Lilian Thuram et le racisme dans la culture blanche : des propos inattaquables et pourtant…

Dans le journal Corriere dello Sporte, Lilian Thuram a déclaré : « qu’il fallait prendre conscience qu’il existe du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche ». Et d’ajouter qu’il était « nécessaire d’avoir le courage de dire que les blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être. C’est quelque chose qui dure malheureusement depuis des siècles ».  Depuis, il est attaqué de tous les côtés, à commencer par celui où s’exprime le plus, quotidiennement, frénétiquement, des propos racistes. Dans un communiqué, la LICRA a déclaré : « Ces propos témoignent des risques d’une dérive du combat antiraciste dans lequel Lilian Thuram s’est toujours investi.  L’universalisme républicain, c’est-à-dire cette idée selon laquelle la République est indivisible, demande un travail constant et exigeant : il n’est pas possible d’essentialiser un groupe – en l’occurrence « les Blancs » en le définissant globalement par des caractéristiques uniques qui vaudraient pour  l’ensemble de ses membres. Surtout, ce serait un poison que de vouloir en permanence définir des individus en fonction de la couleur de leur peau car c’est précisément le piège tendu par les racistes. Cette assignation, qui crée un monde avec les « Blancs » d’un côté et les « Noirs » de l’autre, n’est pas acceptable si on prétend, comme souhaite le faire Lilian Thuram, combattre le racisme. La division de la société en groupes de couleur est une lourde erreur qui produira l’effet inverse au but recherché : celui d’une société fragmentée là où il y a urgence à réunir, à rassembler, à faire renaître un idéal commun. » Or, il n’y a aucune dérive. Le principe abstrait de « l’universalisme républicain » est, en tant que tel, vide. C’est la République elle-même qui est responsable du fait qu’ELLE N EST PAS UNE ET INDIVISIBLE : des principes et lois fondamentales de la France ne sont pas en vigueur en Alsace-Moselle. Dans des territoires d’outre-mer, des droits sociaux ne sont pas identiques à ceux de la métropole et, évidemment, ils sont inférieurs ou mauvais. Bref, l’invocation de la « République une et indivisible » est, ici, sans objet. Par les termes qu’il a utilisé, Lilian Thuram n’a pas « essentialisé » puisqu’il parle de la culture européenne, de la « culture blanche », donc, européenne – y compris quand elle s’est exportée dans des colonies, comme les Etats-Unis. Le fait que cela soit la culture qui est visée induit que ce ne sont pas TOUS les blancs du groupe concerné qui sont racistes, mais que dans LE GROUPE, le racisme y est, présent, omniprésent, structurel. Et là, qu’il s’agisse de prendre en compte le passé comme le présent, nous constatons que, en effet, d’une manière spécifique et incomparable avec les autres peuples du monde, qu’ils soient africains, asiatiques, native people des Amériques, le racisme est un « PRODUIT » des blancs, des européens, qui continue d’être structurel, bien qu’il soit toujours autant injustifié. Faut-il citer les évidences ? Le nazisme passé et actuel ? Les propos sur Twitter ? L’affaire Moix ? De tous les côtés, TOUS LES JOURS, la vie des peuples et des individus, en Europe, aux Etats-Unis, est empoisonnée par le racisme. Des joueurs de football sont visés par des propos et des expressions racistes. Il faut se mettre à leur place, à la place de celles et ceux dont la couleur de peau, les habits, les pratiques et les croyances religieuses, sont le prétexte pour que des bas du front vitupèrent, insultent, et parfois même, agressent. La fin du communiqué de la LICRA est totalement à côté de la plaque : « Cette assignation, qui crée un monde avec les « Blancs » d’un côté et les « Noirs » de l’autre, n’est pas acceptable si on prétend, comme souhaite le faire Lilian Thuram, combattre le racisme. La division de la société en groupes de couleur est une lourde erreur qui produira l’effet inverse au but recherché : celui d’une société fragmentée là où il y a urgence à réunir, à rassembler, à faire renaître un idéal commun. » A aucun moment, dans ses propos, Lilian Thuram ne parle et ne veut des groupes par identité de couleur et séparés. Ce n’est pas Lilian Thuram qui veut une « division de la société en groupes de couleur », mais les racistes les plus fanatiques, inspirés par l’Afrique du Sud de l’apartheid ou par l’Allemagne nazie. Il est absolument sidérant, incroyable, de lire une telle déclaration, inconsciente, contradictoire, fausse, de la LICRA sur et contre Lilian Thuram, une déclaration qui ravit les racistes !

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