Un extrait de l’article de “Médiapart” par Lucie Delaporte :
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À ce jeu, Jean-Michel Blanquer aura été, ces cinq dernières années, un maître – ses sorties rétrogrades n’ayant rien à envier aux niaiseries d’Éric Zemmour sur l’école. À peine arrivé rue de Grenelle, Blanquer assure qu’avec lui les élèves français vont rechanter La Marseillaise puis que le drapeau tricolore devra être présenté dans chaque classe. L’ancien directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) de Nicolas Sarkozy – sous le mandat duquel près de 60 000 postes d’enseignant·es ont été supprimés – rappelle aussi qu’il est favorable au port de l’uniforme à l’école. Des slogans, rarement suivis d’effet, et qui n’ont que peu à voir avec sa politique scolaire (réforme du bac, de l’éducation prioritaire…) mais qui sont autant de clins d’œil à un électorat qui raffole de ces petites sorties nostalgiques. Puisque cela n’engage à rien, Blanquer a d’ailleurs ressorti en septembre son couplet sur l’uniforme à l’école sur la chaîne C8, propriété de Vincent Bolloré, période électorale oblige. Quand Éric Zemmour appelle à faire de l’école un « sanctuaire de l’assimilation » pour « redonner la France à aimer », il ne dit pas foncièrement autre chose qu’un Blanquer qui n’a cessé de pourfendre « la culture de la repentance » censée avoir gagné les programmes. « Tous les programmes d’histoire de lycée ont changé pour être dans un ordre chronologique. Il n’y a pas de dimension de repentance dans ces programmes », se défendait-il, en octobre, devant Sonia Mabrouk sur Europe 1. Et lorsque Zemmour annonce dans son « programme » pour l’école qu’il protégera « nos enfants de la propagande en interdisant la diffusion à l’école des idéologies », on croit entendre un Blanquer parti en croisade contre le « wokisme » après « l’islamo-gauchisme », et qui a entretenu à la rentrée des jours durant une navrante polémique sur l’introduction du pronom « iel » dans Le Robert… Un pronom en passe de saper les piliers de l’éducation française, voire de « déconstruire » les bases de la civilisation occidentale. C’est à cette aune démagogique qu’il faut comprendre les multiples déclarations du ministre sur son envie de renforcer l’apprentissage du grec et du latin, déclarations purement électoralistes et sans rapport avec les difficultés propres à ces disciplines qui attirent de moins en moins d’élèves et de moins en moins d’enseignant·es. Outre la référence, face au « wokisme », à une Antiquité aussi modèle que factice, ces annonces permettent également de rassurer un public qui sait combien les options sont un moyen de reconstruire une ségrégation sociale dans les collèges. Face à Zemmour qui prône les « primes et la progression au mérite » des enseignant·es – laissant entendre que l’école irait mieux si on savait motiver ces fainéants de profs si éloignés de l’abnégation des hussards noirs de la République –, difficile de ne pas voir que Blanquer n’a cessé de brandir cette même recette ces dernières années. Pour le polémiste d’extrême droite, comme pour Blanquer, l’école privée reste enfin la référence ultime : un (…) “