Partager une telle vidéo ici n’a rien d’évident ni d’habituel. « Sud Radio » est une radio massivement orientée vers l’extrême-droite, par nombre de ses animateurs, comme par nombre de ses invités. Exceptionnellement, de temps en temps, cette radio invite des « non-alignés », sur cette ligne-là. Confrontés au mur médiatique général, ils préfèrent accepter plutôt que d’être condamnés au silence, social. Ce choix est sensé, même s’il est discutable. Alors pourquoi partager cette vidéo ici ? Ici, « le gaullisme » n’est pas une référence. A la différence de celles et ceux qui sautent sur leur chaise comme des cabris, à l’évocation de la figure du « Général », l’évaluation de la personne et de ses effets, politiques, sociaux, en France, est effectuée à partir de l’ensemble de ses actes, actions, choix : l’ensemble. Et, en prenant en compte cet ensemble, il y a beaucoup de problèmes. Pour ne pas publier une longue note, mais chacun de ces points peut être développé, ces problèmes sont :
- sa proximité avec Pétain jusqu’en juin 1940
- sa gestion autoritaire de la direction de « la France libre » à Londres, son entourage dans lequel se trouvait beaucoup d’engagés dans l’Action Française, à l’extrême-droite
- sa responsabilité dans la non-épuration à la Libération, son choix de s’appuyer sur des cadres du régime pétainiste dans les administrations, la police, la justice, les préfectures, etc
- la protection qu’il a donné aux massacres commis dans la foulée de cette Libération, en Algérie
- son opposition à nombre des orientations fixées par le CNR et soutenues par les communistes, comme, par exemple, sur la sécurité sociale
- son retour en 1958 dans le cadre d’un putsch « légal », soutenu par l’extrême-droite
- ses exigences pour bénéficier d’une Constitution anti-démocratique
- ses attaques contre les droits des travailleurs pendant la période 58-69
- son laisser-faire ou pire, son soutien, à la promotion des nouveaux pétainistes, au sein même de l’Etat français
- son mépris, voire son racisme, contre des Français musulmans
- la préparation de son passage du flambeau du pouvoir à une nouvelle génération pétainiste (Pompidou, Giscard d’Estaing, etc).
Le petit-fils de Charles de Gaulle prétend protester contre ce que les dirigeants actuels de la 5ème République ont fait sur et contre la France, mais, évidemment, il n’est pas capable de prendre en compte les responsabilités de De Gaulle dans les conditions de possibilité de l’installation, la prospérité, et les décisions de tels dirigeants, y compris via une Constitution cauchemardesque. Et à l’écouter, il tient un discours classique de la droite actuelle, et de l’extrême-droite également, contre les droits sociaux des travailleurs et des pauvres, incarnant ainsi une des contradictions du Gaullisme. Sa véritable opposition au pouvoir actuel se résume presque exclusivement aux principes et aux orientations de la « politique étrangère » de la France, « politique étrangère », formule qui avoue une logique coloniale-impériale, injustifiée, puisqu’aucun Etat n’a à avoir des projets concernant les autres pays du monde. C’est la racine même de la guerre. Autre contradiction : il n’est pas favorable à une sortie totale hors de l’OTAN, alors que cet engagement dans, lie obligatoirement France et Français à des guerres passées et des guerres à venir.