“Incarcernation”, un nom/site Internet pour caractériser les USA, en tant qu’Etat-nation-prison, où les exécutions extra judiciaires par des policiers sont permanentes et protégées

Hors des Etats-Unis, les violences, les crimes, commis par des représentants d’un Etat, d’un compté, des “policiers”, sont connues quand, notamment, via les réseaux sociaux, un fait spécifique prend corps dans des millions de têtes. Ainsi pour George Floyd, nom, visage, “cas”, emblématiques, de cette addiction d’assermentés américains à des actes violents, et, en l’espèce, criminels. Nombre de citoyens du monde ont compris que ces violences étaient, sont, aux Etats-Unis, structurelles. Mais entre le fait de savoir qu’il y a de tels faits et le, les, mesurer, réellement, il y a un fossé.

Le site Internet Incarnernation a été créé par un journaliste d’investigation politique, à la retraite depuis plusieurs années déjà. Cet ex journaliste a orienté son goût de l’investigation, vers le sujet des meurtres commis par la police, en commençant par lire des articles sur les meurtres commis par de policiers. En lisant ces articles publiés par des journaux, locaux, de tel ou tel Etat, il a remarqué des failles dans les reportages. Il a donc décidé de commencer à enquêter sérieusement sur les meurtres commis par la police, un travail qui lui a permis de découvrir qu’il y avait bien plus d’affaires criminelles que celles qui étaient médiatisées. Puisqu’il n’existait alors aucune base de données nationales, il a donc décidé d’en préparer la création et la mise en ligne. Mais avec ses seuls moyens personnels, il lui était difficile de pouvoir faire un tel travail pour les 50 Etats, même si cela reste son objectif. Il a donc opté pour un travail sur les zones à problèmes : par exemple, sur certains services de police où la police était connue pour être la plus criminelle. Avec le temps, désormais, il en est considéré qu’il n’y a plus guère de différences entre ces services, qui sont tous plus ou moins, criminels. Ce travail de bénédictin lui a permis d’établir des données qui remontent à l’an 2000* sur environ 20 % du territoire américain, en travaillant spécifiquement sur des zones ou des villes, et non sur l’ensemble du pays. Il y a un an, il s’est rendu compte qu’il devait faire essayer d’étudier ces faits criminels de la manière la plus large, à un niveau national, et, ainsi, il a élaboré trois sites web dans lesquels il a accumulé sa sélection de données, mais l’augmentation de leur volume total l’a obligé à migrer celles-ci vers un nouveau site, celui que vous pouvez visiter actuellement. Actuellement, les données accessibles concernent seulement l’année en cours, mais dans quelques jours, l’année 2022 sera ajoutée. Il s’agit de le faire année par année, depuis le début des années 2000, jusqu’à aujourd’hui, ce qui représente un total d’environ 40 000 meurtres commis par la police.

Pour réaliser ce travail, il ne peut s’appuyer sur aucune base de données gouvernementale. Son travail révèle que ces violences policières sont, pour 2023, le double (1700) de ce que des sites Internet qui les évoquent aussi en disent et en parlent. Les citoyens américains vivent dans un pays dans lequel il est difficile de connaître avec exactitude et détail combien de personnes sont tuées par la police chaque année, des milliers de personnes. Cette base de données est mise à jour chaque semaine. Son objectif est de constituer une encyclopédie des meurtres commis par la police américaine. Fin 2023, le nombre total de ces meurtres devrait attendre un total compris entre 2200 et 2300. Avec l’évolution du site de https://incarcernation.com, la programmation va opérer des changements importants, et, prochainement, il y aura une barre de recherche multiple, afin que chaque affaire puisse être trouvée en recherchant par nom, date, ville, service de police, etc. Le site bénéficie d’une traduction automatique, un souci majeur pour cet ancien journaliste, qui entend aider les citoyens du monde à découvrir en détail ces meurtres. Pourquoi les citoyens américains subissent-ils une telle situation ? Par exemple, il y a le “programme 1033“, un programme en cause dans la militarisation de la police américaine. Des groupes financiers tirent des bénéfices de l’emprisonnement de masse, CoreCivic et GEO Group. Il s’agit de monopoles mondiaux dans le domaine des prisons privées. Un grand nombre de prisons aux États-Unis sont privatisées et ces sociétés en détiennent le contrat. Les prisons sont devenues plus brutales, les ressources disparaissent. Les prisons sont une industrie lucrative pour Wall Street, de sorte que chaque centime est prélevé sur les prisonniers et donné aux investisseurs des sociétés pénitentiaires. Ces sociétés sont si riches qu’elles financent les campagnes électorales des procureurs de district qui remplissent ensuite leurs prisons. Pour être rentable, la prison doit être pleine, comme un hôtel. C’est la raison pour laquelle il y a 2 millions d’Américains en prison à tout moment. La plupart d’entre eux sont là pour des choses superficielles pour lesquelles ils auraient dû recevoir une contravention ou une amende, ou rien du tout, mais la police est formée pour inventer des raisons d’emmener les gens en prison s’ils sont pauvres et ont commis de petits délits.

C’est ce qui s’est passé pour Ta’Kiya Young, qui a été assassinée récemment par la police. Elle avait volé une bouteille de whisky dans un magasin. La police l’a exécutée à travers le pare-brise de sa voiture. Elle était enceinte de sept mois et avait deux enfants en bas âge à la maison. Il s’agit d’une femme noire. Cette police qui peut ainsi exécuter une personne noire, une femme noire, ne fait pas autant cela aux personnes blanches.

A Vallejo, une petite ville près de San Francisco, en Californie, il a été découvert que la police locale “célèbre” chaque personne qu’ils tuent, en pliant les dents de leur badge étoilé en métal. Certains flics de Vallejo avaient tué 3, 5 ou 7 personnes chacun. Cette découverte a conduit à ce que ces badges soient saisis.

Beaucoup croient que de tels faits sont exceptionnels, rares : c’est le contraire. De telles choses existent dans la majorité des grandes villes américaines. On peut faire une recherche sur Twitter sous #LASDGangs. Il s’agit du département du shérif de Los Angeles. Il y a des gangs criminels AU SEIN de la police. Ils sont connus par leur nom. Ils ont des tatouages de gangs. Ce sont tous des flics qui tuent, qui opèrent des réseaux complets de gangs criminels au sein de la police.

Certains ciblent la “race”. Certains ciblent des groupes politiques. Les policiers sont, évidemment, toujours de droite, s’ils sont affiliés à un parti politique. Le Ku Klux Klan est toujours bien vivant dans les services de police du Sud. Et ces organisations criminelles sont connues et tolérées par le gouvernement. La police n’existe pas pour assurer la sécurité de la population mais pour consolider le pouvoir totalitaire de l’État contre le peuple. Le gouvernement est complice de certaines attaques, nazies, contre les manifestants, les personnes de couleur, les personnes LGBTQ. Les preuves sont multiples et nullement secrètes, faciles à trouver pour quiconque fait des recherches approfondies sur la police. Celle-ci est la descendante directe des anciennes patrouilles d’esclaves. La police a commencé dans les années 1700 sous la forme de patrouilles d’esclaves et a continué jusqu’en 1865, date à laquelle l’esclavage a été aboli. Dans une petite ville de Floride, le service de police a été fondé en 1826 en tant que patrouille d’esclaves et a été transformé en service de police lorsque l’esclavage a été aboli. Il en va de même pour la quasi-totalité des services de police du Sud. Des policiers blancs qui s’en prennent aux Noirs et aux Noirs “marrons”. Tant de services de police tuent toujours de la même manière, avec les mêmes méthodes, les mêmes excuses. Quand on examine la démographie raciale de cette petite ville, elle est à 87 % blanche, mais les 10 personnes tuées au cours des 5 dernières années sont 8 Noirs, 1 Blanc, 1 Latino, par exemple. C’est une ville de couvre-feu : où les personnes noires et brunes devaient partir au coucher du soleil sous peine d’être chassées par la police. Ce qui se passait sous les lois Jim Crow, continue aujourd’hui. 

Notre blog publiera régulièrement des informations sur les polices aux Etats-Unis, en lien avec le site Incarnernation.

* la période pré Internet est, évidemment, archivée dans des documents papiers qu’il faut aller chercher, examiner, dans des lieux spécifiques, et ce travail demanderait une équipe de chercheurs, des moyens très conséquents.

** de tous ces faits, la série “Mentalist” nous a parlé, explicitement ou implicitement : https://laction-litteraire.site/mentalist-patrick-jane-epicure-le-clinamen-avec-le-choc-john-le-rouge-la-mise-en-cause-dun-systeme-politico-economique-americain-fonde-sur-lassociation-dune-secte-avec-une-police-maf

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