Racisme systémique, réponse à une réponse, suite du feuilleton…

Réponse à une réfutation « “Racisme systémique” : avec Benjamin Straehli, les glissements de la critique explicite à la négation implicite, par le jeu de la division “républicaine” entre « racisés »…” publiée ici, le site de Mezetulle a fait savoir que Benjamin Straehli a ajouté une réponse à ce que le site qualifie de « réfutation ». Il est assez fascinant de constater que dès lors qu’une identité n’est pas martelée, du début à la fin, il y aurait, via un blog, une situation d’anonymat : « un auteur de blog anonyme m’a fait l’honneur de publier un article entier consacré à la réfutation de mon texte sur Eric Fassin ». En effet, nous vivons dans un monde où les Moi-Je sont tellement gonflés, hypertrophiés, sur la base d’un narcissisme tellement structurel et dangereux, que le fait d’être en décalage avec cette bien laide loi du temps, reviendrait à se trouver en situation d’anonymat. En somme, il faudrait se résigner à être aussi content de soi qu’un Raphaël Enthoven en signant de ses prénom et nom partout, la moindre de nos expressions. On comprend que pour certains, ne pas se mettre en avant plutôt que sa pensée soit si étrange et étonnant, puisqu’ils font l’inverse, se mettre en avant, parce qu’ils sont des autorités, plutôt qu’une pensée, que nous pouvons chercher et que nous ne trouvons pas. Un blog anonyme ? Il n’en est rien. Les nom et prénom de l’auteur sont donnés à plusieurs reprises, mais la curiosité de Benjamin Straehli est, en effet, très limitée, ce que son propos général démontre par ailleurs. Le texte propose des phrases typiquement rhétoriques, comme « Curieusement, tout en rejetant ma thèse, selon laquelle la notion de « racisme systémique » véhicule, dans le débat public, des confusions qui proviennent de la façon même dont ses promoteurs l’expliquent, l’auteur semble surtout chercher à confirmer cette thèse par son propre exemple », mais le nouveau texte est bien trop court et ajoute peu, pour que sa thèse soit confirmée. Mais comme tous les Narcisses très contents d’eux-mêmes, on ne peut pas demander une lucidité qui est récusée à priori. Si Straehli se plaint que, à propos de « racisme systémique » qui « ne désignerait, certes, pas simplement les théories sur l’existence et l’inégalité des races, mais pas seulement non plus les comportements qui peuvent conduire à ce que des personnes soient discriminées en raison de leur prétendue race ; le racisme serait « l’articulation entre ces pratiques et ces théories » », « Ce qu’il faut entendre par « articulation » n’est pas précisé », c’est que, pour le satisfaire, il faudrait lui fournir un ouvrage entier, une thèse, afin de se justifier, quand lui-même s’abstient de tant se justifier sur tant. Il faut même lui expliquer ce que signifie une articulation. Nous voilà bien. Mais on comprend rapidement que l’auteur ne comprend pas le sujet puisqu’il ajoute : « Que penser de cette explication ? On pourrait sans doute décider d’employer l’expression « racisme systémique » en ce sens, mais cela ne semble guère cohérent avec ce qu’en dit Éric Fassin. Ce dernier, en effet, insiste sur l’indépendance des mécanismes discriminatoires à l’égard de l’intention des agents qui les perpétuent, et renvoie à un de ses articles plus anciens, où il affirme qu’il est justifié de parler de « racisme sans racistes ». Mais on ne voit pas bien comment ce serait possible si, comme mon contradicteur anonyme, on définissait le racisme par l’articulation de ces pratiques sociales avec des théories raciales. Considère-t-il donc qu’Éric Fassin aurait mal expliqué la notion de racisme ? Visiblement non, puisqu’il affirme que le sociologue ne ferait que « rappeler des évidences ». Comprenne qui pourra. ». En effet, l’auteur nous démontre qu’il ne comprend pas, puisqu’il confond le sujet de « l’indépendance des mécanismes discriminatoires à l’égard de l’intention des agents qui les perpétuent », avec la distinction-relation entre « ces pratiques sociales avec des théories raciales », distinction-relation qui ne devrait pas avoir lieu s’il y a indépendance des mécanismes. Comment peut-il ne pas comprendre que l’on ne parle pas des mêmes choses ? Il faut tout expliquer : « Il semble d’ailleurs, à lire cet article de blog, que l’adjectif « raciste » ait encore un sens tout autre que la définition qui a été donnée du racisme. Sinon, comment pourrait-on y trouver l’affirmation que « des Blancs peuvent être visés par un propos raciste, […] mais ils ne peuvent jamais faire l’expérience d’un racisme anti blanc » ? Il faut donc comprendre qu’un propos raciste, ce n’est pas nécessairement du racisme. Hormis une poignée de militants, qui adoptera, ou même prendra au sérieux, une manière de parler aussi étrange ? ». Si une part du racisme se manifeste dans un propos qui vise un groupe entier pour le dévaloriser, des personnes peuvent, certes, dire des Blancs qu’ils sont… (méprisables, détestables, mauvais), cette part n’est pas reliée à un racisme ni doctrinal (où ?) ni pratique (pas de politique anti-blanche, que ce soit de manière semblable à l’apartheid sud-africain, l’apartheid américain, l’apartheid israélien, ou pire encore) : il s’agit donc d’une imitation des propos racistes subis par les racisés, en le retournant contre les racistes, blancs. Il est comique de lire que « L’auteur déclare ne pas saisir ce que vient faire la référence à Molière dans le texte de Matt Lutz et le mien. En effet, dans son propre cas, on songerait plus encore à un autre satiriste du Grand Siècle. Devant l’usage qu’il fait des mots, comment ne pas le rapprocher des dominicains tels que Pascal les présente dans les Provinciales, qui décident d’appeler « grâce suffisante » une grâce qui selon eux ne suffit pas ? Le plus drôle est que cette bizarrerie n’était nullement nécessaire pour exprimer ce que l’auteur veut apparemment dire dans ce passage, à savoir que se faire traiter occasionnellement de « sale Blanc » crée beaucoup moins de problèmes, dans l’existence, que se voir refuser un logement ou un emploi en raison de sa couleur de peau, expérience que les Blancs ne risquent guère de faire. Il n’y avait certes pas besoin, pour formuler cette vérité, de le faire en cultivant le paradoxe jusqu’à une ridicule contradiction dans les termes » alors que dans son texte initial, il tient tant à affirmer la gravité du « racisme contre les racistes » (dès lors que des racisés se défendent contre des racistes nombreux dans des institutions dangereuses, armées), et à relativiser, voire nier, les expériences de discrimination, comme « se voir refuser un logement ou un emploi en raison de sa couleur de peau ».

Si l’auteur entend faire la leçon à Eric Fassin et à d’autres, c’est, aussi, en faisant l’économie de toute définition du racisme : « Mais s’il vaut la peine de répondre à cet article, c’est surtout parce qu’il témoigne d’un malentendu que bien des lecteurs pourraient commettre de bonne foi, et ce, qu’ils soient favorables ou hostiles à mon propos. Rappelons ce dont il s’agit dans mon texte. Je m’efforce de montrer que l’usage que fait Éric Fassin de la notion de racisme est inconsistant, puisque les définitions qu’il en donne semblent pouvoir entraîner tout aussi bien des conséquences contraires aux conclusions qu’il défend, et que d’un cas à l’autre, il fait varier les critères en vertu desquels il déclare que quelque chose est raciste ou ne l’est pas. En tirant ainsi les conséquences de ses propres définitions, je ne les reprends donc évidemment pas à mon compte, mais je ne cherche pas non plus à les remplacer par une autre : on ne trouvera, dans mon texte, aucune définition du racisme qui serait la mienne ». Monsieur, si important, a accepté de se mêler d’une polémique conduite par des pas-comme-lui, mais si ceux-ci définissent le racisme, il s’en abstient : sans définition, le mot n’existe pas, et la chose aussi ? ! Et puis, à l’inverse, que de modestie soudaine : « En conséquence, aucun des jugements envisagés sur les cas évoqués (l’affaire opposant Linda Kebbab à Taha Bouhafs, et la question du voile) n’est affirmé pour vrai ». Mais on le sait : il ne faut jamais croire qui que ce soit sur parole. Il y a les intentions affirmées et il y a les actes. Et il y a les illusions : l’auteur pense n’avoir indiqué que « comment on pourrait les tirer des arguments de l’auteur que je critique. Mon seul but est de mettre en évidence l’arbitraire des jugements qu’il soutient lui-même, en montrant que ses propres principes autoriseraient tout autant des conclusions opposées ». A chacun d’évaluer ses principes et ses résultats, mais il n’y aura pas de répétition de ce qui a déjà dit dans la première réponse. Il y a tant d’incohérences, comme « De même, quand l’auteur du blog anonyme prétend que selon moi, les inégalités s’expliqueraient « principalement » par les comportements des personnes « racisées », il formule là une thèse que je n’ai nullement avancée. Je me suis contenté de souligner que, si on entend par « racisme systémique » l’ensemble des mécanismes sociaux produisant les discriminations raciales, alors il était logiquement possible que cela nous amène à qualifier aussi comme racistes certains de ces comportements, si un lien causal peut être établi entre eux et ces mêmes discriminations », puisque l’auteur n’explique pas comment les racisés pourraient avoir des comportements racistes, « si un lien causal peut être établi entre eux et ces mêmes discriminations ». En une phrase, nous passons du racisme aux inégalités, « Il se pourrait, bien sûr, que cette possibilité théorique ne corresponde à aucune réalité, et que l’enquête sociologique aboutisse à la conclusion que seule la politique des institutions, ou encore les efforts des classes favorisées pour défendre leurs privilèges, expliquent ces inégalités », sans qu’un lien objectif, causal, logique, entre la première phrase citée et la seconde soit énoncée. Le même auteur semble découvrir l’effet d’humidité de la pluie, quand il écrit « Il se pourrait, bien sûr, que cette possibilité théorique ne corresponde à aucune réalité, et que l’enquête sociologique aboutisse à la conclusion que seule la politique des institutions, ou encore les efforts des classes favorisées pour défendre leurs privilèges, expliquent ces inégalités ». Le propos d’Eric Fassin, comme celui du texte par lequel a été répondu à Straehli, n’est pas consacré principalement aux inégalités, à l’explication de, et comment les comprendre sans prendre en compte « la politique des institutions, ou encore les efforts des classes favorisées pour défendre leurs privilèges » ? En fait, hélas, mais il s’agit d’une démonstration de l’existence de ces inégalités, du racisme social et souvent du racisme, il existe en effet des discours-théories sur les inégalités, soit pour en faire un principe ontologique, avec des lois, sociales comparables aux lois physiques (nécessité), soit pour en faire un principe fécond, condition de genèse de l’enrichissement d’une minorité (néo-libéralisme), soit pour en accuser la majorité civique « pauvre », en l’accusant de vices, tares, « problèmes » (l’économisme chrétien), l’euphémisme pour cacher le plus possible le racisme social.

L’auteur conclut en se caractérisant lui-même, ange à gants blancs : il ne définit pas le racisme, il n’est pas situé politiquement, il n’occulte pas le racisme porté par certains Juifs contre, les Arabes, les musulmans, les Palestiniens. A force de négations accumulées, on en vient à se demander à ce que cet auteur a voulu faire, mais comme il n’est pas question de pouvoir/vouloir sonder son « coeur », il faut s’en tenir à son propos, somme d’actes (affirmations). Et sa réponse n’est pas plus sérieuse que son premier texte : là où il y a argumentations, il y a tant de silences de sa part, ce qui le conduit à prétendre voir de « multiples aberrations ». L’auteur se critique lui-même, en affirmant que, avec son premier texte, il n’y aurait pas « une thèse sur les causes réelles des discriminations, ou sur le caractère, raciste ou non, de certains faits ». Bonne volonté et modestie : l’auteur entend insister sur le fait que, lui, se distingue des autres. S’il prétend ne rien dire/penser sur « le caractère, raciste ou non, de certains faits », il est, par exemple, assez informé pour affirmer qu’il peut y avoir un racisme anti-blancs. Ce qui est tout à fait sincère, c’est que l’auteur ne veut pas être clair, à tous les sens du terme, et a préféré adopter une stratégie rhétorique du candide, de l’auto-candide qui fait semblant de découvrir la Lune et en tombe des nues. Si, oui, « le véritable débat n’est possible que si l’on admet qu’un texte peut ne rien vouloir dire de plus que ce qui s’y trouve écrit », c’est qu’un véritable débat ne peut exister avec un interlocuteur qui prétendrait que son propos est univoque, simple, alors même que tout un chacun peut constater qu’il est fondé sur des présupposés non énoncés et non explicités, sur des « blancs » (ces absences si préjudiciables à une pensée cohérente), cette absence dominante de tant d’argumentations, et ce parce que le texte relève avant tout de la rhétorique, définie par une stratégie à plusieurs objectifs. Il y a donc débat par les textes. A chacun d’en évaluer la pertinence. Il faut constater en France à quel point il y a tant de contorsions pour nier la réalité du racisme « systémique », alors même que les preuves de son existence aux effets gravissimes nous entourent partout, comme les métastases d’un cancer. D’étranges nouveaux doctes docteurs Diafoirus qui prétendent mener une recherche sur les maux français regardent au microscope des textes comme des faits, et disent ne rien voir sur les cellules malades. En effet, nul ne peut reconnaître ce qu’il n’a pas appris d’abord à connaître. Monde merveilleux de ces anges qui n’ont jusqu’ici jamais fait l’expérience du racisme…

Il faut donc énoncer ici quelques certitudes, scientifiques (si nous parlons à juste titre de sciences humaines), sur le racisme. Racisme il y a dès lors qu’il y a affirmation de l’existence des races, en tant que constitutives et divisions de l’Humanité, en groupes biologiques spécifiques et séparés; affirmation d’une hiérarchie entre ces groupes; actes pratiques comme discursifs/théoriques/politiques, de la part de personnes qui s’identifient à un de ces groupes envers d’autres personnes qui sont identifiées à un de ces groupes. Si le racisme était resté seulement du domaine des « idées », celles qui sont des fictions-hypothèses, nous ne serions pas là pour en parler. Hélas, le racisme a été, du début à la fin, une violence, des actes de violence, de la conception à la réalisation, et le nazisme a été, au terme de 5 siècles tragiques, sa narration-démonstration, en raccourci, de ce qu’il aura été pendant ces siècles, dès lors que l’Eglise aura osé interroger l’humanité des habitants du monde situé  au-delà de l’Océan atlantique. Si tout ne s’est pas joué, n’a pas dépendu, de la controverse de Valladolid, elle a été emblématique de ce que des Européens « éclairés », savants, importaient, osaient dire, de ce qui était en cours, de ce qui allait advenir. Si, pour les siècles suivants, Bartoloméo de las Casas, loin d’être un avocat sans taches, puisque son propos général est de défendre une colonisation « harmonieuse », respectueuse des personnes, des droits des habitants de ce monde, droits définis par le droit espagnol et européen, est devenu néanmoins l’expression de la conscience universelle, de la protestation, peu a été consacré à Juan Ginès de Sepulveda, son contradicteur, à propos duquel une thèse française paraît proposer une interprétation révisionniste. A l’instar de tant d’intellectuels de cour, dominants, rentiers, Sepulveda a accompli un travail de justification du réel, en le confondant avec le juste, dès lors qu’il était dans le sens des intentions et des intérêts des puissances européennes, et notamment des dirigeants espagnols, de Charles Quint, comme l’illustre cette publication de Gilles Bienvenu, « Le De Orbe Novo de Ginés de Sepúlveda : une lecture juridique de la route de Cortés ». Un des objets d’argumentation spécifique pour Sepulveda fut la guerre, et la guerre « juste », autrement dit nécessaire, exprimée notamment dans « Démocratès. Second Dialogue. Sur les justes causes de guerre », dont la présentation  générale de la parution en français indique « Que faire lorsqu’un peuple opprime et livre à la mort ses propres citoyens et les peuples alentour ? Dans un vocabulaire mêlant aristotélisme et références bibliques, outils du droit romain et doctrine de l’Église, le philosophe espagnol Juan Ginés de Sepúlveda répond en 1545 que la guerre contre un tel peuple est licite. Au cœur de son propos, la notion de barbarie est définie en excluant toute considération liée aux caractéristiques physiques des peuples, à leur position géographique, à leur développement technologique ou à leur rapport à la foi chrétienne. Tous les hommes, dit-il, ont en commun la raison, qui leur permet de se régler selon la loi naturelle. Aucun peuple n’est donc barbare par essence ; il le devient lorsque ses institutions publiques, en ne punissant pas ou en autorisant les atteintes aux lois naturelles, les rendent coutumières : tel est le cas du sacrifice humain et du cannibalisme rituel chez les Aztèques. Détruire et remplacer de telles institutions sont les conditions d’un retour à l’humanité. Et si un peuple ne peut y parvenir seul, c’est une juste cause de guerre que de lui venir en aide. Sepúlveda affirme ainsi la compétence de la raison pour condamner les institutions attentatoires à des normes universelles dont il fournit la première esquisse ». Emblématique de cette rhétorique européenne, occidentale, il ne s’agit pas de justifier une agression militaire arbitrairement décrétée par une autorité politique reconnue, mais de justifier une intervention « lorsqu’un peuple opprime et livre à la mort ses propres citoyens et les peuples alentour », première expression de ce qui est devenu à notre époque « le droit d’ingérence », ou « la guerre humanitaire ».  


C’est dire à quel point cette « Europe des Lumières », fait du surplace depuis 5 siècles, dès lors que les principes violents énoncés par un mauvais intellectuel, à tous les sens du terme, peuvent être répétés, comme si Sepulveda continuait d’être là et de parler, ce qu’il fait grâce à des perroquets. Principes violents, énoncés, comme avec lui, par des « gens bien » – et encore une fois, par un… docteur. Le racisme n’a pas attendu un Gobineau pour exister – mais il a ainsi été énoncé d’une manière doctrinale, caricaturale, en simulant un propos scientifique, dans le siècle du scientisme/positivisme. Les présupposés de la controverse de Valladolid sont racistes, puisque « Racisme il y a dès lors qu’il y affirmation de l’existence des races, en tant que constitutives et divisions de l’Humanité, en groupes biologiques spécifiques et séparés, affirmation d’une hiérarchie entre ces groupes, actes, pratiques comme discursifs/théoriques/politiques, de la part de personnes qui s’identifient à un de ces groupes envers d’autres personnes qui sont identifiées à un de ces groupes » : tout y est, l’affirmation de groupes ethniques divers, ontologiquement divers, les Européens-blancs-chrétiens, différents et supérieurs aux habitants du « nouveau monde », un ancien monde ignoré par ces mêmes Européens, affirmation d’une hiérarchie entre ces groupes, affirmation notamment exprimée clairement par Sepulveda, actes, pratiques comme discursifs…, actes violents divers, du mépris jusqu’au meurtre, « justifié » contre ces humains identifiés à des « animaux », l’autre nom des esclaves absolus, selon les Européens. Du 15ème siècle à notre époque, le racisme a été l’ombre spécifique et terrible du colonialisme européen. Et si, aujourd’hui, il continue d’être la même incrimination contre ses adeptes, militants, alors que la liste de ses méfaits, crimes, antérieurs, est déjà connue, est terrifiante, terroriste dirait-on dans les termes du temps, c’est que, bien que, officiellement sanctionné par l’Histoire (le nazisme, le racisme américain, les crimes du colonialisme français en Algérie, etc) ET par le droit occidental, comme français, qui, en principe, l’interdit, c’est que, en fait, il est autorisé, des gens « s’autorisent » à être racistes, en s’identifiant à cette stupidité, faite « doctrine », discours spécieux. En France, de très nombreux faits ont révélé son omniprésence dans des administrations, comme la plus dangereuse, la « police », cet autre nom de l’Etat, avec, désormais, une protection au plus haut niveau, puisque, actuellement, il n’est plus interdit de devenir, d’être, un fonctionnaire de police, raciste, mais, pour sa promotion et sa protection, il semble que cela soit conseillé. Et, en parallèle à cette nouvelle affirmation du racisme européen, il y a donc ces individus qui en nient l’existence ou la gravité. Avec Sepulveda, les uns et les autres ont leur maître, qu’ils l’ignorent ou non. La définition du travail de Sepulveda est de prétendre dire le réel, et de le justifier, tel qu’il est, en le confondant avec le juste, et ce parce que, pour Sepulveda, le juste a triomphé, avec la puissance de l’Eglise, et pour nos républicains autoproclamés, aveugles ou négateurs du racisme, avec la puissance de la Raison dont, bien entendu, ils sont des serviteurs, porte-parole. Sepulveda, contemporain de Machiavel, défend la même violence, mais là où le Florentin la justifie par l’intérêt du Prince, Sepulveda entend maintenir une justification inspirée du manichéisme, et d’un platonisme mal compris : le service du Bien. Nos contemporains, justificateurs du réel-juste, oscillent entre ces deux pôles, l’un plus franc, direct, l’autre plus hypocrite. Pendant cinq siècles, leurs épigones se sont entendus comme larrons en foire, et ils continuent aujourd’hui.

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