A propos de la Tribune “Intellectuels, trahison ou loyauté” de Béligh Nabli (Chronik) & Jean-Pierre Mignard, avocat au Barreau de Paris : retrouver le souci du réel, des êtres et des choses, tels qu’ils sont – en se méfiant des idées. Pour des intellectuels réalistes

Le média AOC a publié sur son site la tribune mentionnée, signée par ces deux personnalités (Chronik et JP Mignard). Aujourd’hui, le texte n’est pas, disponible en accès libre. Mais il le sera peut-être prochainement. En attendant, le texte publié ici en constitue un commentaire, avec, des analyses, des réponses, des critiques, des perspectives. D’une manière classique, les deux auteurs font le lien entre “la France” et “la déclaration des Droits de l’Homme”, en citant Robert Badinter, lequel, reconnaissait, clairement, que la France n’est pas LE pays des Droits mais le pays de la DECLARATION des Droits de l’Homme. Autrement dit : si ce texte a été énoncé, en français par des français, ce n’est pas pour cela que l’Histoire de la France, fut, est, celui, des droits, effectifs. Et c’est le moins que l’on puisse dire. C’est d’ailleurs ce que nombre d’intellectuels critiques, engagés dans des mouvements vilipendés par les autorités de l’Etat et par des intellectuels-relais, avec “le wokisme”, et, surtout, le décolonialisme, mais aussi le féminisme, doivent constater et dire : il y eut la France des principes et il y eut la France telle qu’elle était, et les deux se sont souvent contredites. Les auteurs affirment que nous ferions l’épreuve “une démocratie libérale qui vacille sur ses propres fondements axiologiques”, mais encore faudrait-il que la France soit, ait été, ces dernières décennies, une “démocratie” et une “démocratie libérale”, ce qui est éminemment discutable, problématique. Parce que cela dépend d’une réduction au plus petit dénominateur commun de la “démocratie” sur le fait qu’il y a des élections, régulières et non truquées, avec un système représentatif.

Or, qu’est-ce que ce système représentatif français “représente” ? Sociologiquement, on le sait, il ne représente nullement la France dans sa diversité. Nous avons affaire à un régime censitaire où, pour être élu, il faut être “quelqu’un”, un notable, faire partie d’un réseau social, politique et financier, et c’est pour cela que nous ne trouvons pas, jamais, d’ouvriers et de pauvres dans l’Assemblée Nationale en France. Il est donc tout à fait possible de “truquer”, “légalement”, les élections : il suffit de s’organiser pour que les individus sélectionnés relèvent d’une certaine homogénéité sociologique, et le tour est joué, et il est très bien “joué”. Mais ce n’est pas tout, hélas : alors que les seuls REPRESENTANTS de la population (dont on vient de voir déjà qu’ils représentent peu…) ont, SEULS, la véritable légitimité, la 5ème République a tellement étatisé la “République”, que les élus sont sommés d’être les signataires des lois, quand le gouvernement en est le rédacteur, décideur. La réduction de l’Assemblée à une chambre d’enregistrement des décisions venues de la hiérarchie étatique et européenne, est si évidente aux yeux de tant, de presque tous, que l’Assemblée est déconsidérée, par la responsabilité des seuls représentants qui acceptent de se soumettre à ce diktat. Faut-il le rappeler ? Il suffit d’une motion de censure pour que le gouvernement tombe. Si les choses fonctionnaient selon leur sens initial, la majorité à l’Assemblée Nationale devrait décider de la politique du gouvernement, et le gouvernement devrait assurer l’exécution de ce qui a été voté. Mais la France étatisée subit depuis longtemps une inversion, “tragique”, puisque anti-démocratique. Les conditions d’élection à l’Assemblée Nationale sont d’emblée et de manière déterminante problématiques, démocratiquement problématiques, et, en plus, le fonctionnement gouvernement-assemblée y ajoute une couche supplémentaire. Autrement dit : il y a belle lurette que les “fondements axiologiques” de cette peu-ou-pas démocratie qu’est la France sont bafoués, ignorés, minorés, dans des décisions politiques, comme juridiques. Il ne s’agit pas de dire qu’il n’y aurait rien de démocratique en France. Parce que le fait démocratique existe, comme pour tous les autres peuples, dans le fait social, par les échanges entre les membres de la communauté nationale, qu’ils aient ou non la nationalité française. Ce sont les assemblées locales, qui fondent la réalité démocratique en France. Ces dernières années, nous avons vu que de telles assemblées ont eu raison de projets, technocratiques, politiques, financiers, comme le nouvel aéroport nantais qui devait se substituer à une zone naturelle protégée, ce que la mobilisation de tant et tant ont réussi à bloquer quand, finalement, une commission composite a été obligée de conclure que ces opposants avaient raison. Mais l’entêtement au plus haut sommet a fait perdre du temps, de l’énergie, de l’argent à tant.

La référence aux “droits de l’Homme” est, pour les deux auteurs, le moyen d’évoquer les “migrants”, et les drames que, régulièrement, certain(s) d’entre eux ont pu subir, en France, et notamment à cause des décisions et des agissements des autorités de l’Etat. Ils écrivent : “Comment interpréter la violence du silence qui a ponctué le drame sans précédent qui s’est déroulé au large de Calais ? Au bilan macabre (la mort de vingt-sept personnes, dont sept femmes et trois enfants, noyés dans l’eau glacée de la Manche) s’ajoutent des circonstances toutes aussi glaçantes : face à la mort, la réception de leur appel au secours est restée sans réponse. Leur sort fut scellé par le cynisme mercantile des réseaux de passeurs, mais aussi par le cynisme bureaucratique et politique qui puise ses racines dans l’entreprise de déshumanisation du migrant, figure abstraite réduite à une menace sécuritaire et identitaire. Entre le désarroi de certains et le silence complice des autres, un questionnement existentiel s’impose : et si le triste sort de ces femmes et hommes n’était que le reflet de notre propre faillite morale et de nos lâchetés politiques ? ” Mais qui fut silencieux ? Partout en France, des voix se sont fait entendre, pour exprimer leur indignation. Sur les réseaux sociaux, ils furent nombreux à mettre en cause cet abandon, pourtant strictement interdit par une loi française qui proscrit de la part de quiconque la non-assistance à personne en danger. Mais d’autres ne furent pas eux aussi silencieux : ceux qui n’hésitèrent pas à se réjouir de la mort de ces personnes, réduites à être des “migrant(es)”, comme, quelques jours plus tôt, ils appelaient à laisser mourir de froid d’autres migrants pris au piège de l’affrontement d’Etats sur leurs frontières militarisées. En quelques heures, en quelques jours, il fut acquis que les autorités publiques françaises avaient été sollicitées par ces personnes, avaient été informées de la situation, le danger mortel, vécue par ces personnes, et qu’elles avaient décidé, comme les dirigeants polonais et biélorusses le firent à l’autre bout du continent européen, de s’en laver les mains, de ne rien faire – en fait, plus exactement, de faire que rien ne soit fait pour secourir ces êtres humains en danger. Mais pourquoi l’Etat français agit-il ainsi ?

Si, en effet, “Le néo-nationalisme et la xénophobie qui vampirisent la conscience collective éclipsent les valeurs humanistes de justice et de solidarité“, rien n’oblige les dirigeants de l’Etat, nationaux comme départementaux (préfets), à écouter les vociférations de l’extrême-droite et à en suivre religieusement les exigences. Comment comprendre cette porosité entre cette extrême-droite militante et cette haute fonction publique qui devrait être exemplaire et qui se range à cette logique du mépris et de la haine envers des… pauvres ? Parce que quand il s’agit d’individus très fortunés, l’Etat se met en quatre, met les petits plats dans les grands, se met au service de. A l’attention d’individus et de familles qui, pourtant, grâce à leur fortune, leurs avoirs, n’ont nullement besoin de bénéficier de telles attentions. Et quand il s’agit d’individus faibles, l’Etat se fait acteur de préjudices. Ce qui est, en effet, totalement contraire à nos principes et de Droit et de SENS, de “la” République, et de l’Histoire, française. C’est avec le gouvernement Sarkozy que les mauvaises habitudes au plus haut niveau, par l’association, explosive, redoutable, du racisme social et du racisme, ont commencé à sérieusement se manifester, prendre corps et à se développer. Depuis, nous assistons à une descente aux enfers de ce qui n’est plus une “République” que de nom. Un immigré, hongrois, devenu français depuis peu prétendait faire imposer une politique de distinction entre les Français, de papier, et les étrangers, sans papier, avec un ministère de “de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire”, comme si le fait d’avoir des papiers français faisait de chaque citoyen un super être (les pauvres en France sous le Sarkozysme n’ont connu aucune différence avec avant, ou alors, en pire), et des sans papiers, des “criminels”, qu’il faut repérer, traquer, arrêter, expulser, le tout sous les vivats d’imbéciles heureux qui n’ont que des mots de guerre, “invasion”, “France en danger”, pour parler de l’arrivée de ces femmes et hommes attirés par un mirage. Il y a 10 ans, le Sarkozysme trouvait peu d’intellectuels pour le soutenir – mais il en trouvait déjà. En 10 ans, cette logique de racisme social/racisme a suscité un afflux de “migrants” intellectuels qui ont quitté leur aire politique (si tant est qu’ils en aient été vraiment, comme par exemple, “de gauche”) pour s’agglutiner, dans un grégarisme navrant, dans un troupeau de gueulards, bilieux, fourbes, menteurs.

Une chaîne de télévision en est devenue la vitrine, comico-tragique, officielle : ce sont les “freaks” de la France mentalement attaquée. “Des néo-réactionnaires qui ont investi l’idée de République captée par un « gramscisme de droite » – selon la formule d’Alain de Benoist- qui domine aujourd’hui la teneur et autres intonations d’un débat public dans lequel s’agite un groupe d’intellectuels formant une sorte d’agrégat entre d’anciens gauchistes des années 60 et 70, qui se sont ralliés – avec la foi des nouveaux convertis – à la révolution conservatrice et des figures issues à la fois de la gauche souverainiste et d’une droite de tradition maurrassienne. Malgré une généalogie diverse, il est possible ici de les classer à partir de la typologie des «néoréactionaires» proposée par Gisèle Sapiro, basée sur la distinction entre les «notables» soucieux de la respectabilité mondaine, les «esthètes», qui se départissent de la bienséance bourgeoise, et les «polémistes», tel un Éric Zemmour qui se rêve désormais en président de la République, ou son mentor.” Et en effet, nous avons assisté à une “collaboration idéologique active de la part de figures issues de la droite, mais aussi d’une certaine gauche intellectuelle en perdition.”, sauf que, si ces figures étaient sises au PS, il a été acté depuis que le PS n’a jamais été un parti de gauche, mais de centre-droit (dans lequel on a pu et on peut encore trouver une extrême droite, avec le courant vallsiste), ce qui explique que, “en situation de responsabilité”, ces dirigeants furent si souvent irresponsables qu’ils menèrent, EUX AUSSI, une politique de droite.

Une politique de droite : la France en subit une overdose depuis le début de la 5ème République. Celle-ci, fondée à l’appel d’une extrême droite qui, rappelons-le, demandait à De Gaulle de sauver les Français en Algérie, est susceptible de revenir à sa source, l’extrême-droite, y compris en lien avec le sujet de l’Algérie (Zemmour en est obsédé, et nombre de Rnistes ne valent pas mieux), ou de bifurquer radicalement, par la fin de cette 5ème République et par le conditionnement constituant d’une 6ème République, si… Mais pas plus que le PS n’a été un parti de gauche, les intellectuels passés avec armes et bagages dans le camp de la réaction rance ne sont venus d’une “gauche souverainiste”, mais d’un simulacre de. Puisqu’ils ont démontré que, EUX AUSSI, ils niaient ou contestaient la souveraineté populaire, puisqu’ils soutiennent, de facto, le capitalisme, y compris dans son devenir en vérité, le fascisme. On croirait presque lire un texte écrit par un intellectuel décolonial lorsque les deux auteurs sont obligés de constater que “l’intelligentsia française se trouve à l’avant-garde du mouvement néo-réactionaire qui écrase le paysage politico-médiatique. Cédant à la tentation de la régression, de la paresse intellectuelle et des passions tristes, beaucoup se sont lancés dans une croisade au nom d’un républicanisme conservateur et d’un universalisme ethnocentrique. Ainsi, si la figure classique de l’intellectuel universel engagé a disparu, ou presque, les figures «  néoréactionaires » à la respectabilité mondaine et médiatique pullulent. Les logorrhées nauséabondes des « intellectuels médiatiques » ont pris le pouvoir, celui d’un récit d’un Eux contre Nous. Leur névrose crépusculaire prône un même retour à l’ordre, à l’autorité, à la sécurité, à une identité française fantasmée. Un discours décliniste et réactionnaire qui répond pleinement à la quête perpétuelle de buzz qui guide trop de chaînes et d’organes de presse ayant investi – à des degrés variés certes – ce même marché idéologique.” C’est que cette “intelligentsia” suit le sens du vent de ce qui fait vendre et obtenir des “followers”, parce que elle est foncièrement “vendue” : elle sert qui paye. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Sans compter que cette intelligentsia compte dans ses rangs des bas-du-front : être intellectuel ne protège pas du tout de la vénalité et de la veulerie, bien au contraire. Les mécènes ont besoin d’avoir des voix qui expriment et justifient ce qu’ils font. Après la seconde guerre mondiale, cette intelligentsia s’est investie au service de l’Etat dans la guerre froide, dans l’anticommunisme. Une fois que l’URSS a été dissoute, la cinquième colonne accusée de tous les maux est devenue, d’année en année, de plus en plus clairement ciblée : les musulmans. Les plus caricaturaux, comme Zemmour, leur mettent, presque tout sur le dos. Il ne manque plus que le temps qu’il fait, les chiffres, les résultats économiques. Mais les autres, qui n’osent pas être aussi caricaturaux, les accusent aussi de beaucoup. Tel le “Printemps” pas “républicain”, ce creuset d’horreurs quotidiennes.

C’est que cette “société du spectacle permanent” protège ainsi ses financiers : tant que les pauvres se regardent en chiens de faïence, ils ne regardent pas ensemble les plus fortunés, ce qui était le comportement de ces communistes tant honnis. Mais au fond, quand on écoute les reproches qui leur sont adressés, nombre de ces reproches visent le fait que les musulmans en France osent être, liés, reliés, penser et agir solidairement, alors que c’était si formidable quand ils étaient atomisés par le capitalisme, et qu’ils préféraient la délinquance à la mosquée. Ce qui permettait de passer son temps à dire : arabes=musulmans=délinquants. Aujourd’hui, évidemment, certains continuent à rabâcher ce préchi-précha d’extrême-droite, même si les faits de la délinquance sont déliés de tout déterminisme de peau ou d’origine. Mais ce qui était réduit aux comptes des réseaux sociaux de l’extrême-droite il y a quelques années, RN FN ou LR extrême, s’est vu bénéficier de promotions par le fait d’être propulsés sous les feux de la rampe. Désormais, comme l’établit le théorème du connard selon son auteur, il suffit de penser et de dire de la m…. avec constance pour être transformé en figure sociale et politique. Les médias en sont pollués, mais les réseaux sociaux également, les plateformes vidéos également. Nous assistons à une étrange surenchère : je suis le plus haineux. Et ils se battent entre eux pour mesurer cette haine. Mais ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont déterminé et décidé de quoi que ce soit. C’est le fait que l’extrême-droite ait été si permanente en France, AVANT la seconde guerre mondiale (que l’on pense à la terrible période initiée parla criminelle affaire Dreyfus), et APRES la seconde guerre mondiale, alors que, déconsidérée par sa responsabilité dans les crimes fascistes et nazis partout en Europe et notamment en France, on aurait pu penser qu’elle allait être écrasée ou maintenue sous le boisseau, pendant des décennies. Il n’en fut rien. Elle a été immédiatement remis en selle, pour affronter deux “ennemis” : l’anticolonialisme, l’anticommunisme. Zemmour est, aujourd’hui, une synthèse “lumineuse” de cette conjonction : il éclaire ce passif et ce passé qui ne passe pas, parce qu’ils n’ont jamais reconnu leurs crimes, dans la colonisation en Algérie et dans la colonisation capitaliste du monde. C’est pourquoi aussi les décoloniaux les rendent fous. Les individus et les peuples, fraternels, aident les autres, pas parce qu’ils ont LA ou UNE déclaration des droits de l’homme, mais parce qu’ils SONT fraternels. Nous, nous avons des “grands textes” et des petits sentiments – pour ne pas dire pire. Les intellectuels peuvent être sur une pente descendante ou être exigeants pour eux-mêmes et pour les autres, mais en commençant par eux-mêmes. Quand il y a un écart entre les comportements et les prétentions publiques, c’est que le discours qui s’exprime est mensonger. Il faut donc choisir ce que nous sommes humainement, ce que nous sommes intellectuellement, si nous le sommes.

Les deux auteurs ont raison de pointer un vrai risque : “le véritable « suicide français » : une mise en doute des valeurs universelles et humanistes de 1789. ” A l’instar de tant, ils font eux aussi appel à “l’universalisme français, puisqu’il en est tant question, la grande tradition de l’universalisme français”. Faut-il les suivre dans cette voie ? Le terme est très connoté et très problématique : il y a du vrai universel, de fait, de droit, de pensée, et du faux. Nombre des intellectuels qu’ils ont évoqué y font eux-même référence, à tort ou à tort. Mais de fait, ils ont colonisé “l’universel”. Quand un migrant, une migrante, arrive en France, il n’est pas tous les humains, il est, elle est, cet humain, cette humaine. La conscience, quand elle est sérieuse, prend en compte les faits, les êtres, ce qu’ils sont, tels qu’ils sont : leur singularité. Chacun(e) est unique. En tant qu’humains, ils sont, avant tout, fragiles. Il est facile, il devrait être facile, pour nous de les aider, sans en faire des tonnes, sans se taire non plus : il s’agit de, savoir, recevoir des êtres humains qui ont besoin d’être soutenus, aidés, accompagnés. Ce n’est pas plus que cela, c’est déjà cela. Or, sous l’influence des gueulards haineux, nous ne savons même plus faire cela, parce que vouloir cela. L’extrême-droite pousse des êtres humains à perdre de vue la dignité humaine des autres – comme de la leur. Nous aurions pu attendre d’un président qu’il assume d’emmerder ces “connards”. Hélas, il a préféré viser des non-vaccinés. Le problème français est global : si même au niveau de l’Elysée, on perd le nord, le sens des réalités et des priorités, c’est que rien ne va plus, mais plus du tout. Et cela devrait contribuer à ce que nombre de citoyen(ne)s constatent qu’il n’est plus possible d’accorder une minute à l’actuelle Constitution. Que nul ne s’interdise de vouloir un nouveau “serment du jeu de paume”. A condition de prendre en considération que l’écriture de la future Constitution doit mobiliser les énergies, les volontés et le meilleur de notre intelligence pour que le texte final soit remarquable ET d’une très grande précision. Parce que le diable ne se cache pas seulement dans les détails, mais dans les blancs – les angles morts des textes principiels. En attendant que la France redevienne sérieuse, il faut, en effet, que les intellectuels qui n’ont pas perdu le nord et le sens du Bien, de soi ET des autres, continuent de “démystifier les manipulations de la rhétorique dominante, et, sans s’ériger en juges ou en procureurs, tout simplement savoir dire non, haut et fort avec du style et du fond, « le cœur brûlant » comme le disait Camus.” Ce que nombre font, seuls, ou dans des médias. Mais il ne s’agit pas seulement de “renouer avec une tradition universaliste et humaniste afin de défendre des valeurs d’une société oublieuse d’elle-même” parce qu'”Elle est aujourd’hui, et ailleurs, en Europe et dans le monde, en danger de grande inhumanité.” : il faut dépasser les catégories intellectuelles d’interprétation du réel, lesquelles contribuent à nos limitations, à notre enfermement dans des cercles stériles. Il ne s’agit pas de nous rabâcher encore et encore, comme le font de manière sinistre et sénile ces intellectuels réactionnaires. Parce que s’il nous faut “recréer les conditions de développement d’une intelligence collective. Reprendre le fils, découvrir, discuter, débattre, mettre en place un travail qui puise a toutes les intelligences et qui suscite l’envie de s’engager. Dans une société tentée par diverses formes de repli sur soi, il y a nécessité à faire bloc au sein de l’arc progressiste (c’est-à-dire politiquement libéral, social et écologique) d’inspiration humaniste et universaliste“, cela ne peut se produire que par le renouvellement, générationnel, intellectuel, politique, pour dépasser les apories de ce qui s’est appelé “humanisme”, “universalisme”. Ce à quoi tant contribuent, mais que l’Etat français bloqué fait vilipender par certains de ses thuriféraires (cf le récent pseudo “colloque” qui s’est tenu au sein de la Sorbonne, cf note antérieure).

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