“Les humains ne sont pas que des ventres. (…) sinon, à ce compte-là, les gueux ne vaincront jamais”.

La publication de l’entretien avec “Chronik”, “La “méritocratie capitaliste” est une fable”, sur leur page hébergée par Médiapart, a donné lieu à des commentaires, dont deux de la même personne. Le propos est étonnant, sidérant : “intéressant mais cantonné aux luttes du ventre“. A partir de l’entretien donné, comment conclure que le propos serait “cantonné aux luttes du ventre” ? L’auteur ajoute que “les humains ne sont pas que des ventres“. Ah oui ? En effet. MAIS ILS SONT AUSSI des ventres, et notamment tant de ceux qui se pensent être autre chose, bien plus, voire même pas du tout (des esprits éthérés), “des ventres”, ce que Kant a appelé “une condition de possibilité”. Dans l’ouvrage “Racisme social…”, une analyse est consacré au système énergétique humain, individuel, dont les exigences constantes sont, en proportion de sa masse, énormes, dont les dépenses le sont tout autant – ce qui contraint à des recharges tout aussi quotidiennes. Cette économie corporelle est aussi une “économie sociale”, à propos de laquelle nous constatons que les communautés humaines se sont, dans l’espace et dans le temps, organisées différemment, ont élaboré des réponses spécifiques, entre les “économes” et les gloutonnes. Si, évidemment, nous ne sommes pas “que des ventres”, qui a tant le goût de se définir ainsi ? Nous pouvons l’observer : des “grandes âmes”, se pensent bien au-dessus de tout cela, notamment par le fait que leurs corps sont bien “nourris, alimentés. L’auteur ajoute que : “sans cela, les gueux ne vaincront jamais“. On passe donc, en une phrase, des humains, aux “gueux” (un mot éminent du racisme social…), en posant une problématique de victoire-défaite, et, dans l’optique de cette victoire, la problématique du “ventre” ne suffirait pas. Il est certain que les estomacs satisfaits n’ont guère le souci des problématiques autres, notamment de justice. Mais est-ce que le propos exprimé dans l’entretien incitait à une telle réduction et à une telle satisfaction, limitation de satisfaction ?! Dans un autre commentaire, l’auteur du commentaire ajoute que, selon lui, “il n’invite qu’à revendiquer” (une double négation…), “du matériel, y compris au travers des idées (des revendications, etc”), ce qui apparaît en total décalage avec le propos de l’entretien, notamment, par exemple, dans le passage qui concerne Diogène. “Je n’y vois pas de réelle perspective libératrice“, ajoute-t-il. Ce dont il ne s’explique pas, ce qu’il ne démontre pas.

Pourquoi publier une telle note sur un commentaire aussi bref ? Parce qu’un tel commentaire illustre ce que peut être des lectures étranges, des lectures, sans analyses, sans argumentations, qui traduisent/trahissent le propos, en en proposant une lecture simplifiée, où, comme ici, il ne reste plus que “les ventres”. Or, dans cet entretien, court, il a fallu donner des perspectives sur le propos exprimé dans l’ouvrage “Racisme social”, mais des perspectives partielles – l’ouvrage compte 550 pages, avec un grand nombre de perspectives différentes, ce que la table des chapitres et le début de la préface, accessibles ici, peuvent donner à comprendre… (cf. “lire un extrait”, au-dessus de la couverture)

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