“Hunters”, saison 2 : comment en finir avec une série, en noyant le poisson, et avec une seule bonne idée, un procès contre Adolf Hitler, elle aussi, laminée par un scénario et des dialogues, lamentables

Amazon Prime Vidéo a produit deux séries concernant l’Histoire et le nazisme : la première, “The man in the the High Castle”, à partir de la célèbre nouvelle de Philip K. Dick, dont on ne dira jamais assez à quel point elle est, dans son principe, nécessaire, puisque, en tant qu’uchronie, elle permet de penser à ce qui a failli advenir, mais, dans son contenu, échoue presque totalement à penser non seulement un nazisme triomphant, mais, eu égard à l’Histoire réelle depuis 1945, a pensé les liens entre les USA et le nazisme AVANT la seconde guerre mondiale (cf les notes publiées sur ce blog à partir du livre “Du totalitarisme en Amérique”), et la seconde, “Hunters”, sur l’évocation de la traque, après la seconde guerre mondiale, des nazis par des Juifs et des antifascistes américains, européens, avec des moyens financiers limités, et, dans ce cadre, un scénario global, superficiel, dangereusement superficiel. Si la première saison permettait au moins d’évoquer et déjà très superficiellement les liens entre l’Etat fédéral américain et les nazis, dont l’émigration a été organisée par les dirigeants américains, notamment avec l’opération Paperclip, la seconde saison, livrée immédiatement avec tous ses épisodes, à peine 8, est un échec, du début à la fin. Ceux qui ont financé cette série ont bien voulu que le nazisme de maintenant, soit évoqué, mais pas trop. Pourtant, cette seconde saison est organisée autour d’une “motivation” de la plus grande puissance possible : Adolf Hitler n’est pas mort dans son bunker, le 30 avril 1945, mais s’est fait la malle dans un pays d’Amérique du Sud, où ses partisans lui ont construit une forteresse pour lui permettre de terminer ses jours dans la tranquillité et dans les éructations. Mais la mise en scène de cette situation est ridiculisée par la faiblesse de ces protecteurs et de ces protections, par la nullité de l’explication sur cette fuite, par l’acteur choisi pour incarner le criminel en chef survivant. Le procès public en “mondovision” qui se produit en un seul épisode est également bâclé, avec des discours superficiels des uns et des autres. Mais le pire est que cette “survie” après 1945 d’Hitler parvient à supplanter le sujet important, qui liait l’histoire, la fiction, à l’Histoire, réelle, la survivance du nazisme dans le monde, notamment par la contribution décisive des Etats-Unis, de cette immense mouvance, raciste, survivaliste, eugéniste, structurellement présente et active aux Etats-Unis aujourd’hui, y compris avec la guerre actuelle en Ukraine. Evidemment, beaucoup penseront, diront : on ne peut rien attendre de bon d’une multinationale américaine, au sein de laquelle il est possible de se demander si… En effet. Alors que le sujet est d’intérêt universel, qu’elle avait donc, sur de telles bases, une trame narrative susceptible de lui apporter un succès tout aussi planétaire, le choix a été fait de ridiculiser le sujet et d’y mettre fin, puisque cette saison 2 est la dernière saison. Le procès contre Hitler aurait pu constituer la trame de toute cette saison, avec des évocations du passé des uns et des autres. Au regard de ce que furent les victimes de cette entreprise criminelle qui, hélas, compte encore des adeptes actifs dans trop de pays à travers le monde, ce mépris envers l’Histoire via l’histoire est honteux, scandaleux.

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