Cas de diffamation publique : mauvaises, conditions et conséquences

La précédente note donne un exemple d’une diffamation publique. Elle n’est pas le fait d’un citoyen, usager de Twitter, qui se sert de son compte pour seulement exprimer ses sentiments et opinions. Son auteur y met en avant ses publications et son travail dans des institutions savantes. La diffamation publique est certaine par l’accusation d’antisémitisme, puisque celle-ci impose une “une allégation ou l’imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur et à la considération d’une personne”. Entre le moment du blocage du compte du “racisme social” et celui de la publication de ce tweet exprimant cette diffamation publique, le laps a été très court. Il n’y a donc eu aucune précaution de vérification sur la pertinence de l’accusation “antisémitisme”. Or, pas de chance pour le diffamateur, mais cette accusation est particulièrement stupide au regard des faits puisque sur ce compte du racisme social, sont écrits ou partagés de nombreux tweets concernant l’Histoire des Juifs d’Europe, du génocide nazi, le racisme et l’antisémitisme. Par exemple, des tweets publiés par des institutions juives, ou des personnes juives, concernant le génocide nazi, notamment pour rendre hommage aux victimes, y sont “retweetés”, partagés. Mais ce banal et triste exemple d’une reductio at… est motivé par l’identification entre Israël et les Juifs du monde, et donc sur la considération que des critiques envers la politique d’extrême-droite menée en Israël par son gouvernement, relèvent en fait de l’antisémitisme, ce qui correspond d’ailleurs à un discours étatique israëlien depuis plusieurs années. Les experts en géopolitique le savent et le disent : dans leurs rapports, Etats-Unis, Israël, Iran, les deux premiers ont des “projets” pour le troisième, des intentions et des exigences. Ce sont des “secrets de Polichinelle”. En aucun cas, il ne s’agissait de réduire ces évènements à de telles influences, en outre hypothétiques, mais d’évoquer leur existence et leur rôle, nécessairement partiel : autrement dit, si ces influences ont une part dans ces évènements, elles n’expliquent pas tout. Mais inversement, l’affirmation de leur inexistence repose sur une prétention inouïe de tout savoir sur ces évènements, d’être capable de démontrer cette inexistence, capacité qui, elle, est inexistante. Avec l’Ukraine, nous avons un triste exemple de cet “enthousiasme européen” pour une “révolution”, présentée comme civique et progressiste : avec le régime apparu après 2014, nous avons assisté à la promotion étatique et sociale du nazisme et de la collaboration avec le nazisme (et des Juifs en Europe et en Israël s’en sont émus à plusieurs reprises), une politique contre les russophones a été imposée, avec une guerre permanente contre des régions de l’Est, et, depuis le début de la guerre, le gouvernement de Kiev a fait interdire tous les partis politiques de gauche, comme il a fait disparaître le droit du travail. Or, sur un tel sujet, nous assistons aux mêmes réductions : si vous ne soutenez pas le régime, c’est que vous êtes en faveur des Russes. Mais comme expliqué dans un texte précédent à propos de cette triste et très dangereuse guerre, il s’agit de ne défendre personne, ni Moscou, ni Kiev, ni Washington, parce que, à des degrés divers, de manière différente, ils sont tous co-responsables de cette guerre. Evidemment, c’est un peu plus complexe à comprendre et à expliquer, plutôt que de s’en tenir au narratif dominant.

Mais en accusant son interlocuteur de donner dans cette ignominie, l’antisémitisme, l’auteur de cette diffamation publique a ainsi incité ses propres contacts de Twitter à en faire de même, dont un qui a commenté de manière laconique par « Mossad, Israël, BHL et Glucksmann. Tu sens le truc puant derrière ». Quand un universitaire donne dans une telle pratique, elle n’honore pas celui-ci, surtout quand on prétend oeuvrer à l’élaboration et à la diffusion de connaissances de haut niveau, dans des structures et dans des réseaux universitaires. Hélas, elle illustre, par un petit cas, ce que représente le dévoiement de l’intellectualité dans le monde dans lequel nous vivons. L’abus de certains “ismes” par des individus sis sur une “autorité”, intervient dans le même cadre que des pratiques politiques qui peuvent tancer et vouloir faire condamner “l’islamo-gauchisme”, le “wokisme”, le “séparatisme”. En l’espèce, il s’agit de discréditer radicalement un interlocuteur, par l’ensemble de l’opprobre attachée à cette accusation. La phrase de l’accusation associe la mise en cause du “complotisme” (“antiracisme complotiste et antisémite”). Désormais, il s’agit, là aussi, d’un mot-arme, particulièrement pratique pour frapper, socialement, toute personne accusée de, rattachée à. Certains s’en sont fait une spécialité, et prétendent pouvoir séparer le bon grain de l’ivraie. Evidemment, leur plus grande difficulté réside dans l’existence, connue, reconnue, de “complots”, dans l’Histoire, ayant participé à faire l’Histoire. Nous nous retrouvons avec deux absurdités qui prétendent s’opposer mais se “tirent la barbichette” : celle qui vise à affirmer qu’il y a un complot, des complots, sans pouvoir les démontrer (exemple, les fictions de Qanon), et celle qui vise à nier qu’il y ait un complot, des complots, sans pouvoir le démontrer également (par exemple, y a t-il eu un complot contre la paix en amont de la guerre russo-américaine en Ukraine ?).

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