du Congrès américain demandent la libération de Julian Assange. 

– en Amérique du sud, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le président argentin Alberto Fernández, le président colombien Gustavo Petro ont demandé l’abandon des poursuites, ainsi que onze anciens présidents. 

Les trois Prix Nobel de la Paix 1976, 1980 et 1984, Mairead Corrigan-Maguire, Adolfo Pérez Esquivel et Desmond Tutu ; la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović ; la Ligue internationale des droits de l’homme, Amnesty international, Reporters sans frontières, Human Rights Watch notamment, se sont également opposés à l’extradition. 

Il y a quelques jours seulement, le jeudi 8 juin 2023, nous avons appris l’annonce officielle du rejet par la Haute Cour britannique de l’appel qui avait été formulé par l’équipe d’avocats de Julian Assange. Cet appel comportait huit points. Aucun n’a été retenu en la faveur de Julian Assange. C’est un coup de massue. Un de plus. Mais celui-ci risque d’être le coup fatal. 

La demande que nous vous adressons est aujourd’hui encore plus urgente que nous l’imaginions. La situation de Julian Assange mérite votre considération, de toute urgence : l’autorité morale que vous incarnez par votre mandat lui sera d’une aide précieuse. C’est peut-être la dernière chance qu’il lui reste pour échapper à la fin tragique qui l’attend et à laquelle il n’aurait jamais dû être exposé. Est-il concevable qu’une personne aussi respectable, plusieurs fois nommée pour le prix Nobel de la paix et récemment finaliste du prix Sakharov « pour la Liberté de l´Esprit » (distinction du Parlement Européen en récompense d’une action exceptionnelle dans le domaine de la défense des droits de l´homme et des libertés fondamentales), soit traitée de la sorte?

Au-delà des différences politiques, nous pensons que notre représentation nationale, républicaine et démocratique, doit lui venir en aide le plus largement possible. 

Fortes et forts de vos convictions pour le respect de la liberté de la presse, de l’information d’intérêt public, de la justice, nous vous incitons à rejoindre la mobilisation mondiale de vos homologues pour la libération inconditionnelle de Julian Assange, en signant comme eux l’ « Appel des Députés en faveur de Julian Assange », à l’attention du Procureur Général des États-Unis Merrick Garland. 

Ainsi nous joignons ci-après la lettre de cet Appel en français pour une meilleure compréhension puis en anglais pour signature. 

En espérant vivement que notre démarche retienne votre attention, veuillez agréer Mesdames, Messieurs les Députés, notre considération distinguée.

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