“Mes ancêtres, coincés entre nazis et soviétiques” : quand un Polonais de nos jours présente ses “ancêtres” et les Polonais, comme victimes des Nazis et de l’URSS…

Sur les réseaux sociaux, comme Twitter, on peut voir passer ce genre de publications. Ephéméride, on se sert de la date pour rappeler un évènement historique. Le 17 septembre, l’auteur, un polonais francophone, indique que la Pologne a été envahie/attaquée par l’URSS, après l’invasion allemande. Les deux invasions sont placées sur un pied d’égalité, comme les deux pays envahisseurs. Pour éviter ce genre de raccourcis, il faut mettre les choses en perspective : les années qui ont précédé 1939, la période 1939-1941, les années suivantes. Concernant les années 30, les dirigeants politiques polonais ont fait des choix, préjudiciables pour les Polonais. La période de l’entre-deux guerres est dominée par la personne de Józef Piłsudski, un “autocrate” qui signe deux traités de non-agression, l’un avec l’Allemagne, l’autre avec l’URSS. A la mort de Pilsudski, ce sont des “colonels”, dont le colonel Beck, qui lui succèdent. Obsédés par leur anti-communisme et donc l’URSS, ces dirigeants polonais ne faisaient pas de l’Allemagne la principale et véritable menace, contre la Pologne. Après les accords de Munich, après l’échec des tentatives d’alliance entre l’URSS et la France, les dirigeants soviétiques constatent que l’Allemagne nazie ne cesse d’étendre vers l’Est ses prétentions, sa domination, que les dirigeants occidentaux ne verraient aucun mal à une attaque allemande contre eux. On sait que, à l’été 1939, la surprise vient du “pacte de non-agression” entre l’Allemagne nazie et l’URSS. De facto, la Pologne devient cernée, et Hitler veut Dantzig, son couloir, et au-delà. L’invasion de la Pologne est réalisée avec une terrible facilité (avant la France), et l’URSS en fait de même 15 jours plus tard. Est-il possible de mettre sur le même plan l’occupation allemande et l’occupation soviétique ? Des Polonais en ont subi des préjudices. Mais ce ne sont pas les mêmes préjudices. L’Allemagne nazie va organiser sur le territoire polonais un crime contre l’Humanité, par la mise en place de camps d’extermination, avec la complicité de certains Polonais. L’URSS “soviétise” la Pologne occupée, dont la prise de contrôle des terres et des productions agricoles. Mais il n’y a pas de déportations. Rappeler, faire ces nuances, n’implique pas que cette occupation n’ait pas été sévère, et qu’il n’y ait pas eu des crimes de guerre. Il y en eut partout en Europe, du début à la fin de la guerre, y compris par les Alliés à la fin de la guerre, mais les principaux crimes de guerre et crimes contre l’Humanité ont été le fait des Nazis et de leurs serviteurs nationaux. L’un des problèmes posés par le tweet cité, est qu’il n’évoque AUCUNE responsabilité, ni des dirigeants polonais, ni de citoyens polonais, dans la situation de septembre 39, et, à fortiori, dans ce qui a suivi.

Ce tweet a fait l’objet d’une réponse, via le compte lié à ce blog. L’auteur de ce tweet a décidé de bloquer le compte Twitter de son interlocuteur, et, une fois bloqué, a publié un tweet pour s’en moquer, mais sans argumenter plus. Voilà ce que peut donner la “banalité du mal” de et sur Twitter.

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